Chaque année, le diabète tue plus de 30 000 personnes en France selon Santé publique France. Cette maladie peut toutefois être prise en charge avant son apparition, en particulier au stade méconnu de prédiabète. Retour sur les moyens d’endiguer une épidémie trop souvent invisible.
Pour comprendre l’importance de la prise en charge du prédiabète, il est nécessaire de rappeler certaines notions concernant la nature du diabète de type 2 en lui-même. Cette maladie se caractérise par un trouble de la gestion du taux de glucose dans le sang (glycémie). Chez un individu non diabétique, un système de régulation permet au glucose de pénétrer dans les cellules après un apport de sucre. En revanche, pour les individus diabétiques, le glucose risque de s’accumuler dans le sang : on parle d’hyperglycémie. À long terme, ce taux de sucre trop important dans le sang peut entraîner de graves problèmes de santé.
Prédiabète : l’averse avant la tempête
Définir le prédiabète
Selon le Dr Saïd Bekka, diabétologue, endocrinologue, nutritionniste et médecin à l’Institut diabète et nutrition (Chartres), le prédiabète peut être défini comme l’antichambre du diabète. « Chez ces patients, les valeurs de glycémie témoignent d’une difficulté de leur corps à gérer les mouvements de sucres », explique-t-il.
Au-delà de cette définition fonctionnelle, le prédiabète est diagnostiqué en mesurant le taux de glucose dans le sang.
Le diagnostic du prédiabète est établi si :
- La glycémie à jeun est comprise entre 1 et 1,26 g/l
- La glycémie après un repas est comprise entre 1,4 et 2 g/l.
On parle de stade transitionnel pour le prédiabète, car en dessous de ces valeurs, le patient est considéré comme non-diabétique, et lorsqu’elles sont dépassées, un diagnostic de diabète véritable est posé.
Risques et conséquences
En raison d’un dépistage non systématique, il est difficile de définir clairement la prévalence du prédiabète en France. En 2017 aux États-Unis, un organisme national estimait qu’un tiers des adultes Américains avaient une glycémie les classant comme prédiabétiques.
Comme pour le diabète, certaines populations sont plus à risque de développer un prédiabète. Parmi elles, on retrouve les personnes obèses, celles avec des antécédents diabétiques familiaux ou encore les individus souffrant d’hypertension ou d’un taux de cholestérol élevé.
Ce n’est pas parce que le prédiabète peut être considéré comme un stade de transition qu’il n’est pas sans risque. En effet, l’hyperglycémie chronique des patients peut provoquer des lésions au niveau des artères.
Endiguer la maladie
Un diagnostic de prédiabète n’est pas à considérer comme la sentence d’une évolution inévitable vers le diabète. Le Dr Bekka l’affirme, en améliorant son hygiène de vie à long terme, il est possible de retarder ou d’éviter l’apparition d’un diabète, et ce, pendant de nombreuses années. Pour que cette prévention soit efficace, les mesures adoptées doivent être suivies au quotidien.
Adapter son alimentation
Afin d’éviter les phases d’hyperglycémie problématiques, il est nécessaire d’avoir une alimentation saine et équilibrée. Les produits sucrés sont à éviter, en particulier les sucres rapides comme les confiseries. Mais ce n’est pas tout, les produits gras doivent être limités. À l’inverse, d’autres aliments sont à privilégier. Le Dr Bekka recommande notamment la consommation de légumes verts, de fruits ou encore de féculents.
Se mettre au sport
Pour endiguer l’évolution défavorable du prédiabète, il est fortement conseillé d’adopter une activité sportive. Ici, ce n’est pas l’intensité qui compte, mais la régularité et la durée. Mieux vaut privilégier une activité répétée plusieurs jours de la semaine qu’un effort intense une fois de temps en temps. Aquagym, handball, marche à pied ou haltérophilie… tous les exercices à votre portée sont efficaces pour faire reculer l’ombre du diabète.
Perdre du poids
Toutes les stratégies conduisant à une perte de poids maîtrisée sont bonnes pour limiter les effets du prédiabète. Dans la plupart des cas, une alimentation contrôlée associée à un exercice physique permet de faire diminuer le nombre de kilos sur la balance. Toutefois, chez les personnes obèses, il a été prouvé qu’une chirurgie bariatrique conduisant à une perte significative de poids était également positive dans le contrôle du prédiabète.
Et les médicaments ?
Actuellement, aucun médicament n’est remboursé dans le cadre de la prévention du prédiabète. Certaines molécules utilisées dans le traitement du diabète pourraient avoir un effet positif dans le prédiabète, mais les médecins conseillent plutôt de mieux manger et d’adopter une activité physique.
L’importance du dépistage
Enfin, la prise en charge du prédiabète passe avant tout par son dépistage. Pour cela, n’hésitez pas à demander à votre médecin généraliste de contrôler votre taux de glucose sanguin. Ces mesures sont particulièrement importantes chez les personnes en surpoids, plus à risque de développer un prédiabète. Si les résultats du test penchent vers la confirmation du diagnostic, il pourra vous rediriger vers un diabétologue ou un endocrinologue en cas de besoin.
« N’hésitez pas à demander à votre médecin généraliste de contrôler votre taux de glucose sanguin. »
Les secrets du microbiote
Et si nous comprenions mieux le prédiabète et le diabète grâce à notre intestin ? Nous y hébergeons un nombre impressionnant de bactéries, certaines avec des effets positifs, d’autres plutôt négatifs. Les colonies de bactéries influencent notamment la façon dont nous assimilons les nutriments présents dans nos aliments. Ainsi, le microbiote pourrait influencer indirectement le risque de développer une forme de prédiabète. En particulier, les aliments trop gras et trop sucrés ne favorisent pas le développement des colonies de « bonnes bactéries ». Encore une incitation à manger sainement dans le contexte d’un prédiabète !
Propos recueillis par Baptiste Gaborieau





