Strabisme, fatigue visuelle, vision floue… Peu importe votre âge, il se peut que vous ayez besoin de consulter un orthoptiste. Ce dernier analyse cliniquement votre fonction visuelle et propose un projet de soins avec des objectifs, en accord avec vous.
Formation
Pour être orthoptiste, il est nécessaire de suivre une formation de 3 ans, qui permet l’obtention du certificat de capacité d’orthoptiste. Il existe 16 instituts de formation, rattachés aux universités de médecine et le nombre de places est fixé chaque année par le ministère. Pour l’année 2020-2021, 487 places ont été attribuées. Durant ce cursus, de nombreux stages sont réalisés, majoritairement dans les services d’ophtalmologie des Centres hospitaliers universitaires. Les inscriptions se font via Parcoursup, et l’admission sur dossier et entretien.
L’orthoptiste peut exercer en libéral, en tant que salarié (hospitalier, privé, public, de cabinets d’ophtalmologie, d’instituts médico-sociaux) ou bien avoir une activité mixte.
Les missions de l’orthoptiste
L’orthoptiste et l’ophtalmologue ne pratiquent pas les mêmes actes. L’orthoptiste travaille autour de l’exploration, la rééducation, la réadaptation et le dépistage des troubles visuels. Le champ d’action est très large.
- Le dépistage : il se fait notamment chez les bébés, dès l’âge de 3 mois si l’on constate qu’il y a un problème. Cela peut se manifester de différentes manières :
– un strabisme ;
– les yeux qui pleurent ;
– des antécédents familiaux de troubles visuels importants ;
– la paupière qui tombe ;
– ou encore un retard de développement global.
Ces signes d’alertes visuelles doivent vous inciter à consulter, vous ou votre enfant, un spécialiste. L’orthoptiste peut également dépister la rétinopathie diabétique.
- Le bilan et la rééducation de la fonction visuelle : cela concerne aussi bien les enfants que les adultes, ainsi que les personnes âgées. Ils s’adressent aux patients présentant :
– de troubles de la binocularité (capacité à voir en une seule image) pour les patients qui ont tendance à voir en double, flou ou trouble ;
– des troubles posturaux engendrant des douleurs aux dos, au cou et aux cervicales ;
– des troubles neuro-développementaux, aussi appelés troubles de l’apprentissage chez les enfants (lecture et écriture), pour lesquels le passage chez l’orthoptiste est quasiment obligatoire ;
– la malvoyance, qui touche aussi bien les enfants, les adultes et les personnes âgées ;
– ou des troubles dégénératifs comme les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, pour essayer de les aider à conserver ou à utiliser au mieux leur vision.
- La réadaptation : elle concerne surtout la malvoyance et les troubles neurodégénératifs. Lorsque l’orthoptiste sait qu’il ne parviendra pas à rétablir la fonction visuelle, il apprend au patient à utiliser sa fonction restante et à s’adapter à sa nouvelle condition.
- L’exploration fonctionnelle : elle est plutôt du ressort des orthoptistes travaillant dans les cabinets d’ophtalmologie. Ils vont réaliser tous les examens en amont de la consultation ophtalmologique. Elle aide notamment de fluidifier la « file patient » afin de permettre à l’ophtalmologue, tout en gardant la qualité médicale, de voir davantage de patients.
Prise en charge
L’orthoptiste écoute la problématique du patient, ce qui le gêne au quotidien, ce qu’il fait comme activités et ce dont il a besoin. Ensuite, il analyse cliniquement sa fonction visuelle et propose un projet de soins avec des objectifs, en accord avec le patient.
Parcours de soins
Pour la majorité des actes, une prescription médicale est nécessaire. Cette prescription n’est pas obligatoirement délivrée par un ophtalmologue, elle peut l’être par le médecin traitant, le pédiatre, le neurologue, l’ORL… Le seul accès direct qui n’en nécessite pas, c’est pour le bilan visuel.
Remboursement
Les actes sont totalement pris en charge : à hauteur de 60 % par l’Assurance maladie et 40 % par les organismes complémentaires.
Une filière active
La filière visuelle est très active, avec beaucoup de changements et de nouvelles possibilités. Depuis 2020, les orthoptistes ont la possibilité de renouveler les ordonnances de lunettes, comme les opticiens, si l’ordonnance est valable. Bientôt, grâce à la Loi de financement de la sécurité sociale 2022, les orthoptistes auront la possibilité de réaliser une première prescription de lunettes. Autrement dit, les patients peuvent venir en première intention chez l’orthoptiste, sans ordonnance. L’objectif de cet article de loi est de faciliter l’accès aux soins visuels pour les patients.
Le problème est que nous sommes face à une pénurie d’orthoptistes. La demande est très forte, mais les capacités d’accueil en formation sont limitées.
Les qualités requises
– Qualités relationnelles et d’écoute ;
– qualités techniques pour la maîtrise des outils ;
– travail en équipe et qualités rédactionnelles pour échanger avec les autres professionnels autour du patient (orthophonistes, médecins, kinés…).
- 88 % des orthoptistes sont des femmes, mais le métier tend à se masculiniser.
- L’orthoptiste peut exercer en libéral, en tant que salarié ou bien avoir une activité mixte.
Écrit par Mélanie Philips, en collaboration avec Cynthia Lions, orthoptiste libérale et secrétaire générale du Syndicat national autonome des orthoptistes.





