Le tatouage est un phénomène de plus en plus courant : 20 % de la population est tatouée, un chiffre qui a doublé en 10 ans ! Cette modification corporelle nécessite des soins et des précautions, on vous en dit plus.
Laver son tatouage
Un des principaux soins post-tatouage consiste à laver la zone tatouée deux à trois fois par jour avec une eau tiède savonneuse, pendant environ 3 semaines. « Un gel nettoyant ou un savon au pH neutre fera parfaitement l’affaire », précise le Dr Nicolas Kluger, dermatologue au centre hospitalier universitaire d’Helsinki en Finlande. Passionné par l’art du tatouage, ce docteur s’est spécialisé dans les problématiques liées au tatouage et a ouvert une consultation uniquement dédiée, à l’hôpital Bichat, un vendredi par mois.
Premier conseil de la part de ce dermatologue : « Il est préférable de faire glisser l’eau sur le tatouage en évitant un jet d’eau direct ou trop fort ».
Qui hydrate bien, cicatrise bien
Une bonne hydratation est essentielle à la bonne cicatrisation du tatouage. « Le tatouage n’est rien d’autre qu’une plaie qui, comme toutes les plaies, doit cicatriser dans les meilleures conditions possibles », explique Nicolas Kluger. « Les crèmes cicatrisantes les plus conseillées sont celles à base de dexpanthénol et de bisabolol », indique- t-il. Celles de type cicalfate ou cicaplaste peuvent également être proposées bien qu’elles soient plus légères qu’une pommade, et qu’elles nécessitent donc au minimum 3 applications par jour. « Les crèmes sont plus adaptées durant la journée ; moins grasses, elles saliront moins les habits que les pommades qui seront plus appréciées le soir et au coucher », ajoute le dermatologue. Par ailleurs, il est préférable d’utiliser des produits qui ont fait leur preuve : « Les risques avec les nombreuses crèmes cicatrisantes sur le marché sont les allergies de contact ; il faut donc éviter d’acheter des crèmes avec une multitude de composés et rester sur des crèmes classiques qui sont bien tolérées », termine Nicolas Kluger. L’hydratation du tatouage doit se faire jusqu’à cicatrisation de ce dernier, durant au moins 3 semaines.
Panser : une nouvelle technique qui séduit
Plus récemment, les tatoueurs proposent à leurs clients de porter un pansement-film adhésif transparent stérile de type Tegaderm, disponible en pharmacie. Ce dernier constitue une barrière hydrofuge, antibactérienne et antivirale. « En plus de protéger des infections, ce pansement préserve les vêtements et draps des rejets d’encre, de sang et de liquides qui sont, rappelons-le, normaux après un tatouage », précise le dermatologue Nicolas Kluger. Le pansement peut être laissé en place jusqu’à 4 jours, sans nécessité de toilette et d’hydratation de la zone tatouée : « Ensuite, le pansement peut être changé. Une toilette à l’eau tiède savonneuse devra être effectuée lors du remplacement », conseille le spécialiste.
Croûtes : bas les mains !
Lorsque le tatouage commence à cicatriser, il peut provoquer des démangeaisons… auxquelles il ne faut surtout pas succomber ! Des croûtes peuvent apparaître, « c’est bon signe ! s’exclame le docteur Kluger, l’épiderme commence à se régénérer. Si on gratte, on prend le risque de faire partir la couleur du tatouage et de laisser des marques », met-il en garde. Il faut faire preuve de patience et continuer d’appliquer une crème cicatrisante.
Infections et complications : pas de risque zéro
Dans les jours qui suivent le tatouage, il est normal d’observer une réaction inflammatoire (rougeurs, gonflements, léger exsudat). Généralement, ces symptômes disparaissent en moins d’une semaine. Cependant, « le risque zéro n’existe pas, admet le dermatologue. Si la peau tatouée devient purulente et/ou qu’elle rougit autour du tatouage, une infection est très probablement en train de se développer. » Dans ce cas, consulter son médecin sera indispensable, qui pourra envisager une antibiothérapie locale ou générale.
Si l’infection reste rare, d’autres complications peuvent se déclarer. « Les tatouages peuvent engendrer des infections cutanées, des poussées de psoriasis, accentuer des maladies de peau, déclencher des réactions allergiques à l’encre ou à certaines couleurs », décrit le Dr Nicolas Kluger, qui ajoute que 6 % des personnes tatouées présenteraient des problèmes chroniques liés à leur tatouage (selon une étude allemande).
Crèmes améliorant la couleur
Le marché du tatouage offre tout un attirail de crèmes promettant d’améliorer la couleur du tatouage. « Ça n’existe pas ! », assure notre spécialiste. « Quand on regarde les photos dans les magazines, ou sur les réseaux sociaux, on voit des tatouages qui viennent d’être réalisés. L’épiderme est donc gorgé de pigments. Une fois que la cicatrisation a lieu, l’épiderme est regénéré, le pigment s’en va, il y a une nouvelle couche d’épiderme sans pigment sur le tatouage, donc le tatouage devient plus mat », explique- t-il. Les crèmes ne font rien d’autre qu’utiliser un effet d’optique : elles donnent un effet de brillance à la couleur, mais la crème partie, la couleur redevient matte.
Soleil : l’éternel ennemi de la peau
Nul n’est surpris : l’exposition au soleil d’une peau fraîchement tatouée est à bannir. L’éviction totale est de rigueur : il faut porter une protection vestimentaire ou physique couvrant la zone tatouée. « L’exposition précoce au soleil risque d’endommager le tatouage en provoquant une espèce de blanchissement de celui-ci », précise Nicolas Kluger.
Proscrire aussi tout contact avec l’eau de mer et de piscine le temps de la cicatrisation. Le tatouage cicatrisé, une crème solaire écran total lui permettra de prendre le soleil en toute sécurité.
Don du sang et tatouage
Le site de l’EFS stipule qu’une personne s’étant fait tatouer il y a moins de 4 mois ne peut pas donner son sang. Passé ce délai, il sera de nouveau possible d’effectuer un don. Cette interdiction fait suite aux cas de contamination du sang aux hépatites B et C dans les années 1980 suite à des tatouages. « Aujourd’hui, le matériel stérilisé à usage unique a complètement écarté ce risque. C’est une réglementation qui, à mon sens, n’a plus lieu d’être, surtout quand on sait qu’on manque de donneurs. D’ailleurs, aux États-Unis et en Hollande, cette règle est obsolète » partage le dermatologue.
- 2 à 3 semaines, c’est le temps de cicatrisation d’un tatouage
- 6 % des personnes tatouées présenteraient des problèmes chroniques liés à leur tatouage
- 20% des français sont tatoués
Par Carla Masciari, en collaboration avec Dr Nicolas Kluger, dermatologue passionné par l’art du tatouage.





