Passés 2 ans, l’inscription à l’école faite, les parents commencent à penser à la fin des couches… Comment aider l’enfant à acquérir la continence ? Que faire ou éviter ? Réponse avec une pédiatre.
À quel âge ?
Pour certains, ce sera à 18 mois, pour d’autres à 3 ans… La moyenne d’âge d’acquisition de la maîtrise des sphincters est de 2,5 ans, comme l’explique la Dr Véronique Desvignes, pédiatre, membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) : « Il est inutile de mettre la pression sur l’enfant ! C’est à la fois une question de maturité motrice et psychologique. Motrice, car il faut que l’enfant soit capable de contrôler ses sphincters, et psychologique, puisqu’il faut qu’il en ait envie. Ce contrôle volontaire est relativement rare avant 24 mois. »
On commence quand ?
Tout dépend de la saison ! Eh oui, il faut être lucide : c’est beaucoup plus simple quand il fait beau et que l’on peut laisser les petites gambettes à l’air… Et puis, c’est un travail d’équipe (parents et enfant) : « Il est indispensable que les parents, la nourrice, les grands-parents soient très disponibles pour répondre aux envies brusques de l’enfant. Les beaux jours, les week-ends ou les vacances sont donc un bon moment pour se lancer », précise le Dr Desvignes.
Créer des habitudes
Il faut proposer régulièrement à l’enfant de s’asseoir sur le pot. Au lieu de « Tu veux aller sur le pot ? », préférer le « allez, maintenant on va sur le pot », car la notion d’envie est très abstraite chez le jeune enfant. Qui plus est, quand l’enfant a envie de faire pipi, c’est généralement une urgence et il faut faire vite !
Prendre le temps
Comme pour la marche ou le langage, chaque enfant a son rythme pour acquérir la propreté. Pour certains, ce sera rapide, pour d’autres, plus long, car ils auront plus de difficultés à anticiper.
En pratique !
- Au début, il faut créer des moments rituels pour aller au pot : après le repas, après la sieste, pendant que la baignoire se remplit (le bruit de l’eau qui coule peut donner envie de faire pipi), avant d’aller se coucher.
- Il n’est pas utile de retirer tout de suite les couches. Commencez par mettre à votre enfant des couches-culottes qui peuvent se baisser comme les culottes.
- Lorsque les couches restent sèches entre deux passages au pot ou lors des siestes, on peut passer aux culottes simples.
- Les premières fois sont des pipis « à la commande », cela permet de créer un automatisme, des habitudes.
- Lors des premiers essais sans couche, c’est aux parents d’y penser et de dire quand il faut aller faire pipi. Quand vous le voyez se dandiner ou que ça fait un petit moment qu’il n’a pas fait pipi, emmenez-le sur le pot ou les toilettes (avec un réducteur). Et en cas d’échecs répétés ou de refus de s’asseoir, pas de forçage. On attend une semaine ou deux ou plus… avant de réessayer.
- Réducteur ou pot ? Il faut demander à l’enfant ce qu’il préfère. Si le réducteur est choisi, prenez également un petit tabouret pour qu’il y pose les pieds, cela l’aidera.
Mais il rentre à l’école en septembre !
Là encore, pas de pression ! Les professionnels de l’école ont l’habitude et sont là pour rassurer les enfants qui peuvent être stressés par tant de nouveautés. Des temps dédiés aux pauses pipi sont prévus dans l’emploi du temps de maternelle. Et bien souvent, quand tout n’est pas acquis, en voyant les autres faire, même les réfractaires s’y mettent !
Propre le jour donc propre la nuit ? Pas si simple…
La continence de jour est un contrôle volontaire alors que la nuit, ce sont d’autres facteurs qui entrent en jeu. Certains enfants peuvent donc être très vite continents le jour, mais plus lentement la nuit… D’autres enfants peuvent facilement acquérir les deux continences. Il faut suivre le rythme de chaque enfant, sans pression. D’ailleurs, à 4 ans, la moitié des enfants fait encore pipi au lit, et 15 % à 5 ans !
Pas de pot au milieu du salon
Autre conseil de notre experte : « Il est contre-productif de mettre le pot dans le salon : certes, vous pouvez ainsi le surveiller et lui vous voit, mais cela perd de son sens, car l’enfant, au bout d’un moment, ne sait plus pourquoi il est là, assis, parfois devant la télé. Il est donc préférable de mettre le pot dans les toilettes, la salle de bains. »
Et en voyage alors ?
Un long trajet en train ou en voiture se profile, que faire ? L’enfant peut s’endormir et, s’il ne maîtrise pas totalement la continence nocturne, il risque d’y avoir des accidents…
- Faut-il remettre une couche ou non ? Il faut en parler avec l’enfant, lui expliquer que s’il le souhaite, il peut remettre une couche, mais que ça ne l’empêche pas de demander quand il veut aller faire pipi, que c’est une sécurité, et ça ne remet pas en question ses capacités.
- Attention, pas de menace ! Pour notre experte interrogée, il faut être souple : « Généralement ce sont les parents qui sont réticents à remettre une couche pour le trajet pensant, à tort, que cela marquera un retour aux couches quotidiennes. Mais non, l’enfant comprend très bien l’objectif s’il lui est expliqué. Cela lui permet de dormir et de rendre le trajet plus détendu pour lui… et ses parents ! »
En conclusion : tout le monde reste zen, tout vient à point à qui sait attendre…
À ne pas faire
- Faire du chantage ou comparer « ça ferait plaisir à papa », « ton cousin est propre, lui »
- Se fâcher ou punir en cas de raté
- Mettre le pot devant la télévision
- Être négatif « tu es un bébé si tu ne vas pas sur le pot »
- L’obliger à rester assis sur le pot
- Le laisser les fesses à l’air Il doit sentir quand il mouille sa culotte
À faire
- Ne pas mettre de pression
- Encourager Par exemple, en mettant une gommette sur un tableau à chaque passage pour montrer les progrès
- Être positif : « ce n’est pas grave », « c’est bien d’avoir essayé », « tu essaieras plus tard »
- Laisser l’enfant en petite culotte mais pas les fesses à l’air, quand le temps le permet
- Proposer régulièrement une pause pipi
À voir / à lire
Tchoupi, Petit ours brun, etc.
Pour les plus de 5 ans, il y a également des vidéos comme « Lili la vessie » qui expliquent comment fonctionne la vessie et pourquoi, parfois, ça ne fonctionne pas comme prévu.
Gaëlle Monfort, avec la collaboration du Dr Véronique Desvignes