Qu’est-ce qu’une bronchiolite ?
Une bronchiolite virale aiguë est une infection virale des petites bronches, des bronchioles avec une hypersécrétion et un spasme des bronches. Elle est le plus souvent due au virus respiratoire syncytial (VRS), mais parfois aussi à d’autres virus (rhinovirus ou virus responsable du rhume, virus de la grippe, etc.). La bronchiolite concerne les nourrissons de moins de 1 an.
Les symptômes les plus courants sont une toux, un encombrement bronchique avec sifflements ou une gêne respiratoire. La gravité de la bronchiolite est en partie liée à l’âge du nourrisson, mais elle guérit généralement sous 8 à 10 jours, sans séquelles.
Chez les nourrissons de moins de 1 mois et demi
Chez les tout-petits, cela commence souvent par un encombrement nasal puis l’apparition de signes respiratoires et notamment une respiration plus rapide que d’ordinaire. Il peut y avoir une fièvre dans les 48 premières heures de l’infection, mais elle est peu élevée. Autre signe qui doit inquiéter : l’intolérance alimentaire, c’est-à-dire si l’enfant ne veut plus manger ou mange beaucoup moins que les autres jours.
Si l’enfant est encombré et mange moins de 50 % de sa ration alimentaire habituelle, il faut consulter, comme l’explique le Pr Ralph Epaud : « Les enfants ont des signes de lutte moins marqués, mais peuvent faire des pauses respiratoires qui passent parfois inaperçues. Pour ces raisons, il est conseillé de consulter rapidement à cet âge. »
Chez les nourrissons à partir de 3-4 mois
À partir de 3 mois, les signes respiratoires de la bronchiolite sont plus classiques : sifflements des bronches, encombrement bronchique important, signes respiratoires marqués avec tirage intercostal, battement des ailes du nez… « Ce sont des signes qui alertent bien entendu de l’infection, mais qui sont plus impressionnants que graves », rassure le Pr Epaud. L’intolérance alimentaire peut également être un signe d’alerte à cet âge bien qu’il soit moins important.
« C’est parfois frustrant pour les parents, car il n’y a pas de traitement miracle à la bronchiolite : c’est un virus ! »
Quel est le traitement ?
« C’est parfois frustrant pour les parents, car il n’y a pas de traitement miracle à la bronchiolite : c’est un virus !, insiste notre expert. La prise en charge consiste donc principalement à traiter les symptômes et aider l’enfant à respirer le mieux possible pour mieux dormir, mieux s’alimenter, etc. La fièvre est généralement peu élevée et très brève, mais peut être traitée avec du paracétamol. »
Le diagnostic est clinique et l’observation des symptômes suffit à faire le diagnostic par le médecin traitant, il n’y a pas de nécessité de faire une radio ou une prise de sang systématique. Ensuite, quelques conseils simples peuvent soulager l’enfant.
Le premier : bien laver le nez de l’enfant. Pour ça, rien ne vaut la pipette ou le spray de sérum physiologique, en répétant le lavage 4 à 6 fois par jour pour éliminer les sécrétions, de préférence avant les repas et avant le coucher.
Pour aider l’enfant à mieux dormir, vous pouvez surélever sa tête de 30° en plaçant une couverture ou un oreiller sous le matelas pour diminuer le risque de régurgitations, favorisées par l’encombrement. Attention : il est important de laisser l’enfant sur le dos.
« L’environnement est aussi à prendre en compte : il est indispensable d’aérer la chambre de l’enfant, de maintenir une température autour de 19 °C, et, très important, de ne pas fumer, car le tabagisme passif irrite les bronches de tous, encore plus des enfants aux bronches déjà irritées par la maladie », rappelle le Pr Epaud.
Et les séances de kinésithérapie ?
Très en vogue dans les années 1990 en France, des séances de clapping et de kinésithérapie ont été prescrites à de nombreux enfants. Pourtant, les études vont désormais toutes dans le même sens : l’apport de ces séances sur le temps de guérison de la bronchiolite n’est pas démontré. Il a été démontré que les nettoyages de nez étaient aussi efficaces que les séances de kinésithérapie.
Les aérosols sont‑ils utiles ?
Pour le Pr Epaud : « Les aérosols, le salbutamol, la ventoline, etc. n’ont, contrairement à ce que pensent de nombreux parents, pas d’indication systématique dans la bronchiolite. De même, les corticoïdes n’ont pas montré d’effet bénéfique dans cette indication. Enfin, les antibiotiques sont inutiles face à une infection virale. Ils ne seront prescrits qu’en cas de surinfection, par exemple des complications de la bronchiolite comme une otite ou une pneumonie bactérienne, mais ce sont des cas rares. »
Cela entraîne-t-il de l’asthme plus tard ?
C’est une question qui inquiète souvent les parents. Le Pr Epaud explique : « À partir de trois épisodes de bronchiolites ou sifflement récurrent (terminologie anglophone), qui correspondent à une sensibilité excessive des bronches à l’inflammation provoquée par un virus ou une poussée dentaire par exemple, on parle d’asthme du nourrisson. Dans ce cas, on met en place un traitement de fond à base de corticoïdes inhalés. Il a pour objectif de prévenir et protéger les bronches contre cette hypersensibilité bronchique, d’où l’importance d’être pris sur du long terme, 3 mois minimum, pour être efficace. »
Quels signes doivent alerter les parents ?
- Les enfants de moins de 3 mois sont à surveiller de façon rapprochée pour le Pr Epaud : « En cas de signes respiratoires qui s’aggravent, de sommeil très perturbé et si l’enfant est très encombré, une fièvre qui apparaît, il faut aller aux urgences. »
- Chez les nourrissons de plus de 3 mois, il faut surveiller et consulter son médecin traitant dans les 48 heures si : – les signes respiratoires s’aggravent – l’enfant mange environ deux fois moins pendant 24 à 48 h (visible au niveau des quantités de lait ingérées).
À éviter !
Pour protéger les nourrissons des épidémies hivernales, voici quelques conseils simples pour tenter d’échapper aux virus :
- Éliminer tout tabagisme dans l’entourage de l’enfant
- Éviter les lieux publics si possible pour les plus petits (transports en commun, supermarchés) et les collectivités (crèche, etc.)
- Éviter les échanges de biberons, tétines, couverts, jouets, etc. entre enfants d’une même fratrie
- Se laver les mains régulièrement notamment après l’usage de mouchoirs (qui doivent être à usage unique)
- Éviter d’embrasser le nourrisson en cas de rhume
Par Gaëlle Monfort, en collaboration avec le Pr Ralph Epaud, chef du Service de pédiatrie du CHIC de Créteil et responsable du Centre de référence des maladies respiratoires rare