Pour certains, le footing est sacré, même en temps de confinement.. Mais comment préserver sa santé lorsque l’on habite en ville et que l’on souhaite éviter les tapis des salles de sport ?
« Est-ce que les effets de la pollution augmentent quand on fait du sport ? » Arno, 18 ans
En effet, lorsqu’on pratique une activité physique, notre respiration s’accélère et on aspire les particules néfastes pour la santé en plus grande quantité. La ventilation est même 40 fois plus importante lors de la pratique d’un sport qu’au repos, provoquant une exposition plus intense aux agents polluants. Même si l’on est en bonne condition physique et en bonne santé, cela peut entraîner une inflammation des poumons. De plus, la pollution risque d’affaiblir le système respiratoire, causant une toux ou un essoufflement.
C’est pourquoi les autorités sanitaires ne recommandent pas la pratique d’une activité sportive lors des pics de pollution, surtout pour les personnes fragiles et ayant déjà des pathologies pulmonaires, comme de l’asthme.
« Quels sont les principaux risques à faire du sport dans un air pollué ? » Roland, 53 ans
Selon plusieurs études, les polluants ont une incidence au niveau cardiovasculaire lors d’une exposition à long terme. En effet, plus les particules sont fines (voir encadré ci-dessus), plus le risque d’infarctus du myocarde (plus connu sous le terme de crise cardiaque) s’accroît. En outre, le fait d’habiter près d’une zone routière augmenterait le risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) et cardio-pulmonaires. La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), causée par l’usage du tabac à 90 %, pourrait être également liée à la pollution de l’air.
« Quelles molécules dangereuses retrouve-t-on dans l’air des villes polluées ? » Émilie, 22 ans
Ce sont surtout les gaz et les particules retrouvées dans les matières gazeuses qui représentent un danger pour la santé. Elles peuvent se classer en deux familles.
- Les polluants dits primaires, émis directement par des sources de pollution liées à l’activité humaine (voitures, usines, agriculture, etc.) : les particules fines, les métaux ou encore les oxydes de soufre et d’azote par exemple.
- Les polluants dits secondaires, provenant de réactions chimiques de gaz entre eux : l’ozone ou le dioxyde de carbone.
« Ne vaut-il pas mieux ne pas faire de sport du tout que d’en faire dans une atmosphère polluée ? » Irène, 27 ans
Les experts de l’environnement et des pathologies pulmonaires sont d’accord entre eux : les personnes pratiquant une activité physique, même dans une atmosphère polluée, sont en meilleure santé que celles étant sédentaires. L’espérance de vie serait même augmentée de 3 à 14 mois pour ceux allant à vélo à leur travail.
Alors pas d’excuse ! Il est cependant préférable d’éviter les artères routières où le trafic y est dense, de vous éloigner des véhicules et évitez l’heure de pointe.
« Comment puis-je me protéger quand je vais courir dans la rue ? » Éric, 64 ans
Il faut ajuster son effort. Lors des pics de pollution, l’intensité de l’activité doit être diminuée pour éviter d’hyperventiler (lorsqu’on respire vite et fort), et ainsi limiter l’absorption des particules polluantes. Par exemple, lors d’un jogging, il faut abaisser le rythme de la course. De plus, la diminution de l’intensité sportive permet de respirer par le nez (quand on réalise un effort trop extrême, on a tendance à respirer par la bouche), qui constitue un filtre naturel protecteur grâce au mucus et aux cils tapissant sa muqueuse.
Il faut également s’écarter des axes de circulation, et ainsi éviter les voitures et leur pot d’échappement. En effet, près des véhicules, les niveaux de pollution sont très élevés, s’éloigner de quelques mètres permet déjà de réduire significativement la pollution aérienne. Les parcs et espaces verts sont d’excellents lieux pour aller se défouler !
Les masques antipollution quant à eux ne sont pas recommandés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). Selon plusieurs études, ces masques laissent passer l’air pollué et les gaz, car ils n’épousent pas parfaitement les contours du visage de ses utilisateurs, et les particules fines ne sont pas arrêtées.
« Comment connaître l’état de la qualité de l’air avant d’aller courir ? » Joseph, 38 ans
Des stations de contrôle de la qualité de l’air mesurent et rassemblent en continu les différents polluants. Le site Atmo France (atmo-france.org) permet de suivre en direct la pollution dans sa ville. Il existe également une application sur smartphone, Plume Air Report, qui donne les niveaux de pollution en temps réel, ainsi que les prévisions de la qualité de l’air pour les prochaines 24 heures. On y trouve aussi des conseils pour les activités extérieures.
La météo influe également sur la qualité de l’air. En période de pollution, l’hiver, il est préférable de sortir l’après-midi, une fois le brouillard polluant disséminé. L’été, il vaut mieux pratiquer une activité physique le matin, avant que l’ozone ne se forme avec les UV. L’air a tendance à être plus sain lorsqu’il pleut ou lorsque le vent est fort.
Attention aussi au pollen si on est allergique ! La pollution ajoutée au pollen peut augmenter les réactions allergiques.
Les particules fines, c’est quoi
Le terme particules fines (ou PM, pour particulate matter) regroupe toutes les substances microscopiques. Pour faire simple, il s’agit de poussières. Sous forme liquide ou solide, elles sont présentes dans l’air, parfois pendant quelques années. Elles sont classées selon leur taille. Le problème rencontré avec ces particules fines est que plus elles sont petites, plus elles pénètrent facilement à l’intérieur de nos poumons, et sont ainsi libérées dans la circulation sanguine, où elles peuvent provoquer des symptômes respiratoires, et à long terme une diminution de l’espérance de vie. Elles peuvent être d’origine naturelle (suite à une éruption volcanique par exemple), ou libérées par l’activité humaine (chauffage au bois, véhicules ou encore industries).
La pollution intérieure
La pollution n’est pas uniquement présente dans les villes à forte population et activité. Elle existe aussi à l’intérieur des habitations, d’où son nom : pollution intérieure. Les sources de cette pollution sont multiples : les équipements (appareils électroménagers, meubles, stockage des déchets…), les activités humaines (produits ménagers, tabagisme, cuisson de la nourriture…), les animaux, les plantes, les peintures des murs, etc. Il est alors important d’aérer quotidiennement son habitation et son lieu de travail pendant au moins 10 minutes. Les personnes les plus fragiles (personnes âgées, asthmatiques…) peuvent investir dans un bon système de ventilation. Et évidemment, interdire la cigarette !
- Évitez les pics de pollution
- Vérifiez la qualité de l’air sur atmo-france.org
- Le port de masque antipollution n’est pas recommandé
- Sortez en fin d’après-midi durant l’hiver et le matin en été
- Écartez-vous des grands axes routiers
- Préférez les parcs et espaces verts
- L’activité physique est bénéfique, même dans un environnement pollué
8000 : En 2013, c’est le nombre personnes qui sont décédées prématurément à la suite d’une exposition trop élevée au dioxyde d’azote (NO2), et 45 000 après une exposition aux particules fines. Source : Agence européenne pour l’environnement
Par Léna Pedon





