Alors que les chiffres sur le cancer colorectal le place comme le 2e cancer le plus meurtrier en France, le taux de participation au test de dépistage reste trop faible. Pourtant, ce test rapide et réalisable à domicile est très efficace et permet de détecter précocement un cancer colorectal.
En mars 2019, Santé publique France publie ses derniers chiffres sur le cancer colorectal : 45 000 nouveaux cas et 18 000 décès par an. Toutefois, pris en charge suffisamment tôt, ce cancer se soigne dans 9 cas sur 10. Ces dernières années, l’Institut national du cancer (Inca) se mobilise pour sensibiliser la population au dépistage, alors que près de 95 % des cas de cancer colorectal surviennent après 50 ans. Ainsi, depuis 2009, les hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans sont invités par courrier à réaliser un test de dépistage tous les deux ans.
Le kit du test de dépistage est remis lors d’une consultation par le médecin traitant, un moment qui vous permettra d’en discuter avec lui afin qu’il réponde à toutes vos questions. Il vous fournira une enveloppe bleue, dans laquelle tout le kit du test est fourni. Ce dépistage à réaliser tous les deux ans est remboursé à 100 % par la Sécurité sociale.
Renouvelé en 2015, il réalise de très bonnes performances puisqu’il détecte 2,4 fois plus de cancers et 3,7 fois plus de lésions précancéreuses que l’ancien test. En outre, alors que ce dernier nécessitait six prélèvements, le nouveau n’en nécessite qu’un seul. Malgré toutes ces avancées pour améliorer l’accès au dépistage, le taux de participation reste trop faible, puisque seulement 33,5 % des personnes visées le font (le taux jugé acceptable au niveau européen est de 45 %). Si les chances de survie lorsque le cancer est limité à la surface interne du côlon s’élèvent à près de 90 %, elles tombent à 70 % dès lors que le cancer a atteint les ganglions proches de la tumeur et à 13 % lorsque le cancer s’est propagé à d’autres organes. De plus, plus la prise en charge est tardive, plus les traitements sont lourds et contraignants.
Et comment ça marche ?
Une fois votre kit de dépistage entre les mains, vous allez prélever un échantillon de vos selles et les placer dans un petit tube hermétique. Ensuite, direction le laboratoire d’analyses où l’on va rechercher des traces de la présence de sang, même microscopiques et invisibles à l’oeil nu. Les statistiques révèlent que 95,5 % des tests reviennent négatifs, dans ce cas, pas de problème et rendez-vous dans 2 ans pour le prochain test. Pour les 4,5 % de tests positifs, cela signifie que l’on a trouvé des traces de sang dans les selles. Cependant, la présence de sang ne signifie pas nécessairement que vous avez un cancer, c’est pourquoi vous serez invité à réaliser une coloscopie qui permettra d’en identifier l’origine.
Il est important d’effectuer ce test régulièrement puisqu’il permet de dépister des cancers débutants, avant l’apparition de symptômes, ou des lésions précancéreuses avant qu’elles n’évoluent en cancer. Si vous souhaitez vous informer un peu plus sur ce test et sur le cancer colorectal, rendez-vous sur le site internet de l’Inca (www.e-cancer.fr).
Montre-moi ton caca, je te dirai comment tu vas
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, nos selles ne sont pas constituées principalement de ce que l’on mange, mais… d’eau ! Elles sont ainsi composées aux trois quarts d’eau et les bactéries représentent un tiers des matières solides, un autre tiers est constitué de fibres non digestibles et le dernier tiers est un cocktail de tous les résidus dont notre corps veut se débarrasser. Publiée en 1997 dans la revue Scandinavian Journal of Gastroenterology, l’échelle de Bristol propose une classification visuelle de nos selles en sept catégories et peut nous aider à détecter le côté obscur de nos intestins. Le type 4 est considéré comme le « caca idéal », mais pas de panique si ce n’est pas votre cas, chacun est différent et cela peut varier en fonction de votre alimentation par exemple. Si vous observez d’importants changements qui perdurent, parlez-en à votre médecin.
Échelle de Bristol
(Traduction de l’échelle originale : Lewis SJ, Heaton KW. Stool from scale as a useful guide to intestinal transit time. Scand J Gastroenterol. 1997 ; 32 : 920-4.)
Par Julie Desriac