Énigme pour la plupart des Français, la vitamine D est pourtant essentielle à de nombreux mécanismes cellulaires. Où la trouver ? Comment savoir si vous êtes carencés ?
Si la quasi-totalité des Français (97 %) déclare avoir déjà entendu parler de la vitamine D, les deux tiers affirment ne pas connaître ses bénéfices. En effet, d’après une étude Ifop Santé pour le laboratoire Mylan, seule la moitié des répondants associe spontanément la vitamine D à l’assimilation du calcium et à une action sur les os. Malgré ce manque de connaissance, 8 répondants sur 10 ont conscience que la vitamine D est essentielle pour notre santé. Lancée entre le 18 et le 23 juillet 2018, cette étude sur la connaissance et la perception qu’ont les Français de la vitamine D avait pour objectif d’identifier les idées reçues concernant ce sujet. L’étude, qui a reposé sur 1 000 répondants, se penchait notamment sur le degré de connaissance des répondants sur le rôle de la vitamine D dans notre organisme, les conséquences et les facteurs pouvant engendrer un déficit, les sources de vitamine D et enfin les usages et la connaissance des Français en matière de médicaments ou compléments alimentaires apportant de la vitamine D.
Idée reçue n°1 : seul un français sur cinq manque de vitamine D
Seuls 21 % des répondants pensent présenter un manque de vitamine D et 31 % déclarent « n’en avoir aucune idée ». Par ailleurs, près de la moitié de l’échantillon interrogé déclare ne pas savoir comment éviter un manque en vitamine D. La réalité est tout autre : la vitamine D est indispensable au bon fonctionnement de notre corps et notamment à la croissance et à la santé de nos os. « Cette vitamine sert à faire en sorte que le calcium soit bien assimilé et que la structure osseuse se calcifie », précise le Pr Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille. Cependant, et contrairement à la perception de l’échantillon interrogé, c’est près d’un Français adulte sur deux qui est concerné par un déficit modéré à sévère en vitamine D. Celui-ci est une problématique de santé publique importante car il peut engendrer des répercussions non négligeables sur notre santé. Il est en effet démontré que le déficit en vitamine D peut favoriser la fragilité osseuse et la baisse des performances musculaires, et un nombre croissant de données semble associer un déficit en vitamine D avec un risque plus important de survenue de cancers, d’événements et de mortalité cardiovasculaires, et d’infections respiratoires. Il est important ici de distinguer insuffisance et déficit, deux termes employés pour qualifier un manque en vitamine D. Dans les faits, pour connaître son statut vitaminique, il est nécessaire de faire un dosage sanguin. Lorsque le taux sanguin de 25-hydroxyvitamine D dosé est inférieur à 30 ng/ml, la personne est dite en insuffisance selon la société Américaine d’Endocrinologie, et lorsque ce taux est inférieur à 20 ng/ml, il s’agit alors d’un déficit modéré à sévère en vitamine D. « Attention, il n’est pas utile de demander à tout le monde un dosage ! », alerte le spécialiste. La Haute autorité de santé (HAS) a d’ailleurs restreint les conditions de remboursement du dosage.
Idée reçue n°2 : le déficit en vitamine D ne concerne que les personnes âgées
Parmi les facteurs de risque de déficit en vitamine D, 50 % des répondants pensent que le déficit en vitamine D vient avec l’âge. Ils sont plus d’un tiers à penser que l’alcool et le tabagisme favorisent le manque en vitamine D. Par ailleurs, seulement 27 % citent le port de vêtements couvrants et 10 % le fait d’avoir une pigmentation plus foncée. C’est en partie vrai, car si les personnes âgées, chez qui la synthèse de vitamine D est diminuée, constituent bien une population à risque de déficit en vitamine D, d’autres populations sont également vulnérables. Il s’agit des personnes ne s’exposant pas du tout au soleil, celles ayant une peau pigmentée – la pigmentation agissant comme un filtre pour les UVB – ou encore les personnes obèses. Par ailleurs, certaines populations ont des besoins en vitamine D plus importants : c’est le cas des nourrissons et des enfants pour leur développement osseux, ainsi que des femmes ménopausées qui peuvent avoir à pallier une perte osseuse naturelle importante et des femmes enceintes qui doivent couvrir les besoins du bébé à naître. C’est pourquoi une supplémentation est généralement prescrite aux personnes de plus de 65 ans, aux femmes enceintes au début du 7e mois de grossesse, aux nourrissons jusqu’à 18 mois, aux enfants de 18 mois à 5 ans en hiver et aux adolescents de 10 à 18 ans en hiver.
Idée reçue n°3 : en dehors du soleil, l’alimentation est la source qui apporte le plus de vitamine D
En dehors de l’exposition au soleil, 61 % des Français pensent que l’alimentation est la principale source de vitamine D. Ils sont même près de 50 % à affirmer qu’une alimentation équilibrée seule permet d’avoir suffisamment de vitamine D. Pour 42 % des répondants, ce sont certains poissons gras qui procurent de la vitamine D. Ils sont aussi respectivement 34 %, 30 % et 31 % à affirmer que certaines huiles, les produits laitiers et les fruits en contiennent. Or, si l’exposition modérée au soleil, à raison de 15 à 30 minutes d’exposition directe du visage et des bras par jour entre avril et octobre, permet de couvrir 50 à 70 % de nos besoins en vitamine D, notre alimentation permet d’en couvrir seulement 15 à 20 %. « À nos latitudes, la saison dite froide est un facteur de risque important, comme les vêtements couvrants qui bloquent les UVB, le surpoids, et les personnes à la peau foncée » explique le Dr Jean-Claude Souberbielle, pharmacien biologiste à l’hôpital Necker-Enfants malades. Les principaux aliments contributeurs à notre apport en vitamine D sont les poissons gras marins, certains champignons et les œufs. Par ailleurs, même si ces aliments contiennent de la vitamine D, il s’agit de quantités trop faibles pour couvrir nos besoins quotidiens. En effet, il faudrait consommer 20 sardines à l’huile ou 22 œufs ou 5 plaquettes de 250 g de beurre pour y trouver les apports quotidiens nécessaires en vitamine D. Concernant les huiles, seule l’huile de foie de morue a une teneur élevée en vitamine D. Enfin, il est à noter que les fruits et les produits laitiers non enrichis ne contiennent pas de vitamine D.
Idée reçue n°4 : l’exposition au soleil en hiver permet de se procurer suffisamment de vitamine D
C’est ce qu’affirment 56 % des répondants. Pourtant, en période hivernale, les rayons UVB qui permettent à notre peau de produire de la vitamine D n’atteignent pas la France. L’apport de vitamine D par l’exposition solaire en période hivernale a donc des limites. En France métropolitaine, les conditions d’ensoleillement nécessaires à la production par notre corps de vitamine D ne se rencontrent donc qu’entre les mois de juin et d’octobre. C’est pourquoi, une supplémentation peut parfois être préconisée chez certaines personnes pendant les mois d’hiver.
Les nourrissons, les femmes enceintes, certaines femmes ménopausées et les personnes âgées sont des populations qui ont des besoins en vitamine D plus importants. En cas de doute, votre médecin ou votre pharmacien pourront répondre à vos questions. N’hésitez pas à les solliciter !
Par Jeanne Taban