Qu’est-ce que le mal des transports ?
Vous l’aurez remarqué, c’est principalement en bus, en voiture et en bateau que le mal des transports est le plus fréquent.
En cause : les mouvements du véhicule y sont plus importants qu’en train ou en avion, qui ont des vitesses généralement plus stables pendant le trajet. Éric Housieaux, pharmacien d’officine et professeur associé à la faculté de pharmacie d’Amiens, confirme : « ce sont les roulis qui rendent malades et plus précisément la différence existant entre le mouvement enregistré par les yeux et l’immobilité perçue par l’oreille interne ».
Une histoire de concentration
Pour mieux supporter le voyage, la prise de médicaments n’est pas systématique, car c’est avant tout une affaire de concentration. En effet, lorsque vous marchez ou conduisez, votre cerveau visualise les mouvements et les anticipe, minimisant les effets sur votre organisme : cela explique pourquoi vous n’êtes jamais malades lorsque vous êtes à vélo par exemple. D’ailleurs, les conducteurs ne sont jamais malades ! Par contre, si vous n’êtes pas attentif à la route, lorsque le véhicule ralentit brusquement ou roule sur une bosse, votre cerveau est surpris et n’a pas le temps d’anticiper. Votre corps vous envoie alors un signal de détresse : stress, nausées, vomissements, etc.
Quelques règles de base avant de partir
- Il est préférable de rester concentré sur la route pour éviter d’être malade. Si vous êtes habituellement sensibles aux longues distances, abandonnez donc l’idée de lire le dernier roman de votre auteur préféré ou de regarder la dernière palme d’or…
- Autre conseil : mangez léger ! Les longs trajets ne sont pas propices à la digestion, prévoyez donc de faire des pauses avec encas toutes les deux heures plutôt qu’un gros repas avant de partir.
- Une bonne nuit de sommeil vous aidera aussi à supporter le voyage : la fatigue ne serait qu’un facteur aggravant à votre sensibilité et vous ne risquez pas de dormir si vous vous sentez mal.
Les enfants pas plus concernés
Si les enfants semblent plus souvent concernés, c’est seulement à cause de leur inattention ! Eh oui, les bandes dessinées, livres, tablettes et smartphones assurent le silence, mais les distraient aussi de regarder la route, ce qui peut les rendre malades.
Les réhausseurs et sièges surélevés ont d’ailleurs l’avantage de permettre de voir les paysages et de pouvoir se concentrer sur l’extérieur. Les « jeux » de repérage de voitures de la même couleur ou de décompte des ponts, qui étaient autrefois légion lors des longs trajets en vacances, avaient cet avantage de devoir se focaliser sur l’extérieur et limitaient la déconcentration à l’origine des troubles des transports.
Bus, bateau…
- Concernant les voyages en bus, il est conseillé aux personnes qui peuvent être malades de se placer devant si possible pour pouvoir regarder la route et donc se concentrer sur celle-ci.
- Si vous devez prendre le bateau et que vous craignez les vagues, placez-vous au niveau du centre de gravité du bateau et non aux extrémités : les sensations seront moins fortes et les haut-le-cœur atténués.
Demandez conseil à votre pharmacien !
Du côté des solutions disponibles sans ordonnance, votre pharmacien pourra vous proposer d’emporter avec vous différents produits selon les situations : bracelets avec point d’acupuncture, huiles essentielles, homéopathie, allopathie, etc.
- Pour notre pharmacien interrogé : « en première intention, il est utile d’avoir recours à l’homéopathie. Cocculine (laboratoires Boiron) a l’avantage de ne pas avoir d’effets secondaires et on peut le donner aux enfants dès l’âge de 18 mois. »
Chez l’enfant, pour éviter les fausses routes, il est conseillé de dissoudre les comprimés de Cocculine dans de l’eau.
- Si l’homéopathie ne suffit pas à éviter le mal des transports, l’allopathie peut vous aider : « les médicaments disponibles sur le marché sont principalement des antihistaminiques H1 de première génération. Ces médicaments sont très efficaces, mais peuvent présenter des effets indésirables gênants comme la somnolence. Par ailleurs, du fait de leurs contre-indications et interactions médicamenteuses nombreuses, il est indispensable de demander conseil à son pharmacien avant de les prendre », souligne Éric Housieaux.
Les traitements les plus connus sont Mercalm, Nausicalm et Nautamine. Nausicalm étant disponible sous forme de sirop, donc plus adapté aux jeunes enfants.
Risques de phlébites : pour tous !
Contrairement aux idées reçues, les risques de phlébites (la formation d’un caillot de sang dans une veine, le plus souvent au niveau du mollet) ne sont pas réservés aux femmes ni aux longs voyages en avion, comme l’explique le pharmacien : « le risque de phlébites est le même que l’on voyage en bus ou en avion : c’est l’immobilité qui entraîne la mauvaise circulation, pas l’altitude. » La solution est donc de se lever régulièrement pour marcher, ce qui est plus ou moins possible selon le mode de transport. Autre point à prendre en compte : la durée du trajet. « Plus le trajet est long et plus le risque augmente, précise Éric Housieaux, car la position assise diminue la circulation dans l’organisme ».
La solution à ce risque existe : les bas ou chaussettes de contention. S’ils ne bénéficient pas d’une réputation esthétiquement avantageuse, ils sont très efficaces, ce qui reste le plus important ! Disponibles en pharmacie, ils peuvent être remboursés s’ils font l’objet d’une prescription médicale.
Les femmes enceintes : ne prenez pas de risques
Souvent sujettes aux nausées, les femmes enceintes peuvent aussi souffrir du mal des transports. Attention cependant : avant tout long trajet, demandez à votre gynécologue si, en fonction du stade de votre grossesse et de son déroulement, vous pouvez partir pour un long voyage. Du côté médicamenteux, hors de question de prendre des médicaments sans avis médical !
Le stress parfois insurmontable de l’envol
Certaines personnes appréhendent les voyages en avion et se demandent comment atténuer leur anxiété.
- Contre le stress, différentes solutions sont possibles, notamment en homéopathie avec Gelsenium, Ignatia ou encore les spécialités Zenalia ou Sédatif PC.
- La phytothérapie est également recommandée : valériane et passiflore ont des vertus anxiolytiques reconnues.
- Si le stress est trop important, la prescription d’anxiolytiques est possible, mais nécessite une consultation médicale.
- Des prises en charge spécialisées : des compagnies aériennes proposent des stages, encadrés par des psychothérapeutes, pour apprivoiser la situation et ne plus appréhender les voyages.
Personnes âgées : méfiez-vous des interactions médicamenteuses
Les personnes âgées souffrent souvent de pathologies chroniques avec différents traitements associés. Il est indispensable de demander conseil au pharmacien qui pourra, en fonction des médicaments déjà prescrits par le médecin, identifier les possibles interactions qui pourraient diminuer l’efficacité de ces traitements en cours, voire entraîner des effets secondaires graves.
Gaëlle Monfort
Sea, sex and sun
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Pilule et décalage horaire
Si vous prenez une pilule dite œstroprogestative, n’oubliez pas que le décalage dans les prises ne doit pas dépasser 12 heures. Attention si votre pilule est uniquement progestative comme Microval (généralement prescrite aux femmes qui ont des contre-indications aux œstrogènes) : le décalage ne doit pas dépasser 3 heures. Il faut donc être très attentive et ne pas hésiter par exemple à mettre un rappel sur votre téléphone.
Ordonnances
En cas de traitements chroniques, la prise des médicaments doit être régulière pour être efficace. N’hésitez pas à emporter avec vous les ordonnances (rédigées par votre médecin avec la dénomination commune internationale) pour pouvoir vous les procurer sur place si besoin (perte de votre valise, nombre de comprimés insuffisants, etc.).
Jet-lag ?
Pour mieux vivre le décalage horaire, il n’y a pas de solution miracle.
Le mieux est d’anticiper en décalant éventuellement l’heure du lever ou du coucher et en essayant de se reposer au maximum avant le départ. Côté médicaments, rien n’existe pour éviter le jet-lag : « on peut éventuellement essayer les médicaments à base de mélatonine si le voyage s’effectue de l’ouest vers l’est », propose l’expert interrogé.