La popularité des régimes sans sucre ne cesse de croître. Si l’un des avantages de ce mode d’alimentation à court terme semble être la perte de poids, un certain nombre de questions a été soulevé sur ses bénéfices santé à long terme.
Perte de poids, santé dentaire ou bien-être global sont les arguments le plus souvent mis en avant par les adeptes des régimes sans sucre. Toutefois, ce que signifie concrètement le retrait de cet élément de notre alimentation n’est pas toujours bien compris. « Quand on parle d’un régime sans sucre, on parle en fait d’un régime hypoglucidique, c’est-à-dire dans lequel on se situe en dessous des recommandations officielles soulignant qu’environ 50 % de nos apports caloriques quotidiens devraient venir des glucides », explique Boris Hansel, médecin nutritionniste-endocrinologue à l’université Paris Diderot.
Quels types de sucre ?
Les glucides, aussi connus sous le nom d’hydrates de carbone, sont les principaux nutriments qui apportent de l’énergie. Schématiquement, deux familles de glucides peuvent être distinguées : les glucides simples (présents naturellement et que l’on trouve par exemple dans les fruits) et les glucides complexes (apportés par des aliments comme le pain, les pommes de terre ou encore les céréales).
Les experts utilisent par ailleurs le terme de “sucre libre” pour parler des sucres ajoutés aux aliments et aux boissons par les industriels, les cuisiniers ou encore les consommateurs, ainsi que des sucres naturellement présents dans le miel, les sirops et les jus de fruits. Réduire cette quantité de “sucre libre” est aussi un objectif des régimes sans sucre.
Une personne qui opte pour une réduction des glucides dans son alimentation pourra choisir de se tourner vers un régime hyperprotéiné ou hypergras, dans lequel l’accent sera mis sur un des autres constituants de notre alimentation, comme les lipides ou les protéines.
Quels bénéfices ?
Parmi les bénéfices les plus documentés des régimes sans sucre, la perte de poids. « Les données à court terme suggèrent que les régimes sans glucide sont les plus efficaces pour perdre du poids et améliorer la situation métabolique, en particulier chez les patients diabétiques », souligne le Dr Hansel.
Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise la réduction des sucres libres dans l’alimentation pour lutter contre l’obésité et les maladies non transmissibles (cancers, problèmes cardiovasculaires) qui y sont associées. Chez les adultes comme chez les enfants, il est ainsi conseillé de réduire la consommation de sucres libres à moins de 10 % de l’apport énergétique total.
Les bénéfices des régimes sans sucre sont cependant moins clairs sur le long terme, notamment parce qu’un problème d’observance au fil du temps est constaté avec ce type d’alimentation. Le poids peut être repris dès que l’on arrête. Certains ont même souligné que le fait de suivre ces régimes pouvait à la longue être associé à des troubles alimentaires plus graves, comme l’orthorexie, un trouble qui se définit par la volonté obsessionnelle d’ingurgiter uniquement de la nourriture saine.
Quelques recommandations médicales
Pour cette raison, ce type de régime n’est presque jamais recommandé par les professionnels de santé, sauf dans des cas très spécifiques. « Aller vers ce type de régime n’est en aucun cas une recommandation médicale. Si l’on regarde les données scientifiques à deux ans, il ne fait pas mieux que la diète méditerranéenne qui est équilibrée, et dans laquelle l’apport de glucides est limité et qualitativement bien choisi », souligne le Dr Hansel. Pas suffisamment de données non plus pour affirmer que les régimes sans sucre participent à la prévention du diabète. Certes, ils améliorent l’état métabolique des patients diabétiques, mais aucune étude n’apporte des preuves suffisamment convaincantes pour les personnes saines. Il prévient forcément l’apparition de la maladie.
S’intéresser à la qualité globale de l’alimentation est par ailleurs important afin d’évaluer les effets potentiels des régimes sans sucre : des travaux ont montré une relation significative entre la consommation de fibres dans l’alimentation et un risque plus limité de voir apparaître certaines maladies chroniques. Or, les aliments riches en glucides peuvent aussi être riches en fibres. « Si on restreint les glucides, mathématiquement on restreint aussi les fibres, donc il n’est pas forcément raisonnable de réduire drastiquement la quantité de glucides dans l’alimentation », précise B. Hansel.
Autre aspect qui peut aussi être inquiétant : le remplacement des sucres par les protéines ou les graisses saturées pourrait aussi être problématique pour la santé. Une alimentation trop riche en protéines, surtout issues de la viande, a par exemple été associée à un risque accru de certains cancers.
S’il y a un message à retenir, c’est peut-être que tous les effets de ces régimes “sans” ou “hyper” ne sont encore pas bien connus sur le long terme. « Face aux doutes qui persistent sur ces régimes et l’état de la recherche, il semble justifié pour la majorité des personnes de continuer à adopter un régime équilibré, tel que défini par les recommandations officielles, sans exclure une catégorie d’aliment », conclut le Dr Hansel.
Quelles sont les recommandations officielles ?
Glucides : 40-55 % de l’apport énergétique total
pour la population en bonne santé. Ce pourcentage est modifié en cas d’anomalies métaboliques comme le diabète.
Lipides : 35-40 % de l’énergie totale.
En pratique, on les trouve dans les produits laitiers, les huiles végétales, les viandes ou encore les poissons…
Protéines : 10-15 % de l’apport énergétique total.
En pratique, on les trouve dans les œufs, les viandes, les légumineuses, le soja, les poissons…
Et les fibres ?
Chez l’adulte, l’Anses fixe l’apport satisfaisant à 30 g de fibres alimentaires par jour. Elles sont très présentes dans les fruits secs et les légumineuses (comme le soja, les lentilles ou les haricots secs…), ainsi que dans les produits céréaliers complets (riz, pain, pâtes…). Les fruits sont également souvent riches en fibres.
Par Léa Surugue