Vrais ordinateurs de poche, les montres connectées s’éloignent de plus en plus de leur mission principale, donner l’heure. Zoom ici sur la plus médicale de leurs propositions, la fonction ECG, qui permet un véritable examen.
À tout le monde ?
C’est devenu un véritable argument commercial. Depuis bientôt 5 ans, certaines montres connectées permettent de réaliser un électrocardiogramme (ECG), en quelques secondes, sans même vous demander de vous rendre chez le médecin. Mais cet examen est-il vraiment adapté à tous les profils ?
Pour le moment limite à la fibrillation atriale
À ce jour, l’ECG proposé par les montres connectées permet uniquement de mettre en évidence le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque : la fibrillation atriale. D’après l’Assurance maladie, cette arythmie concerne 1 % de la population générale, en particulier les personnes âgées, plus de 10 % des plus de 80 ans. À terme, ce trouble peut mener à plusieurs complications comme des embolies pulmonaires et des accidents vasculaires cérébraux (AVC). 20 à 30 % des AVC sont d’ailleurs secondaires à une FA.
Pas adaptés à tout le monde
Un mal loin d’être anodin. Pour autant, cet ECG est-il adapté à tout le monde ? Une étude publiée dans le journal Journal of the American Medical Informatics Association pointait en 2020 le trop faible intérêt de cet examen chez des personnes en bonne santé. Arguant le fait que ces montres s’adressent à un public plutôt jeune, pour lequel le dépistage est moins évident. Ce qui expliquerait les résultats mitigés de l’étude : sur les 264 patients alertés pour un rythme anormal, 30 ont été diagnostiqués d’une pathologie cardiaque.
Quelques problèmes d’analyse
Autre réalité clinique, l’existence parfois de maladies qui pourraient gêner l’analyse. Une équipe française s’est penchée sur le diagnostic de la FA chez des patients présentant diverses arythmies. Dans cette étude, publiée dans le Canadian Journal of Cardiology en 2022, les auteurs ont constaté qu’une montre connectée n’a pas réussi à fournir de diagnostic à près d’une personne sur cinq. Niveau précision, elle a correctement identifié 69 % des patients qui étaient en FA et 81 % qui ne l’étaient pas.
Des résultats tout à fait acceptables pour des objets destinés au grand public, et qui offrent pléthores d’autres fonctions pour le suivi de la santé. Avec l’avantage d’être toujours sur soi en cas d’alerte. Sans pour autant, dans le cas de l’ECG, être considéré comme une valeur « sûre » et se substituer au véritable examen.
À 12 contre un
En clinique, un ECG est généralement « à 12 dérivations », c’est-à-dire qu’il permet l’analyse de l’activité cardiaque selon 12 perspectives différentes. Là où les montres connectées ne génèrent un ECG qu’à une seule dérivation. Forcément, le champ des possibles s’en voit réduit.
Par Julien Dabjat





