Douloureux et incapacitants, les maux de tête affectent un Français sur deux. Comment reconnaître un simple mal de tête d’une véritable migraine ? Quelles solutions ? Nous répondons à toutes vos questions !
Samuel, 28 ans – « J’ai des maux de tête très fréquents, comment savoir si c’est une migraine ? Je prends de l’ibuprofène pour me soulager, mais ça ne suffit pas… »
Le diagnostic d’une migraine repose sur des critères précis, établis par l’International Headache Society : il doit y avoir au moins cinq crises, et elles doivent être associées à une douleur qui dure entre 4 et 72 heures sans traitement et/ou une douleur unilatérale ou pulsatile, ou aggravée par les activités physiques du quotidien. Nausées, vomissements, sensibilité à la lumière ou au bruit peuvent également être présents en cas de migraine. Plusieurs types de traitement permettent de soulager les migraines, avec en premier lieu les anti-inflammatoires non stéroïdiens : ibuprofène, aspirine… Ils peuvent être associés avec un anti-vomitif. D’autres traitements, plus spécifiques, pourront être proposés par le médecin. C’est le cas des triptans. Dans tous les cas, ces médicaments doivent être pris tôt au début de la crise pour être plus efficaces.
Élisabeth, 19 ans – « J’ai l’impression de faire de plus en plus de migraines et que celles-ci s’accentuent lorsque j’ai mes règles, est-ce normal ? »
Il existe deux types de migraines, les migraines avec et sans aura, un halo lumineux. La migraine sans aura est plus fréquente et touche principalement les femmes. Elle est la plupart du temps unilatérale. En général, une migraine peut durer jusqu’à 3-4 jours et l’intensité est variable selon chaque patient. On parle de migraines chroniques lorsqu’elles surviennent au moins 15 jours par mois, pendant plus de 3 mois. Dans 50 à 60 % des cas, ces migraines seront associées à la période menstruelle. Lors des règles, les migraines ont tendance à apparaître 2 jours avant le début et peuvent se prolonger jusqu’aux trois premiers jours des règles. La migraine menstruelle est liée à la chute d’œstrogènes et au pic conjoint de prostaglandines, deux hormones impliquées dans le cycle menstruel. Ces dernières sont responsables de migraines menstruelles et des règles plus douloureuses.
Antoine, 33 ans – « Mon fils de 10 ans a très mal à la tête et de la fièvre qui ne passe pas. Est-ce une urgence ? »
Oui ! Dans ce cas, il faut penser à la méningite. La plupart du temps, il s’agit d’une infection virale qui frappe particulièrement les plus jeunes et les adolescents. La méningite peut aussi être causée par une bactérie, ce qui est plus grave et moins fréquent. La méningite, qu’elle soit bactérienne ou virale, se caractérise par des maux de tête violents, de la fièvre, des vomissements en jet, une raideur de la nuque et une sensibilité à la lumière. Il faut consulter en urgence ! Car si elle n’est pas traitée à temps, la méningite, notamment bactérienne, peut être mortelle. Chez les plus petits, certains symptômes sont difficiles à détecter, notamment les maux de tête. Il faut donc être attentifs à un bébé qui pleure beaucoup. La vaccination antiméningocoque est donc indispensable pour prévenir cette maladie. Depuis 2018, la vaccination contre la bactérie méningocoque C est obligatoire avant l’âge de 18 mois. Et elle est exigible pour tout enfant entrant en collectivité.
Lassana, 48 ans – « Mon neurologue vient de me diagnostiquer une névralgie d’Arnold, mais je n’ai pas bien compris à quoi cela correspondait. Vais-je pouvoir guérir, car les douleurs sont atroces ? »
La névralgie d’Arnold doit être considérée comme un syndrome plutôt qu’une maladie en tant que telle. La fréquence de cette névralgie n’est pas bien définie, mais elle est caractérisée par des maux de tête d’un seul côté, et d’origine cervicale. Le déclenchement se fait par la compression ou l’irritation du grand nerf occipital, situé au niveau de la nuque et remontant le long du crâne. La douleur est très forte pendant quelques secondes : vous pouvez ressentir une décharge électrique, des picotements ou des engourdissements. Les causes de la névralgie d’Arnold sont encore floues. Cependant, un certain nombre de facteurs favorisant ont d’ores et déjà été identifiés : une arthrose, une mauvaise posture, le fait de dormir sur le ventre, avoir un oreiller trop épais ou trop mince, porter des objets lourds toujours du même côté… Les traitements ne seront utilisés que pour diminuer la douleur des crises et éviter qu’elles récidivent, mais ils ne traiteront jamais leur cause. L’application de chaud et de froid peut soulager les douleurs, tout comme des infiltrations locales d’anesthésiants, réalisées par le praticien. Par ailleurs, la douleur peut être diminuée par la stimulation électrique transcutanée qui aura un effet un peu plus prolongé.
Catherine, 72 ans – « J’ai de l’hypertension et je fume. Je viens de voir une campagne d’information sur les accidents vasculaires cérébraux. Est-ce que la migraine est toujours présente, car j’ai parfois des maux de tête et ça me fait peur ? »
Effectivement, des maux de tête soudains peuvent être révélateurs d’un accident vasculaire cérébral. Mais encore faut-il savoir de quelle façon les maux de tête sont apparus, si la douleur a déjà été présente de cette façon, est-elle progressive ou brutale… ? Il existe deux types d’accidents vasculaires cérébraux : l’AVC ischémique ou hémorragique. Les céphalées sont brusques dans le cas d’un AVC. On les retrouve en moyenne dans 25 % des accidents ischémiques. Il faut être prudent, car l’hypertension favorise le risque de survenue d’AVC, la pression élevée pouvant favoriser une hémorragie par la rupture d’une artère. En cas de maux de tête inhabituels, d’engourdissement des membres, de perte de motricité d’une partie du corps, appelez rapidement le 15.
Meriem, 39 ans – « Pourquoi a-t-on mal à la tête quand on a une sinusite ? »
Les sinus sont des cavités osseuses réparties sur le visage autour du nez et des yeux. Ils communiquent avec les fosses nasales, et produisent notamment le mucus, qui s’écoule ensuite par le nez. Lorsque ces sinus sont enflammés : c’est la sinusite, causée la plupart du temps par un virus ou une bactérie. Face à l’infection, la muqueuse du sinus, irritée, gonfle, et le drainage du mucus devient presque impossible. Ce qui induit une sensation de pression sur le visage, et des maux de tête. Ils sont souvent localisés au niveau des sinus : derrière les yeux, à proximité du nez ou au niveau frontal. Des maux de tête récurrents, associés à une congestion nasale ou des sécrétions jaunâtres, doivent faire suspecter une sinusite chronique.
Frédéric, 52 ans – « L’abus de médicaments antidouleur peut-il aggraver mes maux de tête ? »
Oui, c’est ce que les spécialistes appellent les « céphalées par abus médicamenteux ». Elles sont caractérisées par leur chronicité, elles surviennent au moins 15 jours par mois, depuis au moins 3 mois. On parle d’abus médicamenteux quand il y a une prise d’antalgiques standard 15 jours par mois (anti-inflammatoires, paracétamol) ou de 10 jours de prise de triptans ou d’opioïdes par mois. Environ 3 % de la population souffre de céphalée par abus médicamenteux. L’histoire débute souvent par des céphalées épisodiques puis, progressivement, face à l’efficacité d’un antalgique, la consommation de ce médicament augmente. L’abus médicamenteux est insidieux et il apparaît sans que le patient ne s’en aperçoive réellement. Face à une céphalée chronique, il sera nécessaire de réaliser un sevrage, un rebond de céphalée peut survenir quelques jours après l’arrêt de l’antalgique. Au cours du sevrage, des traitements de fond et des techniques non médicamenteuses (hypnose, psychothérapie, neurostimulation transcutanée…) pourront être mis en place.
De la menthe contre les maux de tête
En complément de médicaments antalgiques, les petits maux de tête du quotidien peuvent être soulagés par l’application d’huile essentielle de menthe poivrée. Pour cela, déposer quelques gouttes (de 2 à 4) de cette huile essentielle au niveau des tempes, mélangées à une huile végétale neutre, type amande douce ou jojoba. Massez de manière circulaire vos tempes et votre nuque. L’huile essentielle de menthe poivrée possède des propriétés anesthésiques et analgésiques, grâce notamment à son effet frais. Attention : cette huile est interdite chez la femme enceinte et allaitante, car elle peut induire des fausses couches. Du fait de sa toxicité, elle est également strictement interdite chez le nourrisson avant 30 mois. Demandez toujours conseil à votre pharmacien !
Conduite à tenir en cas de migraine
- Hydratez-vous régulièrement
- Ne sautez pas de repas, et mangez équilibré
- Évitez le tabac et l’alcool, en particulier le vin blanc
- Portez des lunettes de soleil
- Buvez un café
- Allez vous coucher dès que vous avez sommeil
- Massez-vous les tempes ou appliquez un gant de toilette frais sur votre front
Quelques chiffres
- 30 % de la population mondiale font état d’une migraine au moins une fois par an. Source : OMS
- x2 : La migraine touche deux fois plus les femmes que les hommes, en raison des influences hormonales. Source : OMS
- 3 % de la population souffrent de céphalée par abus médicamenteux Source : SFEMC
Par Romain Métayer et Sylvie Hernola





