« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie »
Le meilleur moyen de se rendre compte de l’importance de l’environnement terrien sur le fonctionnement notre corps, c’est encore de s’en émanciper. Comme sur Terre, la physique impose sa loi dans l’espace. Là-haut, deux principales contraintes entraveront le quotidien de l’astronaute : l’état d’impesanteur et l’exposition aux radiations ionisantes.
L’état d’impesanteur, qu’on doit au fait que l’astronaute chute en même temps que son véhicule, génère, durant les premiers temps du vol, ce que l’on appelle le mal de l’espace ou SMS (Space Motion Sickness). Comme pour le mal de mer, le SMS est la conséquence d’un problème d’équilibre. L’absence de pesanteur perturbe en effet le bon fonctionnement de l’oreille interne où les otolithes, ces petites concrétions calcaires sensibles à la gravité, ne peuvent plus renseigner le système nerveux sur la position du corps. Ajoutez à cela le défaut de stimulation des différents mécanorécepteurs du corps consécutif à la perte de contact avec le sol, et l’homme de l’espace se retrouve désorienté, incapable distinguer le haut du bas. S’ensuit alors, comme sur un bateau, une série de symptômes allant de la nausée et du vomissement à la céphalée et l’évanouissement. Des symptômes aussi bénins qu’éphémères qui disparaîtront une fois l’individu accommodé à son nouvel environnement. Mais il est des effets, plus pernicieux, auxquels l’astronaute ne pourra jamais s’adapter sinon tempérer. Deux d’entre eux, fortement liés, sont la décalcification osseuse et l’atrophie musculaire. Libérée des contraintes de la gravité, toute la charpente corporelle n’est en effet plus sollicitée et dépérit. Il en résulte une fragilisation des os, objectivée par une fuite urinaire de ses deux composantes majoritaires, le calcium et le phosphore, qui peut conduire à l’apparition de calculs rénaux, et une fonte musculaire. Pour limiter cette déliquescence, il est sommé aux astronautes d’effectuer tous les jours plusieurs heures d’exercices physiques. Dernier effet majeur de l’impesanteur sur le corps, le trouble du système cardiovasculaire. Dans l’espace, le sang qui s’accumulait dans les membres inférieurs sur Terre se redirige en effet vers le haut du corps, où siègent les récepteurs sensibles à ces variations de volume. À cette redistribution liquidienne, qu’il interprétera comme une augmentation du volume sanguin et donc de la pression sanguine, l’organisme répondra par une élimination urinaire massive et une diminution du nombre de globules rouges (anémie) mais surtout par un durcissement de la paroi des artères afin de les renforcer et de prévenir toute dissection. De tous les phénomènes suscités, ce dernier, cause d’un vieillissement anticipé des artères, est le plus préoccupant. Ainsi, durant une mission de six mois dans l’espace, le système cardiovasculaire peut vieillir de 10 à 20 ans !
Si les différents effets de l’impesanteur sur l’organisme sont déjà bien connus et documentés, il en est revanche d’autres qui nous sont toujours méconnus, voire inconnus. C’est par exemple le cas des radiations auxquels les astronautes sont soumis dans l’espace, en particulier une fois dépassée la magnétosphère, cet écran magnétique généré par notre planète qui agit comme un bouclier en déviant les particules provenant de l’espace profond, de notre étoile ou encore de la ceinture de Van Allen. À ce jour, seulement vingt-sept hommes l’ont franchi. Il s’agit des astronautes du programme Apollo (de Apollo 8 à Apollo 12 à l’exception de Apollo 9 qui resta en orbite terrestre basse). Les seuls donnés dont nous disposons proviennent de ces pionniers de l’espace. Et, selon une étude américaine parue dans Scientific Reports, ces derniers ont 4 à 5 fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire que leurs homologues restés en orbite autour de la Terre. Une conclusion que vient étayer l’expérimentation animale puisque des altérations dans les vaisseaux des cobayes favorisant l’athérosclérose ont été observées après 6 mois d’exposition à des radiations.
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« Parce qu’elle est là »
Pas besoin de partir dans l’espace pour expérimenter les effets de l’environnement sur notre corps. Une simple expédition à la montagne permet en effet de s’en rendre compte. Outre une exposition supérieure aux UV et l’abaissement de la température ambiante, compte tenu de l’altitude, c’est surtout la raréfaction en oxygène qui contraint l’homme. À proprement parler, il y a autant d’oxygène au sommet du mont Blanc (4809 m) ou de l’Everest (8848 m) qu’au niveau de la mer (21 %). En termes de densité en revanche, du fait de la chute de la pression atmosphérique, l’air montagnard est moins pourvu que l’air marin. Ainsi, une personne située au niveau de la mer utilisera 100 % de son VO2 max (volume maximal d’oxygène qu’un être humain peut consommer lors d’un exercice physique maximal), alors qu’elle n’en utilisera que 70 % au niveau du mont Blanc et seulement 20 % au niveau de l’Everest (8848 m). S’ensuit alors, au sommet de telles montagnes, d’une hyperventilation, c’est-à-dire d’une augmentation de la respiration afin d’emmagasiner plus d’oxygène, d’une tachycardie, autrement dit d’une augmentation de la fréquence cardiaque afin d’assurer une bonne oxygénation de l’ensemble du corps, ainsi que d’une augmentation du nombre de globules rouges dans le sang (polyglobulie) pour réagir à l’hypoxie. Grâce à ces adaptions, l’homme peut vivre en altitude. Toutefois, passés les 7500 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer, on entre dans la zone dite “de la mort”. Une zone si pauvre en oxygène que le corps humain ne peut y survivre plus de 24 heures. Pour rééquilibrer la pression en oxygène dans le sang, les cellules se dégazent. Après quelques heures, elles se nécrosent et les tissus meurent à petit feu. Afin de maintenir en vie les organes vitaux le plus longtemps possible, la circulation sanguine est modifiée. On assiste alors à une redistribution du sang de la périphérie vers le centre du corps, en particulier le coeur et le cerveau. Les extrémités (mains et pieds), moins irriguées, deviennent par conséquent plus sensibles aux engelures. Le système digestif lui aussi n’est plus approvisionné et commence à se nécroser. Toute boisson ou nourriture ingurgitée n’est plus assimilée. Pour subvenir aux besoins physiologiques qu’imposent les conditions extrêmes d’une telle altitude, le corps n’a d’autre option que de puiser dans ses réserves. Les graisses et les muscles sont les premiers sacrifiés. Au-dessus d’une telle altitude, lacer ses chaussures devient une épreuve. Faire un pas relève d’un effort surhumain. À cette altitude, si on s’endort, c’est à jamais.
D’après l’OMS, plus de trois millions d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de causes et d’affections liées à l’environnement. L’environnement compte ainsi parmi les facteurs le plus souvent à l’origine des décès d’enfants, dont le nombre dépasse 10 millions par an et il influe énormément sur la santé et le bien-être des mères.
On estime que, chaque année, 1,6 million d’enfants meurent de diarrhée, due principalement à la mauvaise qualité de l’eau et au manque d’assainissement.
La pollution de l’air à l’intérieur des habitations due à l’usage encore très répandu de biocombustibles tue près d’un million d’enfants chaque année, la plupart du temps à la suite d’une infection respiratoire aiguë. Les mères, qui préparent les repas ou se tiennent près du foyer après avoir accouché, sont les plus exposées au risque de maladie respiratoire chronique.
Le paludisme, favorisé par une mauvaise gestion et une mauvaise conservation de l’eau, la précarité des logements, la déforestation et l’appauvrissement de la biodiversité, fait chaque année, d’après les estimations, plus d’un million de victimes de moins de cinq ans, principalement en Afrique.
Près de 300 000 enfants meurent chaque année de traumatismes physiques accidentels, qui peuvent être liés aux dangers de l’environnement domestique ou communautaire : 60 000 enfants meurent de noyade, 40 000 dans un incendie, 16 000 d’une chute, 16 000 d’une intoxication, 50 000 dans un accident de la route et plus de 100 000 d’autres traumatismes accidentels.