Dans ce nouveau numéro de Vocation Santé, ce n’est ni le virus de la grippe ni celui de la gastro-entérite qui sévissent chez la famille Duval, mais un virus non moins contagieux responsable d’une affection chronique : l’herpès !
Qu’est-ce que l’herpès ?
L’herpès est une affection chronique causée par un virus dont l’Homme est le seul réservoir. Les virus Herpes simplex (HSV) forment une grande famille de virus pouvant causer des infections à différents endroits tels que la bouche ou les lèvres (à l’origine du bouton de fièvre), mais encore les yeux, ou les voies génitales…
23h. La journée de travail de Thierry s’achève enfin. Architecte dans une agence d’architecture renommée, il vient de finir un projet pour lequel il travaillait d’arrache-pied depuis des mois. Une grosse période de stress, probablement à l’origine de l’émergence de son bouton de fièvre. Depuis quelques jours déjà, il ressentait les signes annonciateurs du ”feu sauvage”, autre nom du bouton de fièvre ! Picotements, démangeaisons, brûlures au niveau des lèvres, des symptômes qu’il connaît bien… ce n’est pas la première fois qu’il en subit les affres ! Comme à chaque fois, il espérait que les manifestations s’arrêtent là. À présent, impossible de le nier, le bouton de fièvre, caractérisé par un bouquet de petites vésicules douloureuses contenant un liquide clair, est bien installé à la commissure de ses lèvres.
Comme plus d’une personne sur deux, Thierry est porteur du virus Herpes simplex de type 1 (HSV-1), responsable de l’herpès labial. Mais contrairement à la majorité des individus porteurs de HSV-1, qui n’auront jamais de symptômes et ne sauront probablement jamais qu’ils sont infectés par le virus, Thierry endure des récidives régulières, liées à la réactivation du virus. Et même si la fréquence des poussées d’herpès a tendance à diminuer avec l’âge, à 50 ans, son bouton de fièvre pointe encore le bout de son nez au moins une fois par an. Les raisons pour lesquelles le virus est symptomatique chez certains et pas chez d’autres relèveraient de caractéristiques génétiques.
Évitez de toucher et gratter votre bouton de fièvre, pour diminuer le risque de contamination.
Thierry impute à son collègue José la réapparition de son bouton de fièvre. En effet, la semaine dernière, celui-ci en arborait également un au bord de ses lèvres. La bise étant de rigueur à l’agence, et l’herpès extrêmement contagieux (voir encadré Le saviez-vous ?), Thierry est certain que son collègue est le grand responsable de son “mal”. Une accusation injuste, puisqu’en réalité, l’herpès labial est contagieux seulement pour les personnes qui n’ont jamais été infectées par le virus. Thierry étant déjà porteur du virus, son contact avec une personne infectée n’est donc en aucun cas responsable de la réapparition de son bouton de fièvre. En revanche, un stress, la fatigue, l’exposition au soleil, une baisse de l’immunité, sont des facteurs qui peuvent contribuer à “réveiller” le virus qui, quand il n’est pas actif, sommeille tranquillement dans le ganglion sensitif du territoire de la primo-infection (première rencontre entre le virus et l’organisme) pendant ce qu’on appelle la phase de latence.
« Je ne comprends pas pourquoi après tout ce temps, je continue à avoir des poussées d’herpès. Le traitement par valaciclovir n’éradique pas les virus latents. Après traitement, vous restez donc exposé aux récidives. »
Le médecin de Thierry lui a recommandé de prendre un traitement antiviral par valaciclovir (Zelitrex®), administré sous forme de comprimés, dès la phase de prodromes – c’est-à-dire les premiers signes annonciateurs de la poussée d’herpès. Mais Thierry a été négligent et n’a pas suivi les conseils de son médecin. Maintenant que le bouton de fièvre est sorti, il n’y a plus grand-chose à faire, aucun traitement local ou par voie orale n’ayant fait la preuve de son efficacité. Thierry sait qu’il va devoir être patient : il en a pour au moins une semaine de cohabitation avec son bouton de fièvre !
La semaine suivante, toute la famille est réunie à l’occasion de l’anniversaire de Manon, sa fille cadette, qui elle aussi est régulièrement affectée par des poussées d’herpès. À 16 ans, en pleine adolescence, elle redoute l’apparition de son bouton de fièvre, qui lui donne envie de se terrer chez elle. Elle a l’impression que ses poussées d’herpès l’empêchent de vivre normalement, d’autant plus que chez elle, les récurrences surviennent environ une fois tous les 2 mois, souvent en période de menstruation.
Anne, sa maman, a bien vu que cette situation préoccupait sa fille et lui a conseillé de prendre rendez-vous avec son médecin généraliste. Au vu de la fréquence importante des récurrences et de leur impact social non négligeable, ce dernier a recommandé à Manon de prendre un traitement préventif des récurrences consistant en la prise d’un comprimé de valaciclovir (Zelitrex®) par jour, pendant une durée indéterminée.
Voyant Manon prendre un comprimé, Claire, sa grande soeur, l’interroge sur la raison de ce traitement. À l’évocation de l’herpès, Thierry effleure inconsciemment son bouton de fièvre, toujours présent. Un réflexe dont il devrait cependant se garder pour éviter la contamination aux autres, mais également à lui-même. Bien que rare, l’auto-contamination à d’autres parties du corps (yeux, nez, doigts…) existe. En particulier, la diffusion à l’oeil peut entraîner de graves complications, l’herpès étant la première cause de cécité d’origine infectieuse.
Claire, qui entame son 2e trimestre de grossesse, se rappelle vaguement que son gynécologue lui a parlé de l’herpès génital lors de son dernier rendez-vous. L’herpès génital est une catégorie particulière d’herpès. Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible (IST), le plus souvent liée au virus Herpes simplex de type 2 (HSV-2). À noter tout de même que le virus HSV-1 peut également être transmis à la sphère génitale, lors des rapports sexuels bucco-génitaux, et ainsi provoquer un herpès génital. Si le gynécologue de Claire lui a parlé de l’herpès génital, c’est qu’il existe un risque de transmission du virus à l’enfant lors de la grossesse, ou plus fréquemment, au moment de l’accouchement. L’herpès néonatal est une affection rare (environ 20 cas par an en France), mais grave, parfois mortelle. Même si les femmes qui ont contracté un herpès génital avant d’être enceintes ont un risque très faible de transmettre le virus à leurs enfants, il est important qu’elles en informent leurs prestataires de soins, afin qu’une surveillance spécifique puisse être mise en place. Il est également impératif qu’elles consultent immédiatement leur médecin devant toute lésion douloureuse ou irritation des organes génitaux durant la grossesse, d’autant plus que le risque de transmission mère/ enfant est plus élevé si la mère contracte pour la première fois le virus lors des derniers mois de grossesse. Face à l’apparition d’un herpès génital pendant la grossesse, un traitement préventif de la transmission maternofoetale peut être mis en place, si nécessaire.
En ce qui concerne Claire, elle ne souffre a priori pas d’herpès génital et n’a donc pas de soucis à se faire quant à la contamination de son enfant à naître.
Lors d’une grossesse, il est important d’informer son médecin de tout antécédent d’herpès génital.
L’arbre à thé pour contrer le bouton de fièvre
Dotée de propriétés antivirales et antibactériennes, l’huile essentielle de tea tree (ou arbre à thé) présente les qualités nécessaires pour lutter contre le bouton de fièvre. Pour un effet maximal, pensez à l’appliquer avant l’apparition du bouton de fièvre, dès les premiers signes annonciateurs de l’herpès labial. Parlez-en à votre pharmacien.
Le saviez-vous ?
La contagiosité de l’herpès débute dès les premiers signes annonciateurs et culmine pendant la poussée, la période la plus à risque étant lorsque les vésicules sont éclatées. Le liquide présent dans les vésicules contient des virus qui peuvent pénétrer dans les muqueuses buccales et infecter de nouvelles personnes. Toutefois, si le risque de contagion est plus important pendant les poussées, il existe aussi en dehors des poussées. En effet, certaines phases de réactivation du virus se produisent sans provoquer de lésions sur les lèvres. Dans ce cas, le virus se transmet par la salive.
Plus d’une personne sur deux serait porteuse du virus HSV-1.
Clémentine Vignon