Une tétine qui tombe par terre, des mains pleines de boue, une bouche collée à une vitre… Autant d’événements récurrents de la vie d’un enfant qui peuvent angoisser certains parents, dont le premier réflexe est de tout nettoyer, afin que “bébé ne tombe pas malade”. Mais ce raisonnement est faussé, basé sur un ensemble d’idées reçues désormais réfutées. Petit tour d’horizon.
Idée reçue n°1 : tous les microbes sont nos ennemis
Pendant des décennies, les enfants, et plus particulièrement les bébés, ont été considérés comme plus fragiles qu’ils ne le sont vraiment. Dans les pays les plus “développés” économiquement, il était recommandé d’entretenir l’environnement de l’enfant afin qu’il soit “propre et sain”, évitant ainsi toute contamination. Or, s’il existe dans la nature des germes dangereux pour la santé des enfants, de nombreux autres jouent, au contraire, un rôle bénéfique. Ainsi, selon l’hypothèse dite “hygiéniste”, aseptiser l’environnement des enfants limite leur contact avec ces microbes “amis” (voir L’hypothèse hygiéniste : quésaco ?).
Idée reçue n°2 : nettoyer, balayer, astiquer pour un bébé en bonne santé
Parents, attention : nettoyer votre logis peut se révéler dangereux pour votre petit, et pour vous aussi ! Pourquoi ? Car produits d’entretien et santé ne font pas bon ménage ! Derrière des slogans attractifs comme “ultra dégraissant”, “désinfectant”, ou encore “élimine jusqu’à 99,9 % de bactéries”, se cachent souvent des compositions de substances toxiques. Lorsque ces substances entrent en contact avec la peau ou les yeux par exemple, elles peuvent engendrer, entre autres, dessèchement de la peau, irritations, crevasses, réactions allergiques, brûlures… L’inhalation de ces produits peut également provoquer des allergies respiratoires, des maux de tête, des nausées… Nettoyer le hochet de votre bébé avec une lingette désinfectante ? Mauvaise idée ! La solution ? Il est fortement recommandé d’utiliser des produits écologiques, plus respectueux de l’environnement et des Hommes – dont votre bout de chou –, voire totalement naturels. Petite astuce : il est possible de fabriquer ses propres produits ménagers à la maison !
Idée reçue n°3 : il faut stériliser les biberons
Stériliser les biberons afin “d’éliminer les microbes” est une pratique plus que courante dans notre société. De nos jours, il existe même diverses techniques de stérilisation (à froid, électrique, chimique…). Mais, quand l’heure du repas a sonné, le biberon n’est déjà plus stérile, en raison notamment de la poudre de lait et de l’eau non stériles qu’il contient. De plus, l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la Santé), la Société française de néonatalogie, le ministère de la Santé ou encore le réseau périnatal de Paris s’accordent sur le fait que la stérilisation n’est pas nécessaire. Elle n’est donc plus recommandée à domicile.
Idée reçue n°4 : bébé ne doit pas côtoyer d’animaux
Certes, les enfants allergiques aux poils d’animaux doivent éviter, ou au moins limiter, le contact avec nos amis les bêtes. Cependant, des études scientifiques se penchant sur la question ont révélé que la présence d’un animal pourrait aider à faire mûrir le système immunitaire des très jeunes enfants. En effet, les bébés ayant vécu au contact de chiens ou de chats développeraient moins d’affections respiratoires (toux, sifflement, rhinite…) et d’infections de l’oreille. Ils nécessiteraient également moins de traitements antibiotiques. Des résultats d’autant plus significatifs chez les enfants ayant grandi au milieu d’animaux, dans une ferme par exemple.
L’hypothèse hygiéniste : quésaco ?
À la fin des années 1980, une hypothèse dite “hygiéniste” a été formulée. D’après cette hypothèse, les environnements très nettoyés et désinfectés des pays “développés”, comprenant donc peu de microbes, seraient responsables de différentes pathologies, parmi lesquelles : – les allergies (rhumes des foins, eczéma…), – l’asthme, pouvant découler d’un rhume des foins, – des maladies de peau, comme le psoriasis, – les pathologies liées à la détérioration de la flore bactérienne (“bonnes bactéries”) du système digestif, telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la maladie de Crohn, certaines formes de cancers… Le système immunitaire des enfants évoluant dans ces environnements aseptisés, n’ayant pas rencontré suffisamment de microbes, va en effet avoir tendance à “surréagir” s’il se retrouve en présence de certaines substances (pollens, poussières, acariens…). Une simple hypothèse ? Pas seulement. En effet, de nombreux résultats scientifiques appuient cette hypothèse hygiéniste, également appelée “hypothèse des vieux amis”, car certains microbes présents dans la nature ou dans nos maisons sont nos amis !
Par Marine Rognone