HDL, LDL, triglycérides… Vos résultats d’analyse vous semblent indéchiffrables ? Pas de panique ! Nous vous aidons à décrypter.
Le bilan lipidique est un classique des analyses sanguines. Il consiste à vérifier la quantité de graisses présentes dans le sang, afin de prendre des mesures si jamais ces taux sont trop élevés. Plus précisément, il permet de mesurer les taux des HDL et LDL-cholestérol, mais aussi de triglycérides.
À 42 ans, Monsieur G. est sédentaire. Il travaille beaucoup, enchaîne les déjeuners d’affaires et ne trouve pas une minute pour faire du sport. Au fil des ans, il a pris quelques kilos, essentiellement au niveau du ventre. Son médecin lui a prescrit une analyse sanguine, pour s’assurer que « tout va bien » : elle comprendra un bilan lipidique, et la mesure de la glycémie à jeun. Il se lève plus tôt un lundi pour faire son analyse à jeun, dans un laboratoire médical, avant de se rendre au travail. Quand les résultats arrivent, 24 heures plus tard, il est un peu surpris. « Cholestérolémie et triglycérides au-dessus de la norme supérieure. Consultez votre médecin rapidement. »
Des conséquences sérieuses
Un taux de cholestérol élevé constitue un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires. En se déposant le long des parois artérielles, les graisses rétrécissent le diamètre de l’artère et, par conséquent, l’afflux sanguin. Les conséquences potentielles sont multiples : angine de poitrine, insuffisance cardiaque et autres maladies coronariennes. Si une plaque de cholestérol se détache, elle peut également provoquer une attaque cérébrale. Pas de panique : des mesures hygéno-diététiques peuvent faire baisser le taux de cholestérol. Et si cela ne suffit pas, des traitements efficaces existent.
1. Le taux de cholestérol est la mesure totale des lipoprotéines présentes dans le sang. Pour être dans les normes, ce chiffre doit être inférieur à 2 g par litre de sang.
En réalité, on distingue deux types de cholestérol :
2. Le HDL cholestérol est également connu sous le nom de « bon cholestérol », car il a la capacité de « capter » le mauvais cholestérol présent dans le sang pour le ramener vers le foie afin de l’éliminer. Pour être dans les normes, le taux de HDL dans le sang doit être supérieur à 0,35 g par litre de sang.
3. Le LDL cholestérol a, quant à lui, mauvaise réputation, et pour cause : en circulation dans le sang, il s’accumule sur les parois des artères, créant ainsi des plaques (athéromes), potentiellement responsables de maladies cardiovasculaires. Pour être dans les normes, le taux de LDL-cholestérol doit être idéalement inférieur à 1,6 g par litre de sang.
4. Les triglycérides sont une autre forme de lipides présents dans le sang. Leur taux doit être inférieur à 1,5 g/l.
L’aspect du sérum donne une indication sur la concentration en triglycérides. Si le sérum n’est pas limpide, le taux de triglycérides est trop élevé.
Même si cela ne fait pas partie du bilan lipidique, la mesure de la glycémie à jeun est parfois demandée en complément. Elle consiste à vérifier le taux de sucre dans le sang. Au-delà de 1,20 g/l, il y a un risque de diabète et des analyses complémentaires peuvent être nécessaires.
Interview Dr Jean-Michel Lecerf – Chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille*
Quelles sont les raisons pour lesquelles on prescrit un bilan lipidique ?
Jean-Michel Lecerf : Il peut être prescrit si un patient a un ou plusieurs facteurs de risque de maladie cardiovasculaire (hypertension, obésité, diabète, sédentarité…). Il existe également une forme familiale d’hypercholestérolémie. Si un membre proche de la famille est atteint, il faut vérifier son propre taux de cholestérol et chercher une éventuelle cause héréditaire. Enfin, il peut s’agir d’un simple dépistage.
À quel âge et à quelle fréquence doit-on se faire dépister ?
J.-M. L. : Le dépistage devrait être systématique au début de la vingtaine. Lorsque les résultats sont normaux, et en l’absence de toute évolution des facteurs de risque (obésité, etc.), il suffit de refaire une analyse autour de 40 ou 50 ans, puis plus régulièrement après 50 ans. Après 75 ans, si on n’a jamais eu d’hypercholestérolémie, il n’y a plus de raison de se faire dépister : il est peu probable que cela évolue.
Si une analyse de dépistage est « mauvaise », que faut-il faire ?
J.-M. L. : Ne pas se précipiter ! Il convient d’abord de contre-vérifier les résultats et de rechercher une cause éventuelle : certains médicaments (pilule contraceptive, parfois) ou certaines maladies peuvent faire augmenter le taux de cholestérol. En cas d’hypercholestérolémie avérée, on recommande d’abord des mesures hygéno-diététiques : éviter les graisses saturées, augmenter l’activité physique, arrêter de fumer… Souvent, ces mesures suffiront à faire baisser le taux. En fonction du profil de la personne ou si ces mesures ne suffisent pas, on peut prescrire, en complément, un traitement.
Comment fonctionnent ces traitements ?
J.-M. L. : Il existe deux types de médicaments. Les statines ont pour objectif de diminuer la synthèse du cholestérol, tandis que les hypolipémiants facilitent la « capture » du mauvais cholestérol. Les résultats sont excellents dans la plupart des cas.
* Auteur de « Le cholestérol décrypté », édition SOLAR Santé, 5,90 €
Par Mathilde Regnault