Infection urinaire, constipation, maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Les douleurs abdominales de l’enfant peuvent cacher de multiples causes, souvent bénignes, parfois plus sérieuses.
« Ma fille a mal au ventre et elle me dit que ça brûle quand elle va aux toilettes… Je pense à une infection urinaire, est-ce que lui donner du cranberry suffira ? »
Après un an, les infections urinaires touchent majoritairement les filles. C’est d’ailleurs une pathologie fréquente de la petite fille. Elle est le résultat de la colonisation de l’appareil urinaire et génital par des bactéries, comme l’Escherichia coli, normalement présentes dans le côlon. Cette infection peut être basse, c’est la cystite, ou remonter dans le système rénal, c’est la pyélonéphrite. Une quantité faible d’urine, une vessie immature ou instable, un urètre court ou des problèmes de reflux peuvent favoriser l’apparition de ces infections. Au cours d’une cystite, on retrouve des signes appelés signes vésicaux (fuites urinaires, brûlure mictionnelle, augmentation de l’envie d’uriner et pas de fièvre). Dans le cas d’une pyélonéphrite, des signes généraux sont ajoutés comme la fièvre ou des douleurs abdominales. Il est dans ce cas indispensable de consulter. Le cranberry et le paracétamol peuvent parfois suffire au tout début d’une simple cystite, mais mieux vaut toujours consulter son médecin.
« Ma fille de 3 ans a une gastro-entérite depuis hier. Je me souviens qu’il faut faire attention à la déshydratation, mais comment faire ? »
La gastro-entérite, souvent d’origine virale, est la plupart du temps sans conséquence grave. Néanmoins, avec une diarrhée aiguë et des vomissements, l’enfant risque de perdre trop d’eau et de se déshydrater. Première chose à faire : vérifier son poids régulièrement. Un enfant qui a perdu 5 % de son poids, ou plus, est sérieusement déshydraté et doit consulter en urgence. Pour prévenir la perte en eau et en électrolytes, des solutés de réhydratation peuvent être administrés à l’enfant. Un régime alimentaire à base de féculents, de carottes cuites et de bananes permettra également de limiter les selles liquides.
« Comment savoir si mon fils de 6 ans est intolérant au gluten ? »
Le gluten est une protéine présente dans la plupart des farines alimentaires : le blé, l’avoine, le seigle, dans les farines, les pâtes, les biscuits… L’intolérance au gluten peut être réelle, c’est la maladie cœliaque, liée à une destruction de certains composants de la muqueuse intestinale. Mais cette maladie reste rare, et concerne moins de 0,1 % de la population. Le diagnostic repose sur la recherche d’anticorps, détectés dans le sang. Et les symptômes sont assez flous : maux de ventre, diarrhée, maux de tête… Au-delà de cette maladie, une hypersensibilité au gluten peut être retrouvée chez l’enfant, mais seul le pédiatre pourra la détecter. Sans cela, aucune raison de se mettre au régime sans gluten, bien que tendance, car il est très contraignant et peut exposer à des carences sans le suivi d’un nutritionniste.
« Ma femme est atteinte de la maladie de Crohn, est-ce que mon ado sera lui aussi touché ? »
La maladie de Crohn peut toucher garçon comme fille, et bien souvent, l’un des membres de la famille est déjà atteint. Cette maladie inflammatoire chronique de l’intestin est la conséquence d’une inflammation des parois du tube digestif, qui évolue par phases de poussée et de rémission. Les symptômes vont des douleurs abdominales aux retards de croissance, en passant par les diarrhées chroniques et les douleurs articulaires. Dans certains cas, des traitements immunosuppresseurs peuvent être prescrits aux malades, lors de fortes poussées inflammatoires, ou des corticoïdes. Chez l’enfant, un bilan régulier doit être réalisé, pour surveiller l’évolution de la maladie et les effets indésirables de ces médicaments qui affaiblissent le système immunitaire.
« Une crise d’appendicite entraîne-t-elle forcément une douleur du côté droit ? »
La crise d’appendicite est caractérisée par l’inflammation de l’appendice, petite excroissance du gros intestin, localisée en bas à droite du ventre. Lorsqu’elle est obstruée par des matières fécales ou du mucus intestinal par exemple, elle s’infecte. Cela survient généralement entre 10 et 30 ans, et touche une personne sur quinze. L’appendicite doit être prise en charge à temps, car, si l’appendice se rompt, le malade peut craindre la péritonite, soit une infection de toute la cavité abdominale. Effectivement, les douleurs peuvent être localisées à droite, mais ce n’est pas systématique puisque l’appendice peut varier de localisation selon les personnes. Généralement, la douleur se situe près du nombril et est vive. Dans tous les cas : rendez-vous aux urgences ! Particulièrement lorsque ces douleurs sont accompagnées de fièvre ou de vomissements.
« Les bébés peuvent- ils être constipés ? »
C’est tout à fait possible, notamment au moment de la diversification alimentaire, qui peut commencer vers 4 à 6 mois. Cette diversification ne doit être ni trop tardive ni trop précoce. À l’introduction de certains aliments, le transit des nourrissons peut être perturbé : les selles et leur fréquence peuvent être modifiées, entraînant parfois de la constipation. Mieux vaut donc introduire les aliments très progressivement, un à deux par semaine maximum, tout en surveillant le transit de l’enfant. Une méthode pratique, car elle permet de repérer les aliments tolérés ou non. Ne favorisez pas uniquement les céréales et les féculents, mais optez d’abord pour les légumes ! Tout en veillant à bien hydrater votre enfant.
« Mon fils de 2 mois a des gaz. Il pleure tout le temps. Est-ce grave ? Que dois-je faire ? »
C’est certainement une colique, très fréquente chez les nourrissons ! L’enfant est irritable, tout rouge lors des coliques, s’agite et pleure pendant au moins trois semaines. D’autres symptômes peuvent être associés, comme des gaz, des selles plus fréquentes, généralement le soir. Les coliques restent banales, et sont souvent liées à la maturation intestinale chez le nourrisson. Après 4 mois, leur fréquence s’estompe. Pour soulager l’enfant, vous pouvez le masser avec des mains bien chaudes, ce qui permettra aussi de le rassurer. Un petit rot après le repas peut également être bénéfique, en ne couchant pas l’enfant directement après.
Douleurs abdominales : quand appeler les secours ?
Vomissements importants, constipation depuis plus de 48 heures, présence de sang ou de glaire dans les selles ou fièvre doivent alerter. Une douleur vive devra également pousser à consulter en urgence, tout comme une diarrhée hydrique, qui entraînera la déshydratation. Au-delà de 10 % de perte d’eau, c’est une urgence majeure ! La plupart des consultations d’urgence pour des maux de ventre en pédiatrie concernent des appendicites, des infections urinaires et des gastro-entérites chez les nourrissons qui se déshydratent rapidement. D’autres douleurs abdominales, plus rares, peuvent révéler une invagination intestinale aiguë, qui peut provoquer des nécroses digestives, et impose une intervention chirurgicale d’urgence.
Comment évaluer la douleur chez le jeune enfant ?
Avant 4 ans, l’enfant est peu capable d’évaluer sa douleur. Et les nourrissons ne peuvent pas verbaliser leur douleur, ce qui rend la pédiatrie si difficile. La douleur se manifestera par des comportements inhabituels, comme des pleurs permanents, des signes de léthargie ou une mollesse de l’enfant. Certains paramètres physiologiques, évalués par le médecin, peuvent aussi révéler une situation douloureuse : tachycardie, hypertension artérielle, respiration rapide. Les parents restent aussi une source d’information précieuse pour le médecin.
- 3 selles par jour : c’est le quota qu’il faut atteindre pour définir une diarrhée.
- 10 à 40 % des nourrissons sont touchés par des coliques
Par Sylvie Hernola