Depuis des millénaires, les Hommes ont recours au tatouage, que les motivations soient symboliques ou tout simplement esthétiques. Aujourd’hui, il séduit de plus en plus de monde. Plus de 10 % des Français ont déjà franchi le cap (source : IFOP 2010).
Le tatouage : comment ça marche ?
Le tatouage se fait à l’aide d’une aiguille stérile et à usage unique, insérée sur un dermographe et trempée dans un réservoir d’encre. Le dermographe est réglé de façon à ce que l’aiguille atteigne le derme, couche intermédiaire de la peau. Le tatoueur adapte ensuite son geste au dessin et à la technique. La douleur dépend en général de la localisation, certaines zones étant beaucoup plus sensibles que d’autres. Il convient ensuite de bien respecter les consignes données par votre tatoueur afin de favoriser une bonne cicatrisation et de limiter le risque d’infection. En effet, votre peau vient d’être « agressée » et est plus fragile…
Tatouage dans le bas du dos : péridurale contre-indiquée ?
Réaliser une péridurale en cas de tatouage dans le bas du dos : un acte risqué avant l’accouchement ? Les avis divergent. Si aucun risque n’a jamais été démontré, les anesthésistes préfèrent généralement appliquer le principe de précaution et ne pas réaliser de péridurale chez les femmes qui ont un tatouage au niveau de la zone où ils sont censés piquer, par crainte d’un risque infectieux. Dans tous les cas, discutez-en avec votre anesthésiste, car la zone tatouée peut parfois être contournée.
Tatoué et donneur de sang : incompatible ?
Rassurez-vous, même les tatoués ont tout à fait le droit de donner leur sang. Il suffit de respecter un délai de 4 mois après s’être fait tatouer (idem pour les piercings). En effet, si les conditions d’hygiène n’ont pas été scrupuleusement respectées par le tatoueur, il existe un risque d’exposition à du sang contaminé (hépatites, VIH). 4 mois, c’est le temps nécessaire pour que les virus soient détectables dans le sang.
Tatouer : une pratique encadrée
La pratique du tatouage est soumise à une réglementation stricte. Toute personne réalisant des tatouages par effraction cutanée se doit de suivre une formation d’hygiène par un organisme habilité, de minimum 21 h. De plus, toute activité de tatouage doit être déclarée à l’agence régionale de santé. Quant aux encres, elles doivent également être conformes à la réglementation en vigueur.
4 questions au Dr Isabelle Rousseaux (dermatologue, centre de dermatologie et médecine esthétique Lille Côté Sud)
Existe-t-il des contre-indications au tatouage ?
Les tatouages sont surtout contre-indiqués en cas de problèmes de peau préexistants, comme les infections cutanées. Les personnes ayant une maladie dermatologique chronique, le psoriasis ou le vitiligo par exemple, doivent également éviter de se faire tatouer. En effet, tatouer à côté de la lésion ne permet pas de prévenir une éventuelle poussée, car ce sont des maladies de la peau dans sa globalité, même lorsqu’elle apparaît saine.
Par ailleurs, les personnes ayant des grains de beauté “à risque” ou de nombreuses taches de rousseur ont grand intérêt à consulter un dermatologue avant de se faire tatouer, car il sera plus difficile, une fois la peau tatouée, de dépister une évolution si les grains de beauté ne sont plus visibles.
Quels sont les potentiels risques du tatouage ?
Les allergies sont les complications les plus fréquentes après un tatouage : des démangeaisons ou un oedème peuvent survenir au niveau de la zone tatouée. L’application de corticoïdes locaux permet en général de traiter ces symptômes, mais dans certains cas, le retrait du tatouage peut être indispensable.
Il existe aussi un risque d’infection bactérienne ou virale (notamment risque d’hépatites), mais qui surviennent seulement en cas de non-respect des règles d’hygiène, d’où l’importance de bien choisir son tatoueur et de vérifier que les mesures d’hygiène sont respectées.
Quelles sont les techniques de détatouage ?
Il y a quelques années, les techniques utilisées – dermabrasion ou laser CO2 – étaient agressives et laissaient des marques.
Aujourd’hui, les dermatologues* utilisent le laser déclenché Q-Switched, dont l’onde de choc va faire exploser l’encre du tatouage. Les poussières d’encre vont ensuite être éliminées naturellement par la peau, sans laisser de cicatrices. La technique se perfectionne et permet d’enlever plus de pigments en moins de séances. Le nombre, la durée et le prix des séances varient en fonction de la surface du tatouage, mais le détatouage est globalement assez coûteux. De plus, les tatouages de couleur sont beaucoup plus difficiles à enlever.
De manière générale, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se faire tatouer ?
Je conseille de bien choisir son tatoueur et de faire examiner sa peau par un dermatologue avant, surtout si le tatouage envisagé est important. Il faut également bien réfléchir aux couleurs, car il faut penser aux possibilités d’exérèse du tatouage si un jour on n’en veut plus.
*À noter que seuls les médecins sont habilités à pratiquer un détatouage.
Tatouage et adolescence : le regard de David Le Breton*, sociologue
« La peau est le recours le plus immédiat pour changer son rapport au monde. Les marques corporelles des adolescents viennent colmater leur manque à être et leur donner un sentiment de sécurité et de consistance qui leur faisait défaut. Travailler sur les significations du tatouage éclaire le cheminement de certains adolescents, qui éprouvent avec leur tatouage le sentiment d’avoir fait peau neuve. Chacun, à son image, raconte ainsi une histoire avec ses images cutanées. La marque est parfois un bouclier symbolique contre les menaces de la vie courante. Le tatouage a souvent pour l’adolescent un rôle de différenciation des parents et d’assimilation aux pairs. Il permet une affirmation de soi. Si pour les aînés le motif du tatouage est un geste personnel, souvent longuement médité, à l’adolescence, il est nettement plus impulsif et procure un sentiment intense d’exister en favorisant une reconnaissance par le groupe de pairs. »
*David Le Breton est professeur de sociologie à l’université de Strasbourg et auteur de Une brève histoire de l’adolescence (éditions Jean-Claude Béhar).
- Le métier d’artiste tatoueur n’est pas reconnu. Le syndicat national des tatoueurs milite pour que les tatoueurs soient enfin reconnus comme des artistes à part entière.
- Les mineures doivent avoir une autorisation écrite d’un de leur parent avant de se faire tatouer.
- En France, le nombre de tatoueurs est passé d’une vingtaine dans les années 1980 à plus de 4 000 aujourd’hui.