Stress, anxiété, peur, angoisse, “passages à vide”… aujourd’hui nombreux sont les maux invisibles qui ternissent nos vies. Pourtant ils sont une manifestation bien réelle d’un mal-être physique. Voici des pistes pour s’en débarrasser.
Helen Monnet est psychothérapeute intégrative et relaxologue, auteure de nombreux livres sur la santé mentale et le bien-être elle a répondu aux questions de Vocation Santé sur le stress et l’anxiété.
La différence entre le stress et l’anxiété est parfois floue et, de ce fait, l’utilisation de ces mots désigne un ensemble indéfini de ressentis et de manifestations. Pourtant ce sont deux réactions bien distinctes aux origines et à la prise en charge différentes.
« Il n’y a pas de santé sans santé mentale » OMS
Qu’est-ce que c’est ?
« Ça me stresse ! »
« Je stresse », « je suis un peu stressé(e) », « c’est stressant », le mot stress et ses déclinaisons sont utilisés très fréquemment pour désigner les situations d’inconfort, de peur, de trop-plein que nous rencontrons. Il existe en réalité une définition très précise du stress qui peut d’ailleurs être soit aigu soit chronique. « Le stress aigu est lié à la réponse de l’organisme à un danger imminent : toutes les capacités mentales et physiques pour faire face au danger sont alors mobilisées. L’organisme sécrète notamment du cortisol et de l’adrénaline, entre autres hormones. Une fois le danger disparu, l’épisode de stress se termine et le cortisol cesse d’être sécrété », détaille Helen Monnet. Ce phénomène est une réaction primaire biologique et vitale qui provoque généralement une sensation intense de désagréable, de peur, et une augmentation du rythme cardio-respiratoire.
Concernant le stress chronique, Helen Monnet explique que « dans certains cas, l’épisode de stress est continu avec un facteur de stress présent de façon répétée et que l’on n’arrive pas à contourner. Le stress devient alors pathologique et le système nerveux central orthosympathique synthétise du cortisol en continu, engendrant des symptômes physiques et psychiques : irritabilité, vigilance extrême, hyperéactivité face aux contrariétés, troubles musculo-squelettiques, céphalées, fragilité émotionnelle, attrait pour les substances addictives et surtout fatigue chronique (le sentiment de ne jamais être reposé, même au réveil). Si les facteurs de stress ne sont pas éliminés sur plusieurs mois, la personne peut aller jusqu’au burn-out et rentre ainsi dans un trouble dépressif. »
Et si c’était un stress chronique ?
- Troubles du sommeil
- Fatigue constante
- Maux de ventre inexpliqués
- Difficultés de concentration
- Fluctuation de poids
- Changement d’humeur
- …
Peuvent être des symptômes qui doivent vous alerter. Il faut en parler à votre médecin !
« Je suis un(e) angoissé(e) »
Les troubles anxieux, eux, naissent lorsqu’il existe un décalage entre la réalité objective du danger qui provoque la peur et l’intensité de l’émotion générée. « C’est une surestimation du péril qui peut être qualifiée d’anxiété lorsque cela dure plus d’1 ou 2 mois », indique Helen Monnet. Du trac à la crise d’angoisse en passant par l’anxiété d’anticipation, les troubles anxieux se manifestent par des symptômes divers propres à chacun : émotions anxieuses (peur, appréhension), pensées anxieuses, comportements anxieux (stratégie d’évitement des situations anxiogènes, compulsions), etc. On retrouve également des troubles physiques et psychiques tels que des problèmes digestifs et alimentaires, des insomnies, des maux de tête, une baisse de la concentration et des performances ou encore du négativisme.
Que dit la science ?
On sait aujourd’hui que l’état de stress est un facteur aggravant de nombreuses pathologies. Parmi elles, on compte notamment les maladies inflammatoires de l’intestin, les maladies cardiovasculaires et respiratoires, les maladies dermatologiques ou encore le diabète. Ainsi, réduire son stress est une des premières mesures recommandées en cas de maladies chroniques ou de risque d’en développer une.
Mais alors, qu’en est-il du stress qui nous rendrait malade ?
Si, en soi, les conséquences visibles du stress peuvent s’apparenter à un état maladif (hypertension, compulsion alimentaire, insomnie, désordres digestifs), de manière plus générale, de nombreuses études se sont aussi penchées sur les effets du stress chronique sur l’apparition de maladies. Bien que la connaissance exacte de son rôle et de ses mécanismes d’action reste encore floue pour les scientifiques, on sait qu’il induit des dérèglements physiologiques.
Ainsi, une revue de littérature publiée dans l’Excli journal en 2017 met en évidence son action néfaste sur la fonction hormonale et neurologique, tandis qu’une étude de 2010 dans le Journal of medecine and life ou encore une de 2012 dans la revue PNAS pointent la détérioration de la fonction immunitaire. Sans sur-interpréter les résultats de ces études, il semble prudent de penser qu’il existerait une possible association entre le stress et l’apparition de maladies.
- Cohen S et al., Chronic stress, glucocorticoid receptor resistance, inflammation, and disease risk. PNAS 2012 ; 10 : 5995-9.
- Dragos D et al., The effect of stress on the defense systems. J Med Life 2010 ; 3 : 10-8.
- Yaribeygi H et al., The impact of stress on body function: A review. Excli J 2017 ; 16 : 1057-72.
Comment ça se soigne ?
Prudence est mère de sûreté
Même si les symptômes du stress et des troubles anxieux se prennent en charge, le meilleur des remèdes restera toujours la prévention.
Ainsi, l’entourage et, sur le lieu de travail, les managers (accompagnés des ressources humaines) sont les premiers piliers de la prévention. « Ils peuvent être des veilleurs de stress » ajoute Helen Monnet. « L’irritabilité et la fatigue chronique sont les premiers signes du stress ; voir son collègue se rendre toutes les heures à la machine à café est un indice. En revanche, les troubles anxieux peuvent être plus pernicieux. Ils se révèlent souvent dans le cadre privé, notamment au moment de l’endormissement et devant des réveils nocturnes, quand cela n’est pas lié au mode de vie (alimentation, écrans). Le cortisol empêche la personne de rentrer dans une phase de sommeil paradoxal. »
Face à un collègue ou un proche qui fait preuve d’une irritabilité inhabituelle avec une sensibilité à fleur de peau, il est bien de le questionner et de le sensibiliser au risque du surmenage en général.
Qu’est-ce que je peux prendre ?
Tout ce qui permet de sécréter les hormones du bien-être
- Le contact avec la nature
- Une musique ou des sons qui nous apporte l’apaisement
- Un endroit où l’on se sent en sécurité
- Une odeur ou un goût réconfortant
- L’amour
- L’activité sportive
- Les choses qui vous rendent Heureux
Tout ce qui déconnecte l’esprit
- Les rituels
- Un téléphone éteint
- Les travaux manuels
- Le coloriage
Tout ce qui rétablit la respiration
- La relaxologie
- La cohérence cardiaque
- La méditation
- La respiration en pleine conscience
- Le yoga Nidra
Et ce qu’il vaut mieux éviter
- Les choses qui sont, pour le moment, trop
stressantes pour vous
- Les relations toxiques
- Les écrans toute la journée
- Ce qui entretient la colère, la peur, l’agacement
Que faire ?
Qui consulter ?
Stress ? Anxiété ? Blues passager ? Il est difficile de juger par soi-même de son état psychologique, il ne faut donc pas hésiter à parler à des professionnels de santé de confiance (médecin traitant, médecin du travail, pharmacien) ou même à consulter directement et ne pas hésiter à changer de praticien jusqu’à trouver chaussure à son pied (psychologue, relaxothérapeute, sophrologue par exemple). Dans tous les cas, il est primordial d’avoir un suivi lorsque l’on fait face durablement au stress ou lorsque l’on est sujet aux troubles anxieux afin de pouvoir être redirigé vers les bons praticiens en cas de problèmes plus graves et durables.
« Je suis un peu déprimé(e) en ce moment »
Que se cache-t-il derrière cette phrase dont le sens nous échappe parfois ? En réalité, le mot dépression désigne une maladie psychiatrique dans laquelle la personne souffre d’un dysfonctionnement social, psychiatrique et biologique, et subit une souffrance personnelle majeure. Cette pathologie doit être considérée sérieusement et prise en charge par les professionnels de santé habilités car les effets secondaires graves et les risques de décès sont élevés. De plus, elle peut toucher n’importe qui, sans regard pour l’âge, le genre ou le milieu social.
Bien souvent, les personnes souffrant de dépression sont stigmatisées, et il est facile de penser qu’il suffirait pour eux « de se bouger » ou « de faire des activités sympas » pour « s’en sortir ». Cela n’est pas si simple, car la dépression atteint aussi bien l’esprit que le corps ; et l’on sait aujourd’hui qu’elle s’observe au niveau physiologique par des dysfonctionnements de certains neurotransmetteurs.
En revanche, lorsque nous sommes touchés par une tristesse passagère, un manque non handicapant de motivation et de dynamisme, il convient de l’appeler déprime.
Le mot de la pharmacienne
Les patients sont nombreux à venir chercher une solution au comptoir : problème de sommeil, stress, anxiété… et les pharmaciens ont alors un rôle d’écoute essentiel. En posant les bonnes questions, ils peuvent mettre les justes mots sur le mal-être des patients et les aider, notamment, à différencier le stress de l’anxiété car les solutions ne sont pas les mêmes.
Dans le cas du stress, les conseils hygiéno-diététiques sont primordiaux : activité physique, réduction de la consommation d’alcool et de caféine, technique de relaxation, amélioration de la qualité du sommeil. Associés à du magnésium et des plantes aux vertus apaisantes par exemple, le stress peut être soulagé.
L’anxiété, elle, est plus difficile à réguler et elle nécessite un suivi médical particulier. Votre pharmacien vous orientera vers un médecin ou un thérapeute.
Les pharmaciens ont surtout un rôle de vigilance quant à l’automédication. Aujourd’hui, de nombreux laboratoires proposent des compléments alimentaires contenant des précurseurs de la sérotonine ou du GABA. Si ces molécules peuvent soulager certains symptômes du stress ou de l’anxiété, elles ne doivent pas vous faire passer à côté du bon diagnostic et de la prise en charge adéquate. Attention également aux interactions avec certains médicaments prescrits pour réguler l’humeur ou apaiser les angoisses.
De l’importance de toujours informer le pharmacien de son traitement.
Zoom sur l’auto-relaxation respiratoire©
Méthode créée par Helen Monnet, l’auto-relaxation respiratoire s’utilise en prévention et jusqu’à des niveaux de stress et d’anxiété modérés. Elle s’appuie sur la respiration consciente, un outil puissant qui peut nous accompagner partout et permet une relaxation approfondie qui réduit le taux de cortisol. Une fois que les clés vous sont données (après 6 séances d’une heure), vous pouvez vous en servir en autonomie pour enrayer stress et certains troubles anxieux bénins (comme l’anxiété d’anticipation).
Attention si vous souffrez d’épilepsie, de schizophrénie, de stress intense lié à un burn‑out ou de troubles déficitaires de l’attention, cette méthode est contre-indiquée. (Contact : Helen Monnet sur doctolib)
Dévorer du contenu bienveillant et good vibes
Pour laisser stress et anxiété derrière vous, il est important d’inviter la positivité dans son quotidien. Pour cela, rien de tel qu’un petit ménage ! Que ce soit des podcasts, des comptes instagram ou tik tok, des livres, des émissions… dites non aux contenus qui nourrissent chez vous le stress et l’anxiété.
Voici notre positive sélection :
Les comptes instagram de bonnes nouvelles : @bonnes_nouvelles_ ecologiques, @feelgoodn3ws, @voicilabonnenouvelle
Les influenceurs qui nous font rire : Camille Lellouche, Laura Felpin, Anaïde Rozam…
Les podcasts réjouissants : Habitudes positives, In power, Superhéros, Laisse-moi kiffer…
Pour apaiser le stress au quotidien et redescendre un peu après une journée sous tension, il peut être bien de mettre en place des rituels.
Avant de partir du bureau, en allant se coucher, avant la douche, au lever… à vous de trouver le moment idéal pour se préparer un thé, déposer quelques gouttes d’huile essentielle dans un diffuseur, mettre une musique douce…
Quelques lectures
Les 101 règles d’or pour ne pas stresser par Helen Monnet. Larousse Poche, 6,95 €
Ces peurs qui nous inhibent par Helen Monnet. Larousse Poche, 6,95 €
Mon cahier de yoga au quotidien par Davina Delor. Mosaïque-Santé, 9,00 €
Mieux vivre grâce à la pensée positive par Swami Saradananda. Larousse Poche, 6,95 €
- Selon un sondage, 76 % des interrogés déclarent que le sujet de la santé mentale n’a pas été abordé dans leur entreprise Moka care, 2021
Par Juliette Dunglas





