Contrairement à ce que clamait Corneille, la vieillesse n’est pas toujours notre ennemie. La vie sexuelle des seniors est en réalité très épanouie !
L’espérance de vie progresse depuis des décennies, permettant à tous de vieillir dans des conditions qui s’améliorent et de garder une bonne forme physique plus longtemps. Aussi tabou que soit le sujet, la vie sexuelle des seniors est une réalité qu’il est important de reconnaître, pour le bien-être de tous.
Une sexualité encore très active !
Dans une enquête de 2004, 79 % des hommes et 65 % des femmes de 60-69 ans estiment que la sexualité reste un centre d’intérêt important. C’est d’ailleurs le cas pour 64 % des hommes et 37 % des femmes de 70-79 ans. Dans cette enquête, 42 % des hommes et 23 % des femmes de 60-69 ans disent avoir des relations sexuelles au moins une fois par semaine, 26 % des hommes et 24 % des femmes pour les 70-79 ans. Le mythe de l’arrêt de la sexualité avec l’âge est depuis longtemps dépassé, les études démontrant régulièrement que les seniors restent actifs sexuellement. Évidemment, le corps se transforme et les articulations n’étant plus de première jeunesse, la sexualité s’adapte ! Mais l’amour, la tendresse, la sensualité, la complicité et tout ce qui crée une intimité existent à tous les âges de la vie.
Un effet secondaire des divorces
Si rares étaient les divorces il y a encore 30 ans, aujourd’hui ils sont très fréquents puisqu’on estime qu’en France, c’est l’issue d’un couple sur trois (voire plus dans certaines régions). Ces séparations sont à l’origine de bien des reformations conjugales et parfois d’une seconde jeunesse dans la sexualité. Jeunes ou vieux, la sexualité est très variable, et alors que certaines personnes souhaitent des relations stables dès 20 ans, des personnes de 70 ans peuvent préférer enchaîner les conquêtes sans être jugées. Et la tolérance doit exister pour tous, quel que soit l’âge.
Aucun risque de grossesse…
Un autre argument pouvant expliquer la vigueur des seniors est l’absence de risque reproductif. Certaines femmes vivent la ménopause comme une libération : elles n’ont plus de risque de tomber enceintes ! Cela peut paraître surprenant, mais rappelons-nous que nos seniors ont connu la libération sexuelle et les conditions catastrophiques des interruptions médicales de grossesse avant leur légalisation (en 1975). Les conséquences d’une grossesse étaient donc importantes et, même si la pilule a été autorisée en 1976, les femmes de ces générations ont été fortement marquées par la crainte de tomber enceinte.
Avec l’âge, ça fonctionne moins bien…
Voici une croyance en décalage avec la réalité : si l’âge peut altérer les performances physiques, les sensations de plaisir peuvent exister jusqu’au dernier souffle. Si la pulsion sexuelle est instinctive, les gènes et les hormones jouent un rôle important. Les premiers instants d’une relation sont généralement passionnés et forts en émotion, que l’on ait 15 ou 75 ans. Le cerveau produit les mêmes hormones du bienêtre. Le plaisir n’a pas d’âge ! Et la sexualité n’est pas qu’une question de rapport sexuel, les gestes tendres, les échanges, la complicité sont des clés d’un épanouissement général.
Quand vient la ménopause…
La ménopause est l’arrêt de la période de fécondité de la femme et des cycles hormonaux qui la rythmaient. Elle s’accompagne de variations importantes d’hormones qui peuvent entraîner divers symptômes (bouffées de chaleur, insomnies, fatigue, stress, irritabilité, etc.). Si pour certaines femmes les symptômes sont légers, pour d’autres, ils peuvent être handicapants et diminuer, entre autres, la libido. Il est alors indispensable d’en parler à son médecin ou à son pharmacien qui pourra vous proposer des solutions. Sur le plan sexuel, la ménopause peut entraîner une sécheresse vaginale liée à la diminution des hormones. La pénétration peut alors devenir désagréable, voire douloureuse. Dans ce cas, l’utilisation de lubrifiants peut faciliter les rapports.
« Ménopause et andropause peuvent diminuer la libido »
Et l’andropause !
Moins connue que la ménopause, l’andropause correspond à une diminution des hormones mâles dans le corps des hommes. La libido peut diminuer : l’envie se raréfie, les érections nocturnes et matinales sont plus rares, voire disparaissent. L’orgasme peut aussi être moins intense et le temps entre deux érections plus long. Ces réalités biologiques peuvent également entraîner une souffrance psychologique ou une angoisse, qui peuvent nécessiter une prise en charge psychologique, voire médicamenteuse. Il ne faut pas hésiter à en parler avec son médecin.
Et enfin du temps pour soi et pour l’autre !
Pour certains couples, la retraite est l’occasion de se retrouver. Les enfants sont grands, le travail n’est plus leur quotidien, le stress diminue, etc. Les seniors ont, enfin, du temps pour eux. Du temps pour partir en voyage en couple, pour faire des grasses matinées, des siestes, et donc n’avoir qu’à se soucier du bienêtre de soi et de l’autre.
Prévention des IST : à tout âge !
Et oui, il ne faut pas oublier que les seniors ont, en partie, connu la révolution sexuelle, époque pendant laquelle la sexualité était dite libérée. Certains d’entre eux n’ont peut-être jamais utilisé de préservatif… Les études prouvent d’ailleurs que la protection est souvent « oubliée » par méconnaissance des infections sexuellement transmissibles (IST), entraînant une recrudescence de leur nombre chez ces populations qu’on pensait épargnées. Une fois de plus : il n’y a pas d’âge pour apprendre à se protéger…
Traitements chroniques : des effets secondaires à prendre en compte
Les troubles sexuels peuvent parfois être provoqués par des médicaments. Avec l’âge, certains traitements deviennent chroniques, quotidiens, pendant de nombreuses années. Certains médicaments sont connus pour avoir comme effets secondaires des augmentations ou diminution de la libido, des troubles de l’érection ou une sécheresse vaginale. Ces effets secondaires peuvent être indiqués sur la notice, mais en aucun cas il ne faut arrêter le traitement sans avis médical. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin : si la dose ne peut pas être diminuée, un autre médicament pour la même indication peut vous être proposé.
« Hypertension, cholestérol, diabète… Des traitements aux effets secondaires à prendre en compte. »
La masturbation pour tous !
Autrefois taboue, la masturbation est aujourd’hui démocratisée par une société plus libérée sexuellement. Une sexualité épanouie ne signifie pas forcément une sexualité systématiquement à deux, que l’on soit en couple ou célibataire, veuf ou veuve. L’autosatisfaction peut en effet, par exemple, être utile lorsque la personne est seule, que le partenaire n’a pas envie ou n’est pas disponible. L’imagination est la clé de la masturbation : écoutez- vous ! En plus, les études l’ont prouvé : l’éjaculation régulière diminue le risque de cancer de la prostate. Puisqu’on vous dit que c’est pour votre bien !
Maladie : réapproprier son corps
Cancer du sein, de la prostate, prothèse de hanche… Avec l’âge, les corps peuvent être plus ou moins abîmés. Il est donc important d’accepter ces « nouveautés » et de se réapproprier ce corps qu’on ne reconnaît plus. Cette étape nécessite plus ou moins de temps selon les personnes et selon les causes. La sexualité peut être diminuée pendant cette période, le temps d’accepter les changements, tant sur le plan physique que psychologique. L’aide de l’autre dans cette période est indispensable pour reprendre confiance en soi.
Conseils pour une sexualité épanouie à tout âge
Privilégier les fruits et légumes (pour leurs vitamines et antioxydants)
Faire une activité physique régulière (pour les muscles, les os et le coeur)
Ne pas fumer (diminution des capacités érectiles et des hormones féminines)
Ne pas faire de régimes (diminution de la libido)
Ne pas boire trop d’alcool (diminution de la testostérone et des capacités érectiles)
Dialoguer avec son partenaire sur les envies, comme les difficultés
Ne pas hésiter à en parler avec son pharmacien, médecin ou à un spécialiste (urologue, sexologue, psychologue)
Par Gaëlle Monfort