En cette période de pandémie, un sondage réalisé par Ipsos révèle que la France se positionne comme le pays le plus vaccino-sceptique. En réalité, cette tendance est révélatrice de l’opinion française concernant la vaccination, et notamment celle contre la grippe saisonnière qui fait débat chaque année.
Que reproche-t- on à ce vaccin contre la grippe ?
Dans tous les sondages disponibles, les personnes interrogées déclarent majoritairement ne pas se sentir concernées par la grippe saisonnière, d’autres avancent également que ces vaccins ne seraient pas efficaces.
De manière générale, la vaccination est un mode de protection reconnu et efficace qui a fait ses preuves depuis son invention. Il est néanmoins vrai que certaines années le vaccin contre la grippe saisonnière peut se montrer plus ou moins efficace.
Pourquoi le vaccin contre la grippe ne marche-t-il pas à chaque fois ?
La grippe est une infection respiratoire aiguë très contagieuse qui se transmet par des virus influenza dont il existe actuellement trois types : A, B et C. Ceux habituellement responsables des épidémies sont les types A et B qui ont pour particularité d’avoir une grande variabilité génétique, c’est-à-dire qu’ils mutent très facilement, et d’aimer les températures fraîches.
C’est ainsi que chaque année, à la même période dans les pays tempérés, le fameux virus influenza débarque sans que nous ayons l’exacte connaissance de son type ou même de son profil génétique. Cette incertitude rend la protection contre la grippe plus compliquée, car un seul vaccin ne peut pas être efficace contre toutes les possibles formes de virus.
Comment le vaccin est-il conçu ?
Chaque année, le réseau mondial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) suit l’évolution de tous les virus circulant dans le monde qui peuvent se transmettre à l’humain. Parmi eux, les virus influenza responsables de la grippe sont traqués et un pari est fait sur la souche (forme et type particuliers) qui pourrait provoquer une épidémie. Le réseau se concerte ainsi en février pour le cas de l’hémisphère Nord et en septembre pour l’hémisphère Sud, et livre ses recommandations à la communauté mondiale.
C’est ainsi que la fabrication des stocks de vaccins est lancée afin que la campagne de vaccination puisse débuter aux alentours du mois de novembre, quand le froid commence à arriver.
Qu’y a-t-il dans un vaccin ?
Les vaccins sont généralement constitués d’un ou plusieurs composés biologiques, combiné(s) ou non à un adjuvant. Conservateurs et stabilisants peuvent aussi être ajoutés à la recette pour que le vaccin puisse être conservé longtemps après sa fabrication jusqu’à son utilisation.
L’actuel vaccin contre la grippe contient ainsi une infime quantité de fragments de virus mort (l’antigène) qui, une fois injectée, préparera l’organisme à une éventuelle infection en lui apprenant à sécréter les molécules de défense adaptées. Il ne contient en revanche pas d’adjuvant en raison de ses modalités d’administration. En effet, les adjuvants sont ajoutés aux vaccins pour diminuer la quantité d’antigènes d’une dose, tout en le rendant aussi efficace qu’à une concentration plus élevée. Or le vaccin antigrippal ne doit conférer une protection que durant une courte période, ce qui lui permet de n’avoir que la part minimale d’antigènes suffisante sans besoin d’adjuvant.
Des effets indésirables peuvent apparaître après l’injection, sous forme de rougeurs ou de gonflements au point d’injection (dans 10 à 40 % des cas), ou des manifestations plus généralisées comme des maux de tête, une légère fièvre ou des courbatures (dans 5 à 10 % des cas). Comme pour tous médicaments, il existe des effets indésirables plus sévères qui restent néanmoins très rares et sont recensés dans des études pour mieux les comprendre. Ainsi, un patient sur 10 000 pourra présenter des affections neurologiques (névralgie, paresthésie par exemple) et un patient sur 1 000 000 pourrait être sujet à un syndrome de Guillain-Barré.
Le vaccin anti-grippal marche !
Les données de surveillance et la connaissance des virus influenza permettent chaque année de prendre des décisions sûres quant aux types de vaccins qui doivent être développés. La science propose aujourd’hui des vaccins dits quadrivalents qui protègent contre les quatre souches les plus communes de virus, mais ils ne nous mettent jamais à l’abri des aléas de la nature.
Pour chaque campagne annuelle, un vaccin contre la grippe confère une protection de 6 à 9 mois pour la souche ciblée. Son efficacité est estimée entre 30 et 60 %, en raison des possibles mutations des souches du virus. Par exemple, l’efficacité en 2017-2018 a été estimée à 29 % et est passée à 40 % en 2019-2020.
Se vacciner, c’est limiter la propagation du virus, empêcher une épidémie et protéger les personnes vulnérables n’ayant pas la possibilité de se vacciner à temps.
Pourquoi faut-il se vacciner tous les ans ?
La courte période correspond à la campagne de vaccination annuelle qui ne vise que la souche susceptible de circuler durant celle-ci. Chaque année le virus peut muter, le vaccin change donc, ce qui explique qu’il n’est pas nécessairement efficace à vie.
- En France, selon les années, entre 2 et 8 millions de personnes de tout âge sont contaminées par le virus de la grippe. Ces malades coûtent à l’État de 230 à 840 millions d’euros pendant la période épidémique et génèrent 2 millions de journées d’absentéisme au travail.
Par Juliette Dunglas