Bas, collants… À qui s’adressent ces dispositifs ? À quoi servent-ils vraiment ? Faut-il seulement les mettre en été ? Réponses avec le Dr Combes, médecin vasculaire.
Attention : abus de langage ! “Nos patients parlent de contention, mais il y a une confusion : il faut dire compression, explique le Dr Pierre Combes, médecin vasculaire, car il ne faut pas confondre les deux : la contention est l’utilisation d’une bande non élastique alors que la compression est le recours à une bande élastique.”
Bas, collants, à quoi ça sert ?
Il y a plusieurs objectifs à la compression veineuse :
- soulager des symptômes comme la sensation de jambes lourdes ou diminuer l’oedème aux jambes (sensation de rétention d’eau).
- prévenir des complications :
– la survenue d’une phlébite (thrombose veineuse) liée à une immobilisation prolongée (alitement postopératoire, long voyage, etc.) ou les séquelles d’une phlébite (syndrome post-thrombotique).
– la survenue d’une altération de la peau liée aux varices comme un eczéma variqueux (squames et démangeaisons) et une dermite (peau de couleur ocre).
- soigner les personnes souffrant d’un ulcère qui ne cicatrise pas (souvent au niveau des chevilles), ou encore d’un lymphoedème (stagnation de la lymphe).
Je n’arrive pas à les mettre…
Pas question de laisser vos bas dans le tiroir s’ils vous ont été prescrits ! En cas de difficultés, il faut en parler avec votre médecin ou votre pharmacien. Une réévaluation est tout à fait possible et peut-être même vous faut-il un modèle sur mesure. Il existe également des enfile- bas qui facilitent grandement l’enfilage. Dans certaines situations, le médecin peut aussi prescrire une superposition des compressions (par exemple un bas de force 2 sur un bas de force 1), le plus souvent pour contourner les difficultés liées à l’enfilage. Une astuce (pour les dames), est d’enfiler le bas de compression sur un autre bas ou mi-bas classique mis préalablement : il est plus facile de faire glisser deux tissus l’un sur l’autre.
> Concernant le bon moment pour enfiler les bas, il faut en parler avec le médecin : il est souvent excessif de s’imposer de les enfiler avant le lever. Tout dépend de la raison médicale, n’hésitez pas à demander conseil !
La compression pour tous ou presque
La compression s’adresse aux personnes souffrant d’une maladie variqueuse (les varices), aux personnes qui voyagent et aux personnes à risque de phlébite : ça en fait du monde ! Le risque de survenue de phlébite augmente avec l’âge. Parmi les autres facteurs de risque, on note les maladies graves (cancer), la grossesse, les antécédents familiaux de phlébite, l’obésité, les traitements hormonaux, des maladies génétiques, etc.
Qu’est-ce que la phlébologie ?
C’est la spécialité médicale qui s’occupe des maladies de nos veines. Le phlébologue diagnostique et traite les problèmes de circulation veineuse comme les varices, les jambes lourdes, les sensations de rétention d’eau, les crampes, mais aussi les problèmes de phlébite et de lymphoedème. Le plus souvent, le médecin exerce au titre d’angiologue ou médecin vasculaire.
L’avion, mais pas seulement !
Que vous voyagiez en avion, en train ou en voiture, le risque est proche : c’est la durée d’immobilisation qui importe ! Celle-ci entraîne un ralentissement du sang dans l’organisme conduisant à sa coagulation sous la forme d’un caillot (thrombus). Donc 6 heures de voiture d’un trait justifient autant la compression veineuse qu’un vol ou qu’un long trajet en train.
Les différentes formes et forces de compression veineuse
- D’un côté, il y a la compression veineuse des patients opérés, antithrombose (AT) pour ceux qui doivent rester allongés, et qui possède un tissage spécifique. Ce sont généralement des bas blancs.
- De l’autre, la compression veineuse des personnes qui marchent. Celle-ci a des formes et des forces variables. Mais la forme ne modifie pas l’efficacité : dans tous les cas, l’action de la force de compression est au maximum au niveau du pied et de la cheville puis dégressive vers le haut. Les bas (cuisses) tiennent grâce à des bandes de silicone qui se fixent à la peau et les empêchent de glisser. En cas d’allergie au silicone, les collants qui en sont dépourvus sont à privilégier.
- Désormais, il existe un large choix de matières (coton, synthétique, bambou, mixtes…) de couleurs et même de motifs, permettant à chacun de joindre l’objectif thérapeutique au plaisir de porter. La compression peut être pied ouvert pour libérer les orteils.
Les 3 formes usuelles de compression :
- bas jarret ou chaussettes
- bas cuisse
- collants
Pour chaque forme, différentes tailles sont possibles selon les mensurations des patients. Si aucune taille ne convient, il est possible d’en faire réaliser sur mesure ou de porter les bandes de compression. D’ailleurs, il est indispensable que le pharmacien ou le prothésiste fassent des mesures précises des jambes pour que le dispositif commandé soit parfaitement adapté.
Les forces* de la compression vont de 1 à 4…
… de la plus faible à la plus forte. La force 1 est dite faible, considérée sans activité thérapeutique (sauf en superposition) et dite plutôt de confort. Les forces de 2 à 4 sont utiles pour les problèmes médicaux. Les forces de compression les plus couramment prescrites sont les forces 2 et 3. C’est le médecin qui prescrit l’intensité de la force de compression, en fonction de l’indication médicale.
* aussi appelées classes, force 1 = classe 1
Port temporaire ou à long terme ?
Tout dépend de l’indication ! Généralement, on préconise un port temporaire pour tout ce qui est voyage ou jambes lourdes, pendant la grossesse, etc. Par contre, pour les phlébites à répétition et leurs complications, le lymphoedème, la compression doit être prolongée pour être efficace.
Quand consulter ?
En cas de douleurs chroniques aux jambes, de sensation de jambes lourdes, il faut en parler avec son médecin traitant. Selon les symptômes et les antécédents, il évaluera l’intérêt des bas ou s’il est préférable d’aller consulter un spécialiste vasculaire, l’angiologue ou phlébologue.
Contre-indications
Comme tout dispositif médical, les bas de compression ne doivent être portés que sur indication médicale précise, en respectant leurs contre-indications. La contre-indication peut être en lien avec une maladie de peau ou une allergie au silicone (pour les bas autofixants). L’artériopathie des membres inférieurs (les artères qui se bouchent) dans sa forme évoluée, en particulier jambière, est la principale contre-indication.
Remboursement
La prise en charge par la Sécurité sociale des bas de contention est variable en fonction des marques et modèles. Le remboursement peut être partiel ou intégral (100 %). Le remboursement nécessite une ordonnance de votre médecin ou de votre sage-femme. Les dispositifs d’enfilage sont parfois aussi remboursés. Les règles de délivrance ont été récemment précisées : actuellement, le remboursement est limité à 4 paires par an, jusqu’à 8 paires sur justification médicale.
Des bas à changer régulièrement
Il est important de rappeler que les bas doivent être changés d’autant plus souvent qu’ils sont portés. Au fil des ports, la force de compression diminue. Porter les mêmes bas pendant plusieurs années devient inutile puisque l’efficacité médicale a disparu… En utilisation régulière, il est recommandé un renouvellement tous les 6 mois, pour maintenir la compression souhaitée.
Pour en savoir plus
L’espace patient du site de la Société française de phlébologie propose une information complète sur le sujet : http://www.sf-phlebologie.org/
Dossier réalisé par Gaëlle Monfort, avec la collaboration du Dr Pierre Combes, médecin vasculaire à Biarritz et membre de la Société française de phlébologie.