Léa 16 ans, va partir 2 semaines en colonie de vacances cet été. Ses parents aimeraient lui parler de sexualité et l’avertir des risques, sans trop savoir comment s’y prendre. Cécile Viénot, psychologue spécialiste de la grossesse, de l’enfant et de l’adolescent, donne les clés pour trouver les bons mots.
À 14 ans, est-ce trop tôt pour parler de sexualité ?
Non, selon Cécile Viénot, psychologue, « il ne faut pas attendre que son enfant ait l’âge auquel on estime possible qu’il ait une sexualité pour en parler, car il risque d’être trop tard. Mieux vaut aborder ce sujet tôt, dès l’entrée au collège. Cela permet de faire en sorte que ce ne soit pas tabou. À cette période, la puberté commence, les changements que connaît le corps peuvent permettre d’ouvrir la discussion sur la sexualité. » Il faut bien sûr adapter son discours à l’âge de son enfant : à 14 ans, on ne leur dit pas les mêmes choses qu’à 18.
Et si mon ado ne veut pas en parler ?
Rares sont les adolescents qui s’expriment volontiers et facilement sur la sexualité. « C’est bien souvent aux parents de prendre les devants. Cela fait partie de leur rôle de protecteurs de mettre en garde leurs enfants des risques de maladies ou de grossesses », rappelle Cécile Viénot. « Les jeunes s’informent auprès de leurs copains, d’Internet, de l’école… La voix des parents ajoute une autre source d’information. Et c’est l’occasion de rectifier des idées fausses entendues ou lues ici ou là, telles qu’“on ne peut pas tomber enceinte dès le premier rapport” ou encore que “le préservatif peut se coincer à l’intérieur du vagin” ».
J’ai glissé des préservatifs dans le sac de voyage de ma fille. Est-ce une bonne idée ?
Laisser des préservatifs à disposition est un premier pas, mais ça ne suffit pas pour la thérapeute : « En faisant cela, beaucoup de notions sur la sexualité elle-même et sur la prévention ne sont pas abordées. Rien ne vaut d’en parler ouvertement ».
Quelle est la bonne attitude à adopter ?
« Il faut être le plus honnête et le plus simple possible. Il n’est pas nécessaire de rentrer dans les détails du fonctionnement du corps, car c’est une notion connue des jeunes. Il faut plutôt orienter le discours sur l’intimité, le respect de son corps et de celui de l’autre, du fait qu’il faut prendre son temps. Et aussi rappeler que la sexualité, ça comprend aussi les flirts, les caresses… », indique Cécile Viénot. Il est également important de rappeler les règles pour éviter les grossesses et maladies sexuellement transmissibles (MST) (voir Les messages-clés de prévention).
Garçon ou fille. Faut-il adapter son discours ?
Les questions des adolescentes et adolescents sont différentes, car le rapport au corps n’est pas le même. « Les préoccupations des garçons concernent principalement la performance et la virilité, indique la psychologue, les jeunes filles s’interrogent, quant à elle, sur le rapport à l’intime et le moment où l’on se sent prêt à franchir le pas. C’est pourquoi il est souvent plus facile pour une mère de parler à sa fille et pour un père de parler à son fils ». Néanmoins, certaines informations sont à connaître par tous : l’importance d’utiliser un préservatif, de respecter son corps et celui de l’autre, etc.
Ce sujet m’embarrasse. Vers qui orienter mon ado pour lui parler de sexualité ?
Ce sujet n’est pas toujours évident à aborder pour les parents. Parfois, les frère ou sœurs aînés peuvent prendre le relais. « L’important est de ne pas fermer les yeux et d’espérer que son enfant aura reçu les bonnes informations », précise Cécile Viénot. Dans les cas où il est gênant de parler de sexualité, il est possible de demander au médecin d’en parler avec votre enfant, de consulter un planning familial ou encore son pharmacien.
Cécile Pinault
Donnez-leur les bonnes adresses
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