Les cosmétiques bio ne sont plus l’apanage de quelques boutiques esseulées. Ces produits fleurissent de plus en plus sur les étalages de nos supermarchés, grappillant chaque jour davantage d’espace réservé aux cosmétiques dits « conventionnels ». Comment se repérer ? Comment être sûr de ne pas se faire avoir par le « greenwashing » ?
À l’heure actuelle, il n’existe aucune réglementation officielle pour définir ce qu’est un cosmétique bio, au contraire de l’agriculture biologique qui bénéficie d’un encadrement très strict. Plusieurs cahiers des charges privés ont donc été rédigés en Europe par diverses associations soucieuses des conséquences des cosmétiques sur notre santé et notre environnement. En France, c’est l’association Cosmébio qui tient les rênes du bio. Créé en 2002, ce label garantit non seulement la provenance et la qualité des ingrédients contenus dans les cosmétiques, mais fixe également des exigences en matière d’emballage pour limiter la pollution environnementale. « Cependant, en tant qu’association, Cosmébio ne pouvait pas être le certificateur, explique Marine Pentecôte, chargée de communication chez Cosmébio. L’asso a donc fait appel à Ecocert pour certifier ses produits. Depuis 2017, elle travaille également avec le référentiel européen Cosmos Organic, créé pour harmoniser les exigences entre les pays. Sur l’étiquette des produits labellisés Cosmébio, il y a donc le logo Cosmébio, mais aussi celui d’Ecocert ou de Cosmos Organic en fonction du cahier des charges qui se cache derrière le cosmétique. Quoi qu’il en soit, le label Cosmébio garantit qu’au moins 95 % des ingrédients qui composent le cosmétique sont d’origine naturelle et qu’au moins 95 % des ingrédients végétaux sont issus de l’agriculture biologique.
Ce que l’on ne retrouve pas dans les cosmétiques bio
La liste des substances retrouvées dans les cosmétiques traditionnels considérées comme dangereuses ou polluantes n’en finit plus de s’allonger. Certains conservateurs comme les parabènes ou le phé noxyéthanol ont été particulièrement pointés du doigt ces dernières années. Aujourd’hui, plusieurs parabènes sont interdits, car soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens et de jouer un rôle dans le développement de certains cancers. Ces conservateurs de synthèse sont toutefois remplacés par d’autres, moins médiatiques, mais dont on ne connaît pas encore les effets à long terme sur la santé. C’est le cas par exemple de la méthylisothiazoline (MIT) qui, selon le Syndicat national des dermatologues – vénéréologues (SNDV), entraînerait des manifestations allergiques plus ou moins sévères. D’autres substances ont fait l’objet d’alertes, comme les silicones que l’on retrouve dans les shampoings ou encore les sels d’aluminium très utilisés dans les déodorants anti-transpirants. Face à ces déferlantes médiatiques, la mention « sans » est rapidement devenue un argument de vente. Les produits « bio » ou « naturels », quant à eux, sont de plus en plus prisés des consommateurs.
“bio”, “naturel”, “synthétique” : un ménage à trois
Cependant, la mention « bio » n’est pas gage d’un produit 100 % naturel. Au moins 95 % des ingrédients doivent être d’origine naturelle pour que le produit soit labellisé Cosmébio. Mais les 5 % restants, alors ? Il peut s’agir de conservateurs synthétiques, par exemple. Seuls cinq sont autorisés par le référentiel Ecocert, dont l’alcool benzylique, l’acide benzoïque ou encore l’acide salicylique. Ces conservateurs doivent toutefois être retrouvés en très faible quantité dans le cosmétique. Les conservateurs d’origine naturelle tels que l’alcool ou les huiles essentielles sont donc à privilégier. L’extrait de pépins de pamplemousse est également un bon conservateur d’origine naturelle, mais ne prolonge la durée de conservation des cosmétiques que d’un mois environ.
Do it yourself
« Les huiles essentielles ont de nombreuses vertus, mais sont des produits puissants à utiliser avec précaution, notamment lors de la fabrication de cosmétiques maison. »
Comme tout produit, un cosmétique bio peut être allergène, notamment du fait de certaines substances parfumantes naturellement présentes dans les huiles essentielles. Le Règlement cosmétique a établi une liste de 26 substances reconnues comme allergisantes, dont la mention sur l’étiquette du produit est obligatoire lorsqu’elles dépassent une certaine concentration. « Les huiles essentielles ont de nombreuses vertus, mais sont des produits puissants à utiliser avec précaution, notamment lors de la fabrication de cosmétiques maison », avertit Marine Pentecôte. En effet, de plus en plus de personnes expérimentent le Do It Yourself. Si cette pratique permet de mieux maîtriser la composition de nos cosmétiques, attention cependant à ne pas avoir la main trop lourde sur des substances, certes naturelles, mais potentiellement irritantes ou allergisantes.
Un cosmétique 100 % bio : impossible !
Pourquoi la mention cosmétique 100 % bio est-elle impossible ? Tout simplement, car le principal constituant de nos crèmes et autres produits de soins est l’eau, qui ne peut être certifiée bio ! En effet, l’eau représente jusqu’à 80 % de la composition totale d’un cosmétique. Ainsi, les cahiers des charges Ecocert et Cosmos exigent respectivement une part de bio d’au moins 10 % et 20 % de la composition totale du produit. Cette proportion peut paraître faible pour le consommateur, et d’autres certificateurs moins regardants n’hésitent pas à faire entrer l’eau dans le calcul des ingrédients bio pour gonfler ce pourcentage. Restez vigilants !
Par Clémentine Vignon





