Chaque année, ils reviennent sans demander notre avis… Inutile de fuir, les virus de l’hiver sont là. Cependant, même si nous sommes nombreux à en souffrir, ils soulèvent encore de nombreuses interrogations.
Le froid, l’hiver et les maladies
« Habille-toi plus, tu vas attraper froid ! » Même si on vous l’a souvent répété, une écharpe ou un gros pull-over ne vous protégeront pas des maladies hivernales. Le froid et les températures basses en général ne rendent pas directement malade, c’est une légende urbaine. En revanche, l’hiver favorise la transmission de certaines maladies virales ou bactériennes. Quand il fait froid, les muqueuses nasales sont plus rapidement asséchées par l’air ambiant. La barrière entre notre organisme et l’extérieur est alors affaiblie. Par ailleurs, le froid ralentit certaines cellules impliquées dans le système immunitaire, comme les cils qui nettoient nos bronches pour éliminer les virus. Certains scientifiques mettent également en cause la baisse du taux de vitamine D dans le corps en hiver, expliquée par une diminution du temps d’ensoleillement. Enfin, de nombreuses épidémies hivernales sont dues aux espaces confinés. Quand une personne malade tousse ou éternue par exemple, les virus qu’elle expulse restent dans l’air et ont donc plus de risque de contaminer quelqu’un d’autre présent dans la pièce.
« Pourquoi le vaccin contre la grippe change-t-il chaque année ? » Jordan, 67 ans
Le vaccin contre la grippe change parce que le virus de la grippe mute. Son matériel génétique évolue : c’est son moyen de défense pour échapper à notre système immunitaire. Si votre dernier vaccin date de l’année dernière, vous n’êtes donc pas immunisé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) étudie chaque année les virus circulant dans les différents pays et leur évolution afin de mettre en place le vaccin le plus efficace possible. Il est important de fournir la meilleure protection aux populations à risque, par exemple les personnes âgées, les femmes enceintes ou encore l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois. Pour elles, la vaccination est intégralement remboursée par la Sécurité sociale. Rappelons que l’épidémie de grippe touche 2,5 millions de Français chaque année. Elle serait responsable de plus de 4 000 décès par an, majoritairement chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
« Le virus de la grippe peut‑il survivre sur des objets ? » Yasmina, 19 ans
Oui, mais pas éternellement. En fait, tout dépend de l’objet sur lequel le virus est déposé. Sur la peau, qui est recouverte de cellules immunitaires, le virus de la grippe saisonnière ne reste infectieux que 5 minutes. En revanche, il peut rester actif une quinzaine de minutes sur un mouchoir utilisé humide et plusieurs heures sur la surface d’un objet dur. Une étude menée en Arizona en 2013 révèle que, dans un bureau, plus de la moitié des surfaces couramment touchées, comme les poignées de porte, les boutons de l’imprimante ou encore le réfrigérateur commun, peuvent devenir infectées avec un seul employé malade. Une autre étude démontre que le virus de la grippe peut rester actif 24 heures sur un jouet d’enfant dans certaines conditions de température et d’humidité. Afin de se protéger, des gestes simples doivent être mis en place : se laver régulièrement les mains, utiliser une solution hydroalcoolique en cas de besoin ou encore ne pas laisser traîner ses mouchoirs sales.
« Ma fille de 3 ans a attrapé la grippe, quel est le meilleur moyen pour surveiller sa température ? » Amélie, 28 ans
Pour votre fille de 3 ans, et même à tout âge, mieux vaut privilégier la prise de température par voie rectale, car elle est plus proche de la vraie température corporelle. Le thermomètre buccal est plus facilement utilisable en extérieur, mais uniquement à partir de 5 ans. Avant, les enfants ont du mal à maintenir correctement le thermomètre dans la bouche assez longtemps. La température normale par voie rectale varie entre 36,6 et 38°C tandis que par voie buccale, elle se situe entre 35,5 et 37,5°C. Il existe cependant d’autres méthodes pour évaluer la fièvre, comme les thermomètres à placer dans l’oreille, sous l’aisselle ou encore sur la tempe. Les autorités de santé déconseillent toutefois les thermomètres frontaux constitués d’une bandelette plastique, car ils ne sont pas assez précis. La prise de température doit être faite à distance de tout effort physique et en étant normalement couvert.
« Est-ce que la gastro-entérite est causée par un virus ?» Audrey, 31 ans
Parfois oui, parfois non. En réalité, le terme gastro-entérite rassemble plusieurs infections entraînant une inflammation du système digestif et les symptômes qui vont avec (nausées, vomissements, diarrhées…). En France, le rotavirus est majoritairement à l’origine de cette infection, en particulier chez les nourrissons et les enfants. Chaque année, ce sont plus de 150 000 enfants touchés par ce virus. Toutefois, la gastro-entérite peut également être causée par une bactérie ou un parasite lors de l’utilisation d’installations sanitaires peu hygiéniques. Dans ces cas-là, la maladie est soignée notamment en utilisant des antibiotiques. Par ailleurs, de nombreuses « maladies de l’hiver » peuvent être causées par une bactérie ou un virus : l’angine, la pharyngite ou encore la laryngite.
« Je suis enrouée et j’ai du mal à parler. Est-ce que j’ai une pharyngite ? » Stefani, 33 ans
Laryngite, pharyngite, bronchite, angine… Il est parfois difficile de s’y retrouver parmi toutes ces maladies qui affectent notre gorge pendant l’hiver. Selon les symptômes décrits et comme votre voix est affectée, ce serait plutôt une laryngite. Le larynx est un petit organe en cartilage qui abrite les cordes vocales. Sa fermeture protège les voies respiratoires et c’est lui qui forme la pomme d’Adam chez les hommes. En cas de laryngite, on a la voix qui change, on peut tousser, mais ce n’est pas très douloureux. Le pharynx, en revanche, est situé avant le larynx, au niveau du carrefour entre les voies de la respiration et celles de la digestion. Lors d’une pharyngite, une douleur intervient quand on avale sa salive, mais elle disparaît au moment des repas. Dans tous les cas, si la douleur à la gorge persiste pendant plus d’une semaine, il est conseillé de consulter son médecin traitant.
« Comment différencier une angine blanche d’une angine rouge ?» Simon, 23 ans
Il n’y a pas de piège, il faut regarder la couleur de la gorge. Dans le cas d’une angine rouge, la muqueuse est particulièrement rouge, mais dans le cas d’une angine blanche, on peut observer des points blancs sur la surface de l’amygdale. Dans les deux cas, les symptômes sont les mêmes : douleur à la gorge, parfois accompagnée de fièvre et de toux. L’angine tire son nom du grec angere signifiant « serrer », car la douleur ressentie peut s’apparenter à un serrement. Cette maladie est causée par une inflammation de l’oropharynx qui contient les fameuses amygdales. En France, la plupart des angines sont d’origine virale. Il est toutefois possible de réaliser un test disponible en pharmacie ou chez votre médecin afin de détecter, en moins de 5 minutes chrono, une éventuelle infection bactérienne traitable par antibiotiques.
« Une amie m’a conseillé de tester l’eucalyptus contre ma bronchite. Est-ce vraiment efficace ? » Karine, 43 ans
Oui, vous pouvez tester ! L’eucalyptus est une plante originaire d’Australie qui est d’ordinaire toxique pour les humains et la plupart des animaux, excepté le koala pour qui cette plante constitue la grande majorité de ses repas. Cet arbre a longtemps été utilisé par les Aborigènes qui se servaient de son tronc pour réaliser des sculptures et de ses plantes pour concocter des préparations médicinales. Aujourd’hui, on retrouve surtout l’eucalyptus en huile essentielle qui soignerait les infections respiratoires et les douleurs articulaires (phytothérapie). Une étude clinique réalisée en 2009 a démontré que l’eucalyptol que l’on retrouve dans cette huile essentielle permettait de réduire certains effets négatifs des bronchites chroniques lorsqu’il était couplé à un traitement médical standard. D’autres scientifiques lui prêtent même des vertus qui soigneraient l’asthme et le rhume. Attention cependant, certaines huiles essentielles d’eucalyptus sont interdites aux enfants.
« Mon docteur vient de diagnostiquer une otite à mon fils de 8 ans. Peut-il tout de même prendre un avion pour partir en Martinique ? » Laurent, 35 ans
Malheureusement, c’est déconseillé. En hiver, les enfants souffrent principalement d’otites moyennes aiguës qui correspondent à une infection de l’oreille interne. Pendant le décollage et l’atterrissage, la pression à l’intérieur de la cabine est amenée à varier. Ces changements sont habituellement gérés par l’oreille interne qui équilibre la pression de part et d’autre du tympan. En cas d’otite moyenne, l’équilibrage est plus difficile à assurer et cela risque d’endommager le tympan, voire de le percer, ce qui entraînera un saignement. Il est donc préférable de soigner l’otite pendant au moins une semaine avant d’envisager tout déplacement en avion. Il existe également des bouchons d’oreille comportant un filtre permettant de mieux réguler les changements de pression et ainsi soulager les douleurs.
Cependant, en cas d’otite externe (souvent causée par des grattages trop fréquents ou une mauvaise utilisation des bâtonnets), le voyage en avion reste possible. N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé en cas de doute.
Si votre enfant a une otite, veillez à ne pas trop le couvrir et à le faire boire fréquemment afin d’éviter toute déshydratation. Il est aussi important de ne pas trop chauffer la pièce de vie et de l’aérer fréquemment. Source : Ameli.fr
- 2,5 millions La grippe touche 2,5 millions de personnes en France chaque année. Source : Santé publique France
- 3 jours La gastro-entérite virale dure généralement moins de 3 jours, guérit sans traitement et ne réapparaît pas à court terme. Source : Ameli.fr
Par Baptiste Gaborieau