Au moins 2,6 millions de personnes de plus de 65 ans souffrent de fuites urinaires. Un souci très fréquent, qui touche les femmes, mais aussi les hommes, et qui, loin d’être un tabou, doit pousser à consulter.
Par Sylvie Hernola
« J’ai des petites gouttes d’urine qui sortent en jet quand je tousse ou j’éternue, est-ce une incontinence ? » – Marie-Claude, 64 ans
Oui, il s’agit de fuites urinaires. Lorsqu’elles surviennent en petits jets, de quelques gouttes d’urine à plusieurs millilitres, de façon involontaire et sans avoir envie d’uriner auparavant, on parle « d’incontinence d’effort ». Ces fuites, qui représentent 40 % des cas d’incontinence urinaire, peuvent en effet survenir lors d’un éternuement ou d’une quinte de toux, mais aussi lors de rires, de marche, de changement de position, de saut ou encore de soulèvement de charge. Au début, ces incontinences d’effort se produisent lors d’effort intense, comme un sport, puis se généralisent à des activités du quotidien. L’incontinence urinaire est une problématique très fréquente. Elle est liée à un affaiblissement des muscles du périnée ou du sphincter urinaire, deux supports qui permettent de contrôler la miction quand tout va bien.
« Je ne comprends pas : j’ai très envie de faire pipi, mais je n’ai parfois pas le temps d’atteindre mes toilettes… » – Monia, 72 ans
Il s’agit probablement du deuxième type d’incontinence : l’incontinence urinaire « par hyperactivité de la vessie » ou « incontinence urinaire par urgenterie ». Dans ce cas, le besoin d’uriner devient urgent, soudain et incontrôlable sans que la vessie soit nécessairement remplie. Ce besoin est si pressant qu’il ne donne pas à la personne le temps d’arriver jusqu’aux toilettes, d’où les fuites urinaires. En réalité, le réflexe de miction est enclenché trop tôt et ces fuites surviennent en dehors de tout effort, même la nuit. Souvent, certaines situations peuvent les favoriser : entendre de l’eau couler, avoir peur, un fou rire… Ce type de fuite ne concerne que 10 % des cas d’incontinence urinaire. Mais dans 50% des cas, les personnes incontinentes manifestent les deux types de symptômes : d’effort et d’hyperactivité de la vessie.
« Je souffre de fuites depuis plusieurs mois, mais je n’ose pas en parler » – Gianni, 82 ans
Les fuites urinaires sont très fréquentes, en particulier avec l’âge, et ne doivent pas être un tabou ! Les médecins sont habitués à les prendre en charge et des millions de Français sont concernés. Dès les premiers signes d’incontinence, il faut consulter, car votre médecin pourra vous proposer un traitement efficace pour en venir à bout. Les fuites urinaires peuvent avoir un grand retentissement sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent (voir encadré). Elles ont souvent tendance à s’isoler, à réduire leurs activités sociales par crainte des accidents et n’osent pas en parler à leurs proches. Aussi, les fuites peuvent perturber le sommeil et vous serez d’autant plus fatigué.
« Comment traiter l’incontinence ? » – Imany, 49 ans
Le traitement de référence de l’incontinence urinaire est la rééducation du périnée. L’idée ? Améliorer les symptômes en renforçant la tonicité des muscles du périnée qui constituent le plancher pelvien. Réalisée par un kiné ou une sage-femme, cette rééducation se compose d’une série d’exercices pour renforcer les muscles du plancher pelvien. En rééduquant cette zone, le patient arrive à mieux contrôler ses envies d’uriner. Dans un second temps, la technique de biofeedback permet grâce à une sonde vaginale associée à un signal sonore ou visuel, de matérialiser le relâchement ou la contraction du périnée afin de favoriser la prise de conscience de son fonctionnement. Des médicaments voire une chirurgie peuvent être proposés en cas d’échec de ce traitement.
« Je viens d’accoucher et j’ai eu des fuites urinaires pendant ma grossesse. J’ai peur que cela continue, est-ce souvent le cas ? » – Marguerite, 29 ans
Effectivement, pendant la grossesse, l’incontinence est fréquente, notamment à partir du 2e trimestre. La plupart du temps, elle disparaît spontanément quelques semaines après l’accouchement. Mais, le périnée ayant été malmené pendant cette période, elles peuvent chez certaines femmes réapparaître. C’est pourquoi, pour prévenir les fuites, il est fortement recommandé de suivre des séances de rééducation périnéale post-partum.
« Les fuites me gâchent la vie, auriez‑vous des conseils pour les gérer au quotidien ? » – Sidonie, 75 ans
Oui ! Assurez-vous d’être toujours à proximité de toilettes, utilisez des déodorants pour masquer les odeurs d’urine, portez des vêtements de couleur foncée, urinez régulièrement (toutes les 3 ou 4 heures), diminuez les boissons le soir après 18 heures et n’hésitez pas à utiliser des protections spéciales adaptées en cas de fuites. Chez les personnes âgées, il est également conseillé de désencombrer le passage jusqu’aux toilettes, d’installer des barres d’appui ou de porter des vêtements faciles à détacher.
TEST : L’incontinence urinaire impacte votre qualité de vie si :
Au cours des quatre dernières semaines :
• Vos troubles urinaires vous ont-ils gêné à l’extérieur de chez vous (en voiture, lors d’achats, en attendant le bus…) ?
• Vous êtes-vous réveillé mouillé ?
• Avez-vous utilisé des protections ?
• Avez-vous dû interrompre souvent votre travail ou vos activités quotidiennes ?
• Pensez-vous que vos troubles ont des répercussions sur votre image et votre bien‑être ?
• Avez-vous craint de « sentir mauvais », de faire des taches chez les autres ?
• Avez-vous peur que les autres s’en aperçoivent ?
• Vos troubles urinaires ont-ils une répercussion sur votre vie relationnelle ?
Jouer pour rééduquer le périnée
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