La prostate est une glande appartenant à l’appareil génital masculin. Elle a un rôle essentiellement reproductif et sexuel, et nécessite une attention particulière au fil des années. Le Pr Alexandre de La Taille nous en dit plus sur cette glande.
Comment fonctionne-t-elle ?
La prostate est située sous la vessie et entoure l’urètre (le canal amenant l’urine de la vessie vers l’extérieur). Son rôle est surtout reproductif et sexuel.
La fonction reproductrice et sexuelle
La prostate a avant tout un rôle dans le fonctionnement reproductif car elle produit et stocke le liquide séminal. En effet, le Pr de La Taille explique que « le sperme est composé à 99,9 % d’une production de la prostate : le liquide séminal, et à 0,1 % d’une sécrétion des testicules (les spermatozoïdes). Elle produit donc cette fraction du sperme et l’émet lors de l’éjaculation en se contractant, lui conférant un rôle dans la fonction sexuelle ».
« La prostate est également un carrefour entre les voies séminale et urinaire. C’est grâce à elle que sperme et urine ne se mélangent pas lors de l’éjaculation ou d’une simple visite aux toilettes », rajoute le Pr de La Taille. Toutes ces fonctions reposent sur l’effet des androgènes, les hormones masculines.
Le plaisir
« Il y a eu des études sur le rôle de la prostate dans le plaisir masculin. Il semblerait que la pression sur la glande au moment de l’orgasme décuple le plaisir et apporte des sensations supplémentaires, car lorsqu’elle se contracte pour émettre le sperme, elle entraîne déjà un certain plaisir. »
Ce qui la guette
Même si elle peut être sujette à certaines pathologies tout au long de la vie, deux problèmes extrêmement fréquents guettent la prostate avec l’avancée en âge.
L’adénome de la prostate
« Avec l’âge, la prostate peut tout d’abord grossir et gêner le passage des urines car, il faut le rappeler, cette glande entoure le canal qui transporte l’urine. Ce dernier rétrécit alors et les hommes ont des difficultés pour uriner : ils vont plus fréquemment aux toilettes, de nuit comme de jour, le jet est plus faible ou se bloque, l’envie d’uriner est pressante et il y a une vulnérabilité face aux infections », explique le chirurgien-urologue.
Les infections
« La prostate peut aussi s’infecter et s’enflammer des suites d’une infection sexuellement transmissible ou d’une stagnation de l’urine (en particulier dans les cas où la prostate grossit), d’une opération, ou encore via des micro-organismes présents dans le sang. Une infection urinaire, plus rare chez l’homme, peut aussi donner suite à une prostatite car les germes remontent le fameux canal de l’urètre et se logent au niveau de la prostate. Cela reste très rare. »
Cancer
« Enfin, elle est le siège d’un cancer si fréquent qu’à 80 ans, un homme sur deux développe un cancer de la prostate, et à 100 ans, ce sont tous les hommes qui sont concernés. Mais il n’est responsable que de 2 % des décès chez l’homme, derrière le cancer du poumon et du côlon. » Ce cancer est traité soit par chirurgie (ablation de la prostate), soit par radiothérapie ou curiethérapie dans le cas de cancers peu avancés et localisés.
Le dépistage du cancer de la prostate
Avec 50 000 cas par an en France et 8 000 morts par an, c’est le plus fréquent des cancers et le 3e cancer mortel chez les hommes. En raison de son évolution lente et de sa localisation, il peut passer inaperçu pendant des années, avec des symptômes qui ne se déclareront qu’à un stade avancé du cancer. C’est pourquoi il est très important de sensibiliser autour de soi et d’encourager les hommes à effectuer des dépistages à partir de 50 ans pour les détecter précocement.
Le Pr de La Taille explique en quoi consiste le dépistage : « Actuellement, on propose aux hommes, à partir de 50 ans, de faire une mesure de leur PSA (ndlr : protéine pouvant être présente dans le sang en cas de pathologie prostatique) par prise de sang et en effectuant un examen clinique de la prostate par un toucher rectal, à la recherche d’une petite grosseur ou d’un petit nœud qui ferait suspecter un cancer. »
Dans le cas de cancers peu avancés et localisés, l’ablation chirurgicale de la prostate peut être choisie. Cette dernière est sans conséquence handicapante même si elle nécessite quelques semaines ou mois d’adaptation. Peuvent ainsi survenir des fuites urinaires et une diminution de l’érection. Généralement, ces fonctions retrouvent un rythme normal après une convalescence. Seule disparaît l’éjaculation. Le Pr de La Taille précise d’ailleurs que « cela ne veut pas dire que l’on perd le plaisir ou l’orgasme » car les spermatozoïdes ne sont pas générés par la prostate. La radiothérapie a aussi des impacts sur la perte de l’érection, sur les irritations rectales et vésicales et sur la réduction du volume de l’éjaculation.
En conclusion, cette glande essentielle pour la reproduction devient avec les années le siège d’un cancer, le plus souvent soignable et guérissable et une pathologie bénigne (adénome) entraînant des difficultés pour la miction, qui sont cependant soignables par traitements médicaux ou par chirurgie.
La prostate dans le système de reproduction masculin
Le saviez-vous ?
Si l’on devait résumer, les spermatozoïdes sont produits dans les testicules et sont amenés à la prostate par le canal déférent. La prostate, aidée de sa vésicule séminale, se charge de produire le liquide dans lequel baigneront les spermatozoïdes, et se contractera lors de l’éjaculation pour envoyer le sperme (spermatozoïdes et liquide) vers l’extérieur via l’urètre.
50 000 cas/an de cancers de la prostate sont diagnostiqués en France.
Par Juliette Dunglas, en collaboration avec le Pr Alexandre de La Taille, chirurgien-urologue, chef de service du département d’urologie et transplantation rénale (hôpital Henri-Mondor)