La Journée mondiale des donneurs de sang, fixée au 14 juin de chaque année, est l’occasion pour la famille Duval d’aborder le sujet du don de sang et pour le père, Thierry, de franchir le cap!
Nous sommes le 14 juin 2017, Journée mondiale des donneurs de sang. Partout en France, des camions de l’Établissement français du sang (EFS) parcourent les villes afin d’aller à la rencontre des donneurs. Un camion s’est notamment installé pour la journée dans le lycée de Manon, la fille cadette des Duval. Des affiches de sensibilisation placardées sur le camion rappellent le principal objectif de l’EFS : assurer l’autosuffisance en produits sanguins en France pour répondre aux besoins des patients. Un million de malades sont transfusés chaque année, avec des produits sanguins labiles (issus du don de sang) ou bien avec des médicaments dérivés du sang. « Pour assurer les traitements des patients à l’échelle nationale, nous avons besoin de 10 000 dons par jour ! », explique un médecin de l’EFS à Manon, qui est venue se renseigner. Cette dernière est déçue. À 16 ans, elle est encore trop jeune pour donner son sang. En effet, est reconnue apte au don de sang toute personne âgée de 18 à 70 ans pesant plus de 50 kg et dont « l’entretien prédon » avec un professionnel de santé ne relève pas de contre-indications.
Le soir, Manon raconte sa journée à Anne, sa maman. Elle explique que son amie Sarah, âgée de 18 ans, n’a malgré tout pas pu donner son sang en raison d’un tatouage effectué il y a moins de 4 mois. Une autre de ses amies plus âgées a quant à elle fait un malaise à la sortie du camion. Anne, qui a l’habitude de donner son sang, lui explique les règles de base à respecter lors d’un don de sang : bien s’hydrater avant et après le don, ne pas arriver à jeun, profiter de la collation proposée après le don, ne pas faire d’activité intense dans les 24 h et ne pas fumer dans les 2 h ! « Le malaise est plus lié à l’émotion qu’au volume de sang prélevé ! » ajoute-t-elle. En effet, le volume sanguin se rétablit naturellement dans les quelques heures suivant le don, surtout si la personne respecte une bonne hydratation.
« Suis-je éligible au don du sang ? Un questionnaire de 13 questions disponible sur le site de l’EFS vous permet d’évaluer rapidement votre éligibilité au don du sang ! »
Suite à cette discussion avec sa fille, Anne se décide à prendre rendez-vous avec le centre de collecte le plus proche de chez elle pour un don de plasma. En effet, si le don de sang total constitue la forme de don la plus courante, il existe d’autres types de dons, dits « par aphérèse ». Ces dons consistent à ne prélever qu’un seul composant du sang – le plasma, les plaquettes, ou les globules rouges. Un séparateur de cellules est chargé de trier les différents composants du sang lors du prélèvement, permettant de ne conserver que l’élément d’intérêt et de restituer le reste au donneur. Si le prélèvement ne dure qu’une dizaine de minutes pour un don de sang classique, il est un peu plus long pour les dons par aphérèse : il faut prévoir environ 60 minutes pour un don de plasma et 90 minutes pour un don de plaquettes. Par ailleurs, les dons par aphérèse s’effectuent sur rendez-vous, contrairement au don de sang total. Anne est habituée à donner son plasma, d’autant plus qu’elle fait partie des 4 % de Français du groupe sanguin AB, particulièrement recherchés car « donneurs universels » de plasma (voir encadré explication système ABO).
Thierry, le mari d’Anne, a décidé de l’accompagner au centre de collecte pour réaliser son premier don de sang. Thierry est diabétique de type 2. Si le diabète insulinodépendant, ou diabète de type 1, est une contre-indication formelle au don de sang, le diabète de type 2 n’en est pas une s’il est bien équilibré et s’il n’est pas accompagné d’autres complications. Quoi qu’il en soit, l’aptitude au don de sang est laissée à l’appréciation du professionnel de santé qui réalise l’entretien prédon. L’entretien prédon de Thierry n’a pas révélé de contre-indications particulières. Il est donc apte à donner son sang. Un peu angoissé par ce premier don – il n’a « jamais aimé les piqûres ! » –, il se trouve tout de même rassuré par les infirmiers bienveillants qui gravitent autour de lui et la présence d’Anne, allongée non loin, en train de se faire prélever son plasma. L’infirmière lui explique qu’elle va devoir vérifier son taux d’hémoglobine, une protéine présente dans les globules rouges, en lui prélevant une goutte de sang au bout de son doigt par le biais d’une « petite » piqûre. Le taux d’hémoglobine est systématiquement vérifié chez tous les nouveaux donneurs (le cas de Thierry), chez les donneurs qui n’ont pas donné depuis plus de 2 ans, chez les donneurs dont le taux d’hémoglobine était faible au don précédent, et chez les donneurs qui ont déjà fait des anémies. Ceci, afin de détecter d’éventuelles carences, notamment en fer, qui représentent des contre-indications au don de sang. Le taux d’hémoglobine de Thierry est normal, il peut donc donner son sang. À la fin du prélèvement, l’infirmière lui remet un petit document l’engageant à signaler à l’EFS tous signes d’infection (fièvre…) ou malaise survenant dans les 15 jours suivant le don.
Thierry est soulagé, tout s’est bien passé. Il peut maintenant se rendre à la collation dans la salle adjacente, pour y attendre Anne. Il pourra revenir jusqu’à 6 fois dans l’année (4 fois pour les femmes) en respectant un délai minimum de 8 semaines entre 2 dons ! Il est important de renouveler son don… c’est la régularité et l’étalement des dons qui permettent d’assurer les stocks de l’EFS tout au long de l’année !
Le sang : à prendre et à laisser !
Le sang est composé de plusieurs éléments : les globules rouges ou érythrocytes, assurant le transport de l’oxygène ; le plasma, la partie liquide du sang permettant de véhiculer les cellules ; les plaquettes, jouant un rôle essentiel dans la coagulation du sang ; et les globules blancs ou leucocytes, des cellules du système immunitaire. Le don de sang total permet de prélever en même temps tous les composants du sang, précieux pour les malades – les globules rouges, le plasma, les plaquettes. Et les globules blancs dans tout ça ? Généralement, les produits sanguins transfusés aux patients sont déleucocytés, c’est-à-dire qu’on leur a retiré les globules blancs. Deux raisons à cela. D’une part, les antigènes tissulaires présents à la surface des globules blancs peuvent provoquer des réactions indésirables chez le receveur. D’autre part, les globules blancs sont susceptibles de loger des virus.
Le plasma : l’or du sang
Composé à 90 % d’eau, le plasma est le liquide permettant d’acheminer les cellules du sang. De couleur jaunâtre, il ne contient pas de cellules, mais des protéines d’un intérêt thérapeutique majeur pour de nombreux malades, telles que l’albumine, qui permet le maintien de la pression artérielle sanguine, ou les immunoglobulines, plus connues sous le nom d’anticorps, qui participent à la lutte contre les infections. 90 % du plasma prélevé est destiné à la fabrication de médicaments dérivés du sang : c’est le laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) qui récupère le plasma issu des dons pour en faire des médicaments à base d’albumine ou d’anticorps, par exemple. Les 10 % restants sont utilisés pour les transfusions dites « thérapeutiques », notamment auprès des grands brûlés, qui peuvent perdre jusqu’à 1,5 litre de plasma par heure.
Le système de compatibilité abo-rhésus
La classification du sang repose sur la présence de molécules situées à la surface des globules rouges : les antigènes (Ag). Les principaux antigènes sont les antigènes A, B et D.
Les antigènes A et B, qui appartiennent au système ABO, vont donner le groupe sanguin.
La présence ou non de l’antigène D va déterminer le rhésus : + ou –
Le corps fabrique des anticorps contre les antigènes des autres groupes sanguins. Ainsi, un individu du groupe A possède des anticorps contre l’antigène B, un individu du groupe B des anticorps contre l’antigène A, un individu du groupe AB aucun anticorps, et un individu du groupe O des anticorps contre les antigènes A et B.
Lors d’une transfusion sanguine, le groupe du donneur doit être compatible avec celui du receveur :
- Les personnes O-, qui n’ont aucun signe distinctif à la surface de leurs globules rouges, sont donc qualifiées de « donneurs universels » de globules rouges !
- Les personnes AB, qui n’ont aucun anticorps dans leur plasma, sont quant à elles des « donneurs universels » de plasma !
Par Clémentine Vignon