Sur internet, dans la presse, sur les forums… le même conseil circule : pour prévenir les mycoses récidivantes, évitez le sucre ! Un conseil de bon sens quand on sait les dégâts du sucre sur l’organisme, mais que dit vraiment la science ? Ce régime peut-il être efficace contre les champignons ?
La tendance du « régime anti-mycose »
Aux États-Unis c’est un véritable phénomène, regroupant de plus en plus d’adeptes : le « candida diet », à savoir le régime anti-mycose. L’idée est d’adopter un régime particulier, pour éviter la survenue de mycoses récidivantes ou systémiques, qui touchent tout l’organisme. Parmi les grands préceptes de ces régimes : la consommation accrue de yaourt nature, l’interdiction des fruits, du lait, de la levure et des sucres raffinés.
Pour proliférer, le candida, champignon responsable des mycoses, aurait besoin de sucre, puisqu’il participe au recyclage des déchets organiques et fonctionne en symbiose avec les cellules intestinales. Un excès de sucre favoriserait donc sa prolifération, selon les partisans du régime. Preuve en est : les diabétiques sont plus sensibles aux infections fongiques.
Une littérature bien maigre
Lorsque l’on interroge la littérature scientifique, surprise : seule une dizaine d’études a été publiée sur ce sujet, la plupart en microbiologie. En 1974, une publication scandinave s’intéresse pour la première fois à l’effet des régimes riches en saccharose, et fructose sur le nombre de candidas salivaires. Leurs travaux sont réalisés in vitro, en testant différentes concentrations de sucres, sur des champignons cultivés en boîte de Pétri.
Et les résultats sont encourageants : « Le nombre de colonies de candidas salivaires a été réduit d’environ 60 % avec xylitol (un édulcorant), tandis qu’une légère augmentation a été observée dans les groupes fructose et saccharose ». Face aux mycoses, tous les sucres ne se vaudraient donc pas.
Une étude chez l’homme, il y a 35 ans
La seconde étude qui abonde dans le sens des partisans du régime date de 1984. Publiés dans le Journal of Reproductive Medicine, les travaux sont menés sur 100 femmes souffrant de candidoses génitales récidivantes. Les chercheurs se sont rendu compte que le taux de sucre présent dans les urines était plus élevé chez les femmes atteintes de cette infection. Un taux corrélé à une ingestion excessive de produits laitiers, d’édulcorant et de saccharose. « L’élimination de l’utilisation excessive de ces aliments a entraîné une réduction spectaculaire de l’incidence et de la gravité de la vulvo-vaginite à Candida », explique l’étude. L’échantillon de l’étude reste modeste, et encore faut-il trouver un lien de cause à effet.
Pour l’heure donc, seules quelques études isolées permettent d’aller dans le sens des partisans du régime sans sucre. Pas assez pour émettre des recommandations générales à la population. Néanmoins, diminuer sa consommation de sucres raffinés reste toujours un excellent conseil !
Tous atteints de candidose généralisée ?
Derrière les partisans du régime sans sucre se cachent les défenseurs de la « candidose systémique ». Une pathologie non reconnue, qui part du principe que nous sommes une majorité à être infectés, sans le savoir, par candida.
Si ces candidoses systémiques existent, elles sont loin de toucher toute la population et restent rares. Elles sont la plupart du temps le fait de contamination nosocomiale, à l’hôpital, souvent chez des personnes à qui l’on a posé des cathéters. Plus généralement, les facteurs qui prédisposent aux mycoses sont bien connus : diabète, immunodéficience, traitement par antibiotiques et taux élevés d’estrogènes.
Par Léa Galanopoulo