Sans alerte, l’enfant se met à hurler dans son lit, endormi, sans possibilité de le calmer. Ce sont les terreurs nocturnes. Ce trouble du sommeil est spectaculaire, transitoire et sans danger, mais pas sans angoisse pour les parents. Nous vous expliquons tout.
Ne pas confondre cauchemar et terreur nocturne
Lors d’une terreur nocturne, l’enfant se dresse brusquement pendant son sommeil, se met à hurler ou à sangloter. Les cris sont particulièrement perçants et réveillent les parents en sursaut qui voient leur enfant semblant percevoir des choses très effrayantes et présentant des signes caractéristiques de la peur. Il est rouge, en sueur, son cœur paraît s’emballer et sa respiration est accélérée. Parfois, il parle, mais de manière incompréhensible ou incohérente. Il a les yeux ouverts, mais le regard vide. En réalité, il n’est pas réveillé et n’est pas conscient (ou pas tout à fait) de ce qu’il fait. La crise peut durer de 1 à 20 minutes et s’arrête aussi brusquement qu’elle a démarré. Le lendemain, l’enfant ne se souvient de rien.
Quand et pourquoi la crise se produit-elle ?
Très impressionnantes, les terreurs nocturnes sont fréquentes chez certains enfants avant l’âge de 6 ans et sans danger. Elles sont liées à la maturation du sommeil et à l’installation des rythmes veille/sommeil.
Les crises interviennent au cours du sommeil lent profond, au moment du passage vers le sommeil paradoxal (celui des rêves), 1 à 2 heures en moyenne après l’endormissement (voir schéma). Elles peuvent également se produire lors d’un nouveau cycle de sommeil, plus tard dans la nuit.
Elles peuvent se répéter (rarement toutes les nuits), tous les mois pendant 1 ou 2 ans par exemple, puis disparaissent d’elles-mêmes, au plus tard à l’adolescence.
Quels sont les facteurs de risque ?
Ce sont les enfants de 3 à 6 ans qui présentent le plus de terreurs nocturnes. Les garçons semblent d’ailleurs être plus sujets que les filles. Les plus jeunes pourraient également faire des crises, mais elles sont plus difficilement identifiables chez un nourrisson. Les études ont montré qu’il existe une prédisposition génétique aux éveils partiels en sommeil lent profond. Plusieurs troubles du sommeil coexistent parfois (terreurs nocturnes, somnambulisme, somniloquie : parler pendant son sommeil) ou se succèdent.
Des facteurs de risque ont été identifiés chez l’enfant et l’adulte :
- fatigue (se coucher plus tard que d’habitude par exemple),
- privation de sommeil ou irrégularité des heures de sommeil,
- environnement de sommeil bruyant,
- fièvre,
- effort physique inhabituel,
- changement dans le quotidien (séparation, déménagement, rentrée scolaire…),
- certains médicaments,
- apnées du sommeil,
- asthme,
- reflux gastro-oesophagien.
Que faire lors d’une crise ?
Bien qu’impressionnante, il est préférable de ne pas intervenir lors de la crise : ne pas chercher à le consoler, ne pas le réveiller, ne pas le toucher. L’intervention pourrait déclencher des réflexes de défense de l’enfant, voire prolonger la crise. Cependant, il est important d’observer pour veiller à ce que l’enfant ne se blesse pas (coin de meuble pointu, chute du lit par exemple) et éventuellement de prononcer des paroles calmes et rassurantes. L’enfant n’aura aucun souvenir de la crise. Il n’est pas conseillé de lui en parler, afin de ne pas l’angoisser, sauf si cela vient de lui.
Créer des rythmes du sommeil, compenser la fatigue par une sieste…
Il est difficile de prévenir les crises, notamment en cas de prédisposition génétique, mais il est possible d’intervenir au stade des facteurs de risque tels que le manque de sommeil. En cas de nuit courte, il convient de compenser par une sieste. Une fois encore, le temps passé devant les écrans (tous les écrans : télévision, tablette, ordinateur, téléphone, jeux vidéo) doit être limité en journée et réduit à néant en soirée. La mise en place d’une routine avant le dodo, dans une atmosphère calme et apaisante, avec une histoire (en évitant les contes terrifiants ou violents…), peut aider à rassurer votre enfant et lui permettre de bien profiter des bras de Morphée.
Trop de crises, fatigue chronique : il faut consulter
Si les crises sont très fréquentes, durables et perturbent le sommeil de l’enfant et de toute la famille, si l’enfant est fatigué au quotidien ou s’il risque de se blesser, un protocole d’ « éveil programmé » peut être mis en place avec l’aide d’un spécialiste du sommeil.
Il consiste dans un premier temps à identifier les heures auxquelles se produisent les crises (observation pendant 2 à 3 semaines). Il s’agit ensuite de réveiller l’enfant 15 à 30 minutes avant l’heure identifiée et de le laisser éveillé pendant 5 minutes (l’amener aux toilettes, lui faire boire un verre d’eau). Ce protocole peut être renouvelé pendant quelques semaines. Dans la plupart des cas, au bout d’un mois, les terreurs nocturnes ne réapparaissent plus.
Dans le cas contraire, un enregistrement polysomnographique peut être réalisé à l’hôpital pour analyser le sommeil et éventuellement initier un traitement adapté.
- À noter qu’aucun médicament contre les terreurs nocturnes n’a d’autorisation de mise sur le marché chez l’enfant. En cas de survenue à l’âge adulte, il peut être proposé la paroxétine (antidépresseur) ou, le soir (30 à 45 minutes avant le coucher), la mélatonine ou la carbamazépine.
- En général, les terreurs nocturnes ne semblent pas être liées à une anxiété ou à une éducation inadaptée. Cependant, si elles persistent pendant des années, ou sont très fréquentes, elles peuvent être associées à une angoisse, un état de stress ou une anxiété. Dans ces cas, une psychothérapie peut être conseillée.
Les principaux troubles du sommeil
- Insomnies : sommeil insuffisant, de mauvaise qualité et non récupérateur. Elles peuvent être transitoires ou chroniques. Elles sont d’origines très diverses (psychologique, secondaire à la consommation de médicaments, d’alcool ou de drogue, neurologique, psychiatrique…).
- Hypersomnies : excès de sommeil avec la sensation d’avoir en permanence envie de dormir, voire des endormissements involontaires (ex. narcolepsie).
- Parasomnies : manifestations comportementales inhabituelles pendant le sommeil. Elles sont plus fréquentes chez les enfants et les adolescents. Elles apparaissent pendant le sommeil lent profond (somnambulisme, terreurs nocturnes…) ou pendant le sommeil paradoxal (cauchemar, gestes anormaux voire violents, catathrénie : grognements ou vocalises monotones, bruxisme : grincement de dents, énurésie : pipi au lit…).
- Troubles du rythme circadien : dysfonctionnements de l’horloge interne induisant un décalage des horaires de sommeil et des moments d’éveil.
De combien d’heures de sommeil par jour un enfant a-t-il besoin ?
- De 0 à 3 mois : entre 14 et 17 heures
- De 4 à 11 mois : entre 12 et 15 heures
- De 1 à 2 ans : entre 11 et 14 heures
- De 3 à 5 ans : entre 10 et 13 heures
- De 6 à 13 ans : entre 9 et 11 heures
- De 14 à 17 ans : entre 8 et 10 heures
- De 18 à 25 ans : entre 7 et 9 heures
Par Marianne Carrière & Gaëlle Monfort