L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une urgence médicale absolue. Il est essentiel d’en connaître les principaux signes avant-coureurs, et d’appeler le 15 au moindre doute. En effet, une prise en charge rapide réduit considérablement le risque de mortalité et de séquelles.
Si les symptômes de l’AVC varient en fonction de la localisation de la lésion cérébrale, certains signes spécifiques doivent alerter, comme une paralysie, une perte de sensibilité ou un engourdissement d’un membre ou du visage, des troubles de la vue, des difficultés à parler, un mal de tête intense et inhabituel… Ces symptômes ne sont pas anodins et doivent conduire à appeler le 15 sans tarder ! Car dans l’AVC, chaque minute compte. Privés d’apport en sang, et donc en oxygène, les neurones meurent très rapidement, d’où l’adage médical : « Time is brain » [le temps, c’est du cerveau] !
Les plus jeunes, aussi concernés
Si dans l’inconscient collectif, l’AVC est une « maladie de vieux », force est de constater que les plus jeunes, voire les enfants, ne sont pas totalement épargnés. D’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 10 % des victimes d’AVC ont moins de 45 ans.
« En dessous de l’âge de 50 ans, on considère que les AVC sont un peu différents de ceux rencontrés chez les personnes âgées », explique Elena Meseguer, neurologue à l’hôpital Bichat (Paris). Les causes de l’AVC, notamment, ne sont pas exactement les mêmes.
Pas un, mais des AVC
Il existe deux types d’AVC : les AVC ischémiques, ou infarctus cérébraux, qui représentent 80 % des AVC, et les AVC hémorragiques (20 %). Les premiers sont principalement dus à l’occlusion d’une artère cérébrale par un caillot sanguin. La première cause d’AVC ischémique chez le jeune adulte est la dissection des artères carotidiennes et vertébrales, liée à la formation d’un hématome au niveau de la paroi artérielle. Selon sa taille, l’hématome empêche partiellement ou complètement le sang de circuler, et donc d’atteindre le cerveau. L’AVC survient quand le cerveau, ou plutôt une zone du cerveau, n’est pas suffisamment alimentée en sang, et donc en oxygène : c’est ce qu’on appelle l’hypoxie cérébrale.
Des petits caillots de sang peuvent également se former à l’endroit de la dissection et, plus tard, être entraînés dans la circulation sanguine, gagner le cerveau, et boucher une artère essentielle. L’origine de la dissection est encore mystérieuse et ne semble pas relever de facteurs génétiques. « C’est une anomalie qui va probablement arriver qu’une seule fois dans une vie », rassure Elena Meseguer. Le risque de faire un deuxième AVC n’est donc pas majoré. Par ailleurs, les personnes atteintes de dissection ne feront pas toutes un AVC.
Accepter l’inexplicable
Dans environ 40 % des cas d’AVC survenant chez le jeune, aucune cause n’est retrouvée. Si l’absence d’explications fait souvent peur aux patients, qui craignent un deuxième AVC, il s’agit en fait d’une bonne nouvelle pour la neurologue Elena Meseguer. « On sait que le pronostic est plutôt favorable en termes de récidive quand on ne retrouve pas de cause ou quand la cause est une dissection », explique-t-elle.
Chez environ la moitié des patients jeunes ayant fait un AVC de cause inconnue, on retrouve une anomalie cardiaque appelée foramen ovale perméable (FOP). Le foramen ovale est la zone de liaison naturelle entre les deux oreillettes du cœur durant la vie fœtale. Ce passage est fermé dans la majorité des cas au cours de la première année de vie, mais persiste chez environ 25 % de la population générale, prenant alors le nom de foramen ovale perméable.
Du fait de cette jonction préservée entre l’oreillette droite et l’oreillette gauche chez les patients avec FOP, des caillots sanguins éventuellement présents dans la circulation veineuse sont à même de passer dans la circulation artérielle, voire cérébrale. Si après investigation, le FOP est pointé du doigt dans l’AVC, une petite opération peut être envisagée pour le fermer. « La fermeture du FOP permet dans ce cas-là de prévenir la récidive ! », indique Elena Meseguer.
Parfois, mais très rarement, l’AVC relève de causes plus graves, comme des grosses malformations cardiaques, des maladies héréditaires ou des cancers.
« Chez les enfants, on observe plutôt des phénomènes hémorragiques, les AVC ischémiques étant très rares avant 18 ans », indique la neurologue. Les AVC hémorragiques, contrairement aux AVC ischémiques, ne sont pas dus à un vaisseau qui se bouche, mais à un vaisseau qui se rompt.
Des facteurs de risque modifiables
« L’hypertension n’est pas l’apanage des personnes âgées, elle touche aussi les jeunes. » Dr Elena Meseguer, neurologue à l’hôpital Bichat (75)
Le principal facteur de risque de l’AVC est l’hypertension artérielle. « L’hypertension n’est pas l’apanage des personnes âgées, elle touche aussi les jeunes, prévient Elena Meseguer. Elle est par ailleurs plus fréquente et précoce chez les sujets à la peau noire », précise-t-elle. D’autre part, la survenue d’une hypertension au cours de la grossesse augmente le risque d’AVC des années plus tard. Le tabagisme, le cholestérol, la prise de drogues viennent également majorer ce risque. Sans oublier la contraception hormonale, chez la femme. La migraine avec aura est également associée à un risque plus élevé d’AVC. « Heureusement, beaucoup sont des facteurs de risque modifiables », explique Elena Meseguer. Un conseil universel, qui permet de prévenir l’AVC, et pas que : faire attention à son hygiène de vie !
Accident ischémique transitoire (AIT) : des symptômes brefs, mais à ne pas prendre à la légère
Les symptômes de l’AIT sont les mêmes que ceux de l’AVC, mais durent beaucoup moins longtemps. Aussi soudains que brefs, ils disparaissent en quelques minutes, car l’obstruction du vaisseau se résorbe d’elle-même. Ainsi, l’AIT passe généralement inaperçu. Mais il est dangereux de le négliger, car c’est un signe avant-coureur d’AVC. En effet, il y a un risque élevé de faire un AVC dans les heures ou les jours qui suivent un AIT. Un soupçon d’AIT doit impérativement conduire à consulter en urgence.
Quelle prise en charge ?
L’urgence consiste tout d’abord à déboucher l’artère en question, en cas d’AVC ischémique, et à contenir l’hémorragie en cas d’AVC hémorragique. Afin de prévenir la récidive, le patient est généralement mis sous médicaments destinés à fluidifier le sang, pour éviter la formation de caillots.
- 10 % des victimes d’AVC ont moins de 45 ans
Par Clémentine Vignon