Pour éviter une grossesse non désirée, il suffit d’empêcher les spermatozoïdes d’arriver jusqu’à l’ovule. Facile à dire, mais plus compliqué à mettre en œuvre…
Égypte antique – de la fiente de crocodile
D’anciens papyrus médicaux révèlent que les Égyptiens avaient mis au point une méthode intrigante pour éviter qu’une femme ne soit enceinte. La technique consistait à introduire un tampon imbibé d’une étrange mixture dans le vagin. Parmi les ingrédients, on retrouve du miel ou encore des dattes fermentées qui élimineraient les spermatozoïdes. Certains textes font aussi mention d’excréments de crocodile ! On pense que les Égyptiens associaient le crocodile à Seth, un dieu maléfique. En imprégnant le tampon de ses déjections, un élément perturbateur et chaotique entrait dans le corps des femmes et altérait donc leur fécondité. Comme l’on peut s’en douter, cette pratique plutôt discutable était peu efficace.
Rome antique – les bienfaits de l’allaitement
Afin d’espacer les naissances, les femmes de la Rome antique avaient recours à l’allaitement prolongé. Aujourd’hui encore, cette pratique est soutenue par des résultats scientifiques. La tétée provoque en effet la production de prolactine, une hormone qui diminue considérablement les possibilités de se retrouver enceinte. Cette méthode, appelée « mama », pour méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée, est donc employable, mais elle requiert un rythme régulier d’allaitement et ne fonctionne que 6 mois après l’accouchement. Toutefois, cette technique n’est pas imparable et échoue dans 2 % des cas, même en respectant toutes les conditions réunies sur le site has-sante.fr.
Grèce antique : tout le monde au régime
La médecine grecque antique était en partie fondée sur la théorie des humeurs. Selon celle-ci, le corps humain serait constitué de quatre éléments : l’air, le feu, l’eau et la terre. Pour une santé optimale, les éléments devaient être parfaitement équilibrés, le maintien de cette harmonie résultant du mode de vie. Ainsi, la fécondité dépendrait de l’alimentation et elle serait renforcée par la consommation de noix ou de fruits contenant des pépins. Le philosophe Aristote conseillait par ailleurs aux femmes souhaitant devenir enceintes d’éviter l’eau froide et le vent sec. De nos jours, la théorie des humeurs s’est révélée fausse mais elle a perduré pendant une grande partie du Moyen Âge.
Moyen Âge – les vertus de l’abstinence
En Europe, le Moyen Âge est fortement marqué par la toute-puissance de l’Église. En particulier, celle du clergé qui condamne les plaisirs de la chair et impose une sexualité limitée à la procréation dans le cadre du mariage. Toute pratique non fécondante est réprimée et il est difficile d’avoir accès à des moyens de contraception efficaces. Le coït interrompu et la masturbation sont également mal perçus par l’Église. Les couples favorisent donc l’abstinence intermittente, mais cela reste peu efficace. Les méthodes de calcul des jours de fécondité ne sont pas fiables, laissant une trop grande place à l’imprévu.
Renaissance – le recours au préservatif
Les premiers préservatifs masculins ne datent pas d’hier. Certains spécialistes voient déjà leur utilisation dans des peintures préhistoriques et d’autres étudient comment les Égyptiens confectionnaient des protections pour le pénis, de nombreux siècles avant notre ère, en utilisant les intestins de petits animaux. Il faut attendre le XVIe siècle pour voir apparaître le premier préservatif moderne, inventé par Gabriel Fallope, conçu à l’origine pour lutter contre la syphilis. Les origines du préservatif permettant d’éviter une grossesse restent floues mais la légende retient le nom du docteur Condom, un personnage n’ayant sans doute jamais existé. La composition de la « peau divine » a évolué avec les années, elle comprenait souvent des boyaux d’animaux, les préservatifs en latex ou en caoutchouc n’étant industrialisés qu’à partir du XXe siècle.
« Il faut attendre le XVIe siècle pour voir apparaître le premier préservatif moderne, inventé par Gabriel Fallope, conçu à l’origine pour lutter contre la syphilis. »
XXe siècle – la révolution des hormones
La connaissance des hormones, ces molécules qui régissent le fonctionnement de nos organes, s’élargit considérablement au XXe siècle. Les hormones sexuelles sont d’abord étudiées pour résoudre les problèmes d’infertilité ou de dérèglement menstruel. Leur utilisation pour limiter la fertilité sera encouragée par la prise de position de Katharine McCormick et d’autres militantes réclamant le droit pour les femmes de pouvoir décider quand elles souhaitaient être enceintes. En France, la contraception est assimilée à une forme d’avortement et elle est interdite à partir de 1920. Elle ne redevient autorisée qu’en 1967 avec la loi Neuwirth qui signe également la possibilité d’utiliser la pilule contraceptive légalement sur le territoire français. Ce médicament devient alors un symbole des mouvements féministes et de la libération sexuelle. De nos jours, la pilule est parfois pointée du doigt pour ses effets secondaires indésirables et le fait qu’il n’existe pas encore d’homologue performant pour les hommes.
XXIe siècle – la vasectomie
À l’exception notable du préservatif, la plupart des moyens de contraception utilisés au cours de l’Histoire se concentraient plutôt sur le corps de la femme et sur son fonctionnement : de l’insertion vaginale d’excréments de crocodile à la prise régulière d’un perturbateur endocrinien. Actuellement, de plus en plus de recherches s’orientent vers des méthodes contraceptives conçues pour le corps des hommes. En 2001, la vasectomie a été autorisée en France. Cette méthode chirurgicale souvent réversible consiste à bloquer les canaux déférents transportant les spermatozoïdes. Elle est donc très différente de la castration et ne modifie pas le comportement sexuel. Par ailleurs, des travaux sont également en cours pour développer une pilule pour hommes. La contraception du futur sera-t-elle masculine ?
Les méthodes de stérilisation les plus utilisées dans le monde de nos jours
- Stérilisation féminine (ligature des trompes, électrocoagulation, pose d’anneau ou de clip)
- Stérilet
- Pilule
- Préservatif masculin
- Méthodes traditionnelles
Source : Ined
- En France, la méthode privilégiée est la pilule, utilisée par plus de 40 % des femmes. Source : Ined
Par Baptiste Gaborieau