Des siècles de découvertes…
Au XVIIIe siècle, suite aux épidémies de variole, la notion de vaccin voit le jour. L’idée des chercheurs est de provoquer dans l’organisme une infection bénigne, afin de protéger à vie la personne de cette maladie. Le médecin anglais, Edward Jenner, observe ainsi que les fermières, constamment en contact avec des vaches contaminées par la « vaccine » (variole bovine faiblement virulente), ne contractent pas la variole. En 1798, il parvient à protéger l’organisme humain contre la variole grâce au pus de la vaccine et donne ainsi naissance à la vaccination.
Au XIXe siècle, le scientifique français Louis Pasteur isole les premiers germes responsables de maladies : le staphylocoque et le streptocoque. En 1881, il énonce le principe de la vaccination : « des virus affaiblis ayant le caractère de ne jamais tuer, de donner une maladie bénigne qui préserve de la maladie mortelle » et met au point le vaccin contre le charbon. Puis, en 1885, il crée le premier vaccin humain à virulence atténuée contre la rage.
Aux XX et XXIe siècles, des disciples de Pasteur continuent de découvrir de nouveaux vaccins contre la tuberculose (1921), la diphtérie et le tétanos (1923 et 1927), la fièvre jaune (1937), la poliomyélite (1954) et jusqu’à récemment (2006- 2007) contre les infections à papillomavirus (responsable de cancers du col de l’utérus) ou à rotavirus (à l’origine de gastro-entérites chez l’enfant).
Les principes de l’immunologie impliqués dans la vaccination permettent également de mettre au point de nouvelles thérapies contre le cancer.
Des polémiques dissuasives
Avec l’application d’une politique vaccinale systématique, des épidémies sont éradiquées (comme la variole en 1976). Cependant, le débat entre la liberté de vaccination et la protection maximale de la population est lancé et reste toujours d’actualité. En effet, il est alimenté par différentes polémiques comme celle sur la vaccination contre l’hépatite B. Suite à une importante campagne de vaccination contre l’hépatite B lancée dans les collèges en 1994, quelques cas de sclérose en plaques ont été rapportés et incriminés au vaccin.
En 1998, la vaccination des adolescents en milieu scolaire est provisoirement suspendue le temps d’évaluer les risques liés au vaccin. Les études ne mettent finalement en évidence aucun lien entre la sclérose en plaques et le vaccin. Un non-lieu est prononcé en janvier 2016 dans l’enquête contre le vaccin de l’hépatite B. En France, 280 000 personnes seraient aujourd’hui porteuses chroniques de l’hépatite B. L’infection serait responsable d’environ 1 300 décès par an. Aujourd’hui, la vaccination est toujours recommandée chez les nourrissons et les personnes à risque.
Un autre débat portant sur la présence de sels d’aluminium dans de nombreux vaccins est régulièrement relancé. En effet, les sels d’aluminium seraient accusés de provoquer la myofasciite à macrophages, une inflammation musculaire très rare. Néanmoins, les causes de cette maladie sont mal connues et les chercheurs évoquent une prédisposition génétique. Sur la base de plusieurs études, le Haut Conseil de la santé publique a estimé en 2013 que « les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium ».
Un risque de résurgence des maladies
Si aucun risque d’effets secondaires graves liés aux vaccins n’a à ce jour été retrouvé, le risque de voir réapparaître certaines maladies par défaut de vaccination est bien réel. En effet, alors que la rougeole était presque éradiquée au début des années 2000 (moins de 50 cas déclarés/an en 2006 et 2007), une résurgence importante de la maladie a été observée à partir de 2008 avec, jusqu’à fin 2014, plus de 23 300 cas déclarés. Plus de 1 500 cas ont présenté des complications pneumologiques ou neurologiques et 10 sont décédés.
Ainsi, comme l’a rappelé au mois de janvier la ministre de la Santé, Marisol Touraine, « se vacciner, c’est un droit individuel, mais c’est aussi un devoir collectif. Se vacciner, c’est se protéger, mais c’est aussi protéger les autres et en particulier les plus fragiles. »
Karelle Goutorbe
En 2016, un cas de diphtérie rappelle à la vigilance
Le 16 mars dernier en Belgique, une petite fille de 3 ans décède à la suite d’une diphtérie, par défaut de vaccination. En effet, le vaccin contre la diphtérie n’est pas obligatoire en Belgique. Pourtant, cette maladie très contagieuse par voie aérienne et caractérisée par l’apparition d’une angine à « fausses membranes » blanchâtres peut provoquer la mort par asphyxie. En France, la vaccination est obligatoire chez les nourrissons avec des rappels chez l’enfant puis chez l’adulte, tous les dix ans.
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