La constitutionnalisation de l’IVG est une victoire symbolique et un progrès pour les droits des femmes. Dernier chapitre d’une bataille entamée il y a de nombreuses années.
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée et garantie en France depuis la loi du 17 janvier 1975, dite loi « Veil ». En hommage à la ministre de la Santé de l’époque, Simone Veil qui a porté et défendu ce texte devant l’Assemblée nationale et le Sénat.
Avant cela, les femmes enceintes souhaitant interrompre leur grossesse n’avaient pas d’autres choix que de se tourner vers des méthodes clandestines, artisanales et très souvent dangereuses pour leur santé. L’accès à partir de 1967 à la pilule contraceptive ouvre lentement la voie vers une évolution du droit des femmes à disposer de leur corps, mais son accessibilité reste faible et les femmes continuent bon gré, mal gré à se mettre en danger.
IVG, mon corps, mon choix, mon droit
Aujourd’hui en France, l’IVG est possible jusqu’à 14 semaines de grossesse (16 semaines d’aménorrhée) et est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Accessible aux femmes mineures et de toute nationalité, elle peut même être réalisée en bénéficiant d’un anonymat total.
Il existe deux méthodes : l’IVG médicamenteuse (jusqu’à la fin de la 7e semaine de grossesse) et l’IVG chirurgicale (ou instrumentale). La femme enceinte choisit, avec son médecin ou sa sage-femme, la plus adaptée à sa situation. Pour garantir ce droit, l’État français a voulu aller plus loin.
Une inscription dans la constitution
Tout commence dans un climat mondial de remise en cause de l’IVG, notamment aux États-Unis et la décision de la Cour suprême américaine en juin 2022 d’enterrer le droit à l’avortement au niveau fédéral, suivi de l’interdiction de l’IVG dans plusieurs états.
En réponse, Emmanuel Macron prend un engagement fort le 8 mars 2023, lors de la cérémonie d’hommage national à l’avocate et féministe Gisèle Halimi. « Je veux aujourd’hui que la force de ce message nous aide à changer notre Constitution afin d’y graver la liberté des femmes à recourir à l’IVG pour assurer solennellement que rien ne pourra entraver ou défaire ce qui sera ainsi irréversible, pour adresser aussi un message universel de solidarité à toutes les femmes qui voient cette liberté bafouée. »
Un an plus tard, le 4 mars 2024, c’est chose faite ! La France est devenue le premier pays au monde à inscrire l’IVG dans sa Constitution. Une décision adoptée à l’Assemblée puis au Sénat avec des votes largement favorables, effaçant les oppositions historiques de la droite et l’extrême droite.
Un taux de recours en hausse
Après deux années de baisses importantes, en lien avec la pandémie de Covid-19, le nombre d’avortements en France est en hausse. Selon une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), en 2022, 234 300 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées en France, soit 17 000 de plus qu’en 2021 et environ 7 000 de plus qu’en 2019.
Le taux de recours le plus élevé est chez les femmes de 20 à 29 ans : respectivement 26,9 ‰ parmi les jeunes femmes âgées de 20-24 ans et 28,6 ‰ pour celles âgées de 25-29 ans.
Selon cette étude « l’allongement de deux semaines du délai légal de recours ne suffit pas à expliquer cette augmentation, car les IVG les plus tardives représentent moins d’un cinquième du surplus observé ».
Malgré une législation, qui au fil du temps, va dans le sens d’une amélioration de l’accès à une offre de santé sexuelle (contraception prise en charge à 100 % pour les moins de 26 ans, préservatifs gratuits en pharmacie pour les jeunes…) comment expliquer ces chiffres en hausse ? Manque d’information ? Manque d’accès à la contraception ? Disparités territoriales d’accès à des structures de soin ?
La pharmacie est pour les femmes une structure d’accueil de proximité, d’information et d’orientation. Votre professionnel de santé est à l’écoute, n’hésitez pas à lui poser toutes vos questions.
« Bon à savoir »
Lors d’une IVG médicamenteuse, les médicaments peuvent vous être délivrés directement en pharmacie si vous avez effectué une téléconsultation.
- 32 100 : En 2022 en France, le rapport est de 32 IVG pour 100 naissances vivantes. Source : Drees
- 78 % : La méthode médicamenteuse est la plus utilisée et représente 78 % de l’ensemble des IVG. Source : Drees
Par Chloé Joreau





