Aujourd’hui, nous faisons le point sur ce don peu connu dont le nom peut faire peur, mais qui est central dans le traitement de certaines maladies graves.
Certaines maladies graves du sang, d’origine cancéreuse ou héréditaire, ont pour seul traitement le don de sang ou de moelle. Ces maladies sont multiples et leurs causes variées, mais toutes ont en commun une production insuffisante de cellules sanguines matures et saines. Le don de moelle osseuse permet de traiter voire guérir ces patients. Il est anonyme, libre et gratuit. En 2020, l’Agence de biomédecine a fait savoir que 27 408 nouveaux donneurs de moelle s’étaient inscrits sur le registre français, faisant ainsi monter le nombre de donneurs volontaires à 321 121 inscrits. L’Agence de biomédecine a également recensé le nombre de nouveaux patients français ayant fait l’objet d’une recherche de donneur compatible qui se porte à 1 736 pour 2020.
Qu’est-ce que la moelle, à quoi sert-elle ?
La moelle est une substance molle au rôle vital qui remplit l’intérieur de tous les os et se présente sous deux formes : la moelle jaune et la moelle rouge. La moelle rouge est impliquée dans l’hématopoïèse (du grec hematos (sang) et poïese (fabriquer)) qui dénomme la production des cellules sanguines (globules rouges et blancs, et plaquettes) à partir des cellules souches hématopoïétiques, produites par la moelle rouge. La moelle jaune, quant à elle, sert de lieu de stockage pour les réserves d’énergie et de sang. À la naissance, toute la moelle osseuse contenue dans nos os est rouge ; elle sera convertie pour moitié, au fil des années, en moelle jaune.
Ainsi, les sites producteurs de cellules sanguines diminuent au cours des années et la moelle rouge n’est plus présente qu’en petite quantité, suffisante toutefois pour remplacer les cellules sanguines perdues naturellement par le corps. Dans le cas de perte sanguine extrême, la moelle jaune peut se reconvertir en moelle rouge pour porter secours.
Comment devenir donneur de moelle ?
Il faut tout d’abord remplir deux conditions impératives : avoir plus de 18 ans et moins de 36 ans au moment de l’inscription (on peut donner jusqu’à l’âge de 60 ans) et n’avoir aucun problème de santé. Si on rentre dans cette catégorie, il est important de se renseigner via des articles, des témoignages et bien entendu des sites tels que celui de l’Agence de biomédecine, pour prendre une décision mûrement réfléchie. Le cas échéant, vous pourrez faire une demande de préinscription sur le site dondemoelleosseuse.fr, la première étape consistant à répondre à un court questionnaire qui déterminera si vous êtes en assez bonne santé pour être donneur. La sélection est assez drastique ! Par exemple, en cas de traitement au long cours ou de suivi pour une maladie particulière, vous ne pourrez aller plus loin dans la démarche. Une fois la préinscription terminée, vous aurez le choix de recevoir votre dossier d’inscription par la poste, accompagné d’un test salivaire, ou de vous rendre en centre donneur pour le compléter et faire une prise de sang. Après validation de votre dossier, vous serez enfin donneur volontaire inscrit sur le registre national, et vous recevrez à ce titre une carte de donneur de moelle osseuse. Des mois, voire des années peuvent s’écouler avant que vous ne soyez contacté par le centre donneur, car être identifié comme donneur compatible n’est pas une mince affaire. Vous passerez alors un entretien et des examens médicaux à des fins de vérification que toutes les étoiles sont alignées pour le don, et planifierez le jour du prélèvement.
Il est assez intrigant de constater que le nombre de donneurs volontaires inscrits semble suffisant comparé à celui des patients en recherche de don. En réalité, le don de moelle osseuse repose sur un événement chanceux très rare : la compatibilité. En effet, chaque humain possède un profil biologique qui lui est propre appelé le système HLA (antigènes d’histocompatibilité humaine). Ce système permet de reconnaître ce qui est à soi, c’est-à-dire les cellules qui ont le droit de pénétrer dans notre corps sans causer de ravage.
« Le don de moelle osseuse repose sur un événement chanceux très rare : la compatibilité. »
Le site dondemoelleosseuse.fr explique même qu’en théorie, « un malade a 1 chance sur 4 d’être compatible avec un frère ou une soeur, […] la probabilité d’être compatible entre 2 individus pris au hasard est très rare : en moyenne, 1 chance sur 1 million ».
Il est donc important de disposer du plus grand nombre possible de donneurs volontaires pour maximiser les chances de trouver une compatibilité pour un patient.
Comment se déroule la procédure ?
Le prélèvement se fera soit par aphérèse soit par ponction dans les os postérieurs du bassin. L’équipe médicale déterminera quelle est la méthode la plus adaptée. Tous les coûts liés au prélèvement sont pris en charge financièrement (déplacement, logement…).
Aphérèse
Quelques jours avant, on injecte au donneur un biomédicament qui stimule la production des cellules souches hématopoïétiques de la moelle et les fait passer dans le sang pour qu’elles y soient ensuite prélevées par une prise de sang. Il faut 1 à 2 prélèvements d’une durée de 4 heures environ.
Ponction
Elle se déroule au bloc sous anesthésie et nécessite 48 heures d’hospitalisation. Les médecins déterminent quelle quantité prélever et récoltent des cellules souches ainsi que leur milieu environnant.
Ne pas confondre moelle osseuse et moelle épinière !
La moelle épinière fait partie du système nerveux central, elle est une sorte de prolongement du cerveau dans la colonne vertébrale. Elle contient des neurones et des cellules gliales qui permettent de connecter tout le système nerveux central.
Mon don en 10 étapes
Par Juliette Dunglas