Manger équilibré, faire du sport… les règles hygiénodiététiques sont incontournables dans la prévention et le traitement de certaines maladies. Le point avec la famille Duval.
Si pour beaucoup la période des fêtes de fin d’année est synonyme de repas souvent très, voire trop, copieux, il n’en est rien pour Thierry Duval. Atteint d’un diabète de type 2 depuis plu¬sieurs années, la surveillance et la maîtrise de son alimentation, en particulier en ce qui concerne les apports en sucre, sont un pilier de la prise en charge de sa maladie. Mais contrairement à certaines idées reçues, les recommandations nutritives faîtes aux patients diabétiques ne sont pas très éloignées de celles données à une personne non malade pour être en bonne santé. Elles sont cependant tout autant primordiales que les traitements médicamenteux de l’affection, et nécessitent donc, comme ces derniers, une grande minutie dans leur respect. Il sera ainsi plus compliqué pour papa Thierry de céder aux excès que certaines oc¬casions autorisent, et impératif de retrouver rapidement une alimentation équilibrée après les fêtes.
Au menu : moins de gras et plus de fibres
La prise en charge nutritionnelle du diabète a un double objectif : apporter à l’organisme l’ensemble des nutriments nécessaires à son bon fonctionnement (glucides, lipides et protides) tout en veillant à ne pas trop faire varier le taux de glucose dans le sang. C’est pour cela que papa Thierry préfère parler « d’équilibre alimentaire » que de « régime » au sens restrictif du terme. Car bien que certains apports, notamment ceux en glucides, nécessitent d’être contrôlés, ces derniers ne doivent pas pour autant être supprimés de l’alimentation. Il convient donc pour les patients d’apprendre à estimer les quantités de glucides fournies par les aliments afin d’apporter le nécessaire à son corps et atteindre l’équilibre glycémique.
Au rang des recommandations, il est par exemple conseillé de substituer les graisses végétales aux graisses animales pour lutter contre l’excès de cholestérol, le surpoids, et limiter les risques cardiovasculaires largement majorés par la maladie. Beurre, crèmes, fromages gras et viandes grasses sont donc remplacés par de l’huile d’olive extra-vierge, des avocats ou encore du beurre d’arachide naturel. Les fruits et les légumes, au moins cinq par jour, sont eux aussi largement recommandés pour leur richesse en fibres. Ces dernières ralentissent la vitesse d’absorption des sucres par le système digestif, ce qui facilite le contrôle de la glycémie. L’apport en glucides est, quant à lui, conseillé par la consommation de glucides complexes, issus des cé¬réales complètes ou de légumes secs, plutôt que de glucides simples retrouvés dans les sucreries. Et l’alcool ? Il est toléré en quantités très limitées, un verre par jour pour les femmes et deux pour les hommes. Attention toutefois, il augmente le risque d’hypoglycémie chez les personnes qui prennent des sulfamides hypoglycémiants ou de l’insuline.
D’autres pathologies concernées
Mais papa Thierry n’est pas le seul membre de la famille Duval concerné par une surveillance stricte de son régime alimentaire, c’est aussi le cas de mémé Paule, atteinte du syndrome de l’intestin irritable. Dans son cas, les recommandations alimentaires visent à diminuer l’hyperstimulation et l’hyperdistension des intestins, source d’inconforts. Mais dans les faits, elles sont relativement proches de celles suivies par le patriarche de la famille Duval. C’est principalement une plus grande consommation de fibres solubles (légumes cuits, pain de son d’avoine, farine d’avoine, pamplemousse, orange…) qui est préconisée dans le cadre de cette affection. Effectivement, ces dernières sont mieux tolérées par l’intestin, et les acides gras à chaînes courtes qu’elles génèrent stimulent la réabsorption de l’eau et du sodium dans le côlon, ce qui diminue les selles molles. Au contraire, les fibres insolubles retrouvées dans le blé entier, le son de blé, le chou de Bruxelles ou encore dans le brocoli sont déconseillées. Les aliments riches en matières grasses, comme certains fromages ou viandes, les aliments riches en sucre ainsi que les aliments irritants, tels que les épices ou les légumes crus, sont aussi à éviter.
Tata Aurélie, atteinte d’une polyarthrite rhumatoïde, doit également porter une attention particulière à son hygiène de vie, bien que dans le cas de cette affection, il n’existe pas encore de consensus clairement établi sur l’alimentation à adopter pour limiter l’inflammation. En effet, si certains régimes, notamment ceux enrichis en oméga-3 ont démontré des bénéfices dans certaines études, ces résultats s’avèrent inconstants en pratique. Les recommandations alimentaires faîtes à tata Aurélie visent donc plutôt à corriger et prévenir les éventuelles carences et comorbidités associées à la maladie ou à ses traitements (surcharge pondérale, ostéoporose, pathologies cardiovasculaires).
Des recommandations à toutes les étapes de la vie
Enceinte depuis l’été dernier, cousine Léa a aussi dû procéder à quelques ajustements alimentaires afin de couvrir ses besoins nutritionnels et ceux de son futur bébé. Ainsi, afin de garantir le bon déroulement de sa grossesse, elle a augmenté certains apports en vitamines et oligoéléments (voir encadré). Si l’alimentation ne parvient pas à combler les besoins ou si une carence est observée, une supplémentation médicamenteuse est parfois requise. Un avis médical est cependant obligatoire avant sa mise en place. Mais outre la teneur des repas, leur fréquence peut également être modifiée. Effective¬ment, afin de lutter efficacement contre l’apparition de fringales, courantes au cours du premier trimestre, Léa a fractionné ses prises alimentaires en prenant des repas plus légers, accompagnés de collations régulières et équilibrées. Cette meilleure répartition des apports nutritifs lui a permis de limiter sa prise de poids alors que le dernier trimestre de gestation se profile.
Les séniors ont aussi droit à leurs recommandations alimentaires, en particulier car ils sont sujets à des risques de dénutrition. Pour y pallier, papi Émile surveille très attentivement son poids une fois par mois. Effectivement, ce dernier est un indice de santé majeur et papi Émile sait qu’une variation de deux kilos en un mois ou de quatre kilos en six mois nécessitera l’avis de son médecin traitant. Pour lutter contre sa perte d’appétit, il n’a pas hésité à agrémenter ses plats de matières grasses afin d’augmenter leur valeur nutritive et à prévoir des collations dans la journée s’il juge avoir peu mangé lors du repas. Enfin, comme l’une des conséquences de la dénutrition est la perte d’appétit, il s’efforce de conserver une activité physique régulière en allant chercher son journal à pied tous les matins.
« Les recommandations alimentaires visant à diminuer l’hyperstimulation et l’hyperdistension des intestins sont relativement proches de celles suivies lorsque l’on souffre de diabète »
Bien manger et bien bouger
Essentiel dans tous les états de santé, le sport a démontré de nombreux bénéfices dans la prise en charge de certaines maladies. Ainsi, si l’aïeul de la famille Duval a conservé une activité physique régulière, c’est également le cas des autres membres. Par exemple, tata Aurélie est inscrite depuis plusieurs années à un cours d’aquagym. Comme sa maladie n’est pas due à une utilisation intensive des articulations, mais bien à une réaction du système immunitaire, la pratique de sport ne lui est pas interdite, bien au contraire. Les sports aquatiques présentent d’ailleurs de nombreux avantages pour les personnes atteintes de maladies rhumatismales puisqu’ils ménagent les articulations et apportent la chaleur nécessaire à la détente des muscles et des tendons. Comme papi Émile, papa Thierry opte pour la marche à pied, environ 30 minutes par jour. Cette pratique régulière limite les risques cardiovasculaires dus à son diabète et l’aide à mieux contrôler son poids. Avant d’entreprendre un exercice plus intense, comme la randonnée ou la course à pied, il prévoit une consultation chez son médecin traitant afin d’adapter au mieux sa dose d’insuline à l’effort et prévenir l’apparition d’épisode hypoglycémiques. D’ailleurs, de¬puis le 1er mars 2017, son praticien peut lui prescrire la pratique d’un sport sur ordonnance. Preuve que les règles d’hygiène de vie s’imposent de plus en plus dans le champ thérapeutique.
Les nutriments clés de la grossesse
Les folates (vitamine B9) ont un rôle important dans le développement du système nerveux de l’embryon. Ils sont retrouvés dans plusieurs aliments tels que les pois chiches, la mâche, les épinards ou encore le cresson.
Essentiel pour la bonne croissance osseuse, les besoins en calcium sont accrus pendant la grossesse pour atteindre 1000 mg par jour, ce qui équivaut à trois ou quatre produits laitiers.
La vitamine D aide le corps à mieux absorber le calcium et intervient donc elle aussi dans la construction du squelette du bébé. Elle est retrouvée dans les poissons gras, dans le lait entier ou enrichi en vitamine D mais est aussi naturellement synthétisée grâce à l’action du soleil sur la peau. Pensez donc à profiter du beau temps !
Les besoins en fer augmentent pendant la grossesse du fait de la croissance du placenta et du fœtus. Il est retrouvé dans la viande rouge, le poisson mais également dans certains légumes secs comme les lentilles, les haricots secs ou les pois chiches. Par ailleurs, le thé limite son absorption pendant le repas tandis que la vitamine C, contenue dans le citron par exemple, l’améliore.
L’iode est essentiel pour le bon développement du cerveau du bébé. Il est retrouvé dans les produits issus de la mer (attention à bien les faire cuire) mais également dans les produits laitiers et les œufs.
Alimentation et interactions médicamenteuses
Il est souvent répété de prêter attention aux éventuelles interactions entre médicaments, mais celles avec les aliments peuvent également augmenter la toxicité ou diminuer l’efficacité d’un traitement. À titre d’exemple :
- Le jus de pamplemousse peut respectivement provoquer des atteintes musculaires et rénales lorsqu’il est combiné à des médicaments de la classe des statines (atorvastatine, simvastatine) ou à certains immunosuppresseurs (tacrolimus, ciclosporine).
- Les aliments riches en vitamine K (choux brocolis ; épinards…) doivent être consommés avec parcimonie dans le cade d’un traitement par anticoagulant oral car ils majorent le risque de thrombose.
- Certains antibiotiques comme la ciprofloxacine et la norfloxacine diminuent l’élimination de la caféine et peuvent entraîner un surdosage à l’origine de palpitations, sueurs, tremblements…
Par Julien Dabjat